Il fallait s’y attendre : la flambée des matières premières en 2021, liée à la forte reprise économique, associée à des goulets d’étranglements commence à gagner les produits manufacturés et alimentaires. Comment d’ailleurs aurait-il pu en être autrement ? L’énergie (pétrole, gaz, électricité) par exemple est partout, pour faire tourner les usines, pour transporter les produits, etc. En 2021, les consommateurs ont mangé leur pain blanc, car beaucoup de transactions s’opèrent via des contrats courant sur un ou plusieurs exercices : grâce à ces tarifs négociés à l’avance, les prix étaient restés sages, mais après le calme…la tempête. Cette année, les négociations annuelles entre producteurs agricoles, industriels de l’agro-alimentaire et distributeurs s’avèrent d’ailleurs particulièrement saignantes. D’ordinaire, chacun s’accroche à ses marges, mais la loi Equalim 2, entrée en vigueur le 1er janvier dernier a rebattu les cartes. Une loi louable, puisque –après l’échec de la loi Equalim 1- elle protège mieux les agriculteurs en interdisant aux industriels et aux distributeurs de négocier le prix des matières premières agricoles.
Des hausses demandées entre 5 et 10%
Cet effort louable pour solutionner un scandale dénoncé de longue date par le monde agricole tombe toutefois au pire moment, celui ou le panier de la ménagère flambe. Cette année, la hausse des coûts de production (aliments pour animaux et emballages ont aussi flambé) se reportera donc essentiellement sur les distributeurs et sur les industriels de l’agro-alimentaire. Ces derniers avaient donc demandé une hausse conséquente des prix de leurs produits aux distributeurs, comprise entre 5 et 10%. Des distributeurs qui freinent des quatre fers pour ne pas impacter leurs volumes de vente et préserver leurs marges ! Résultat : début février, seulement 15% des contrats avaient été signés selon l’Institut de liaison des entreprises de consommation (Ilec), représentant les fabricants des grandes marques. Une proportion nettement inférieure aux années précédentes (en général 40% début février), mais distributeurs et industriels sont condamnés à s’entendre avant le 1er mars 2022 : une obligation légale, sous peine de sanctions. Distributeurs et industriels négocient le morceau de gras, mais au final ce seront les consommateurs qui seront eux aussi mis pour partie à contribution.
La rédaction
Gilets jaunes : la peur d’un acte II
Selon Procos (Fédération pour la promotion du commerce spécialisé), l’inflation touche en priorité les ménages les plus modestes habitant les petites villes et les zones rurales. Les dépenses contraintes sont passées de 12,5 % en 1960 à 30 % aujourd’hui. Le logement représente en moyenne 25 % des dépenses mais davantage chez les ménagers modestes, tandis que le poids de l’alimentation et de l’habillement sont passés de 32 % à 15 % sur la même période. C’est surtout l’énergie qui a des impacts importants, car dans le monde rural, l’usage de la voiture s’avère totalement indispensable au quotidien. D’autant plus que si « Les transports collectifs restent l’avenir, le sursaut de la voiture est manifeste : après plusieurs années de recul, la voiture semble répondre aux risques (sanitaires) et aux aspirations (liberté) suscitées par la pandémie ». Procos s’inquiète d’une éventuelle nouvelle marée jaune : « Les prix du carburant au quotidien ont largement dépassé ceux qui avaient déclenché le mouvement des Gilets jaunes. Il est évidemment fondamental que cette spirale ne reprenne pas aujourd’hui à la fois pour les ménages concernés et, par ailleurs pour sa traduction en termes de manifestations dans les rues commerçantes et de leurs conséquences ».