L’invitée de la semaine : Marie-Guite Dufay

Difficile pour la présidente de Région Marie-Guite Dufay de maintenir une feuille de route dans une période politique agitée. Entre tensions dans la rue et situation économique liée aux problèmes internationaux, la Bourgogne Franche-Comté réfléchit à plus long terme pour anticiper la déprise démographique annoncée et faire du territoire un pionnier sur différents secteurs d’activité.  

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Dans une période politique bousculée par la réforme des retraites et ses conséquences, vous êtes néanmoins restée discrète sur le sujet. Ne craignez-vous pas que la situation actuelle creuse un peu plus le fossé entre la population et le monde politique ?
Ce monde politique est déjà honni depuis longtemps, le fossé ne fait que s’agrandir mais ce n’est pas uniquement dû à l’actualité. La cristallisation de l’opinion est vis-à-vis du Président…

Il peut y avoir des effets collatéraux auprès des élus locaux, que ce soit vous, les députés ou les maires. Des gens qui essaient de renouer le lien avec la population au quotidien…
(Ndlr : Marie-Guite Dufay a appelé le gouvernement à lancer des négociations avec les partenaires sociaux. « Rien de pire pour notre démocratie que de passer en force »).
Cette réforme arrive dans un contexte où le marché du travail est compliqué, en particulier pour les personnes âgées. Avant de vouloir une réforme des retraites, il fallait peut-être traiter le problème de l’emploi senior. Comment sécurise-t-on la carrière de ces gens-là ? Ce sujet n’a pas été traité, donc à partir de ce moment, les dés sont pipés.

Comment avez-vous perçu le discours du Président, mercredi 22 mars ?
Le discours de quelqu’un qui est au terme d’un processus démocratique, il a raison de le dire. Il ne fallait pas qu’il saisisse les institutions de cette façon-là, au départ. Avant d’arriver au parlement, il fallait une concertation et une recherche de compromis qui n’ont pas eu lieu. Dès lors, tout le reste est vain et ça donne ce dialogue de sourds. C’est un moment difficile pour notre pays, le Président n’a pas de majorité, il est passé en force sur le système des retraites moyennant un processus démocratique, je le répète. J’espère que les manifestations, qui sont totalement légitimes, ne déboucheront pas sur des violences plus fortes qu’actuellement. Les syndicats ont su maintenir le calme et je regrette qu’en face il n’y ait pas eu de dialogue.

Vous avez présenté le budget de la Région en janvier 2023 avec beaucoup de prudence. Est-ce qu’aujourd’hui vous en savez déjà plus ?
Nous sommes toujours en négociation importante avec la SNCF pour diminuer de façon importante et structurelle le coût de la convention signée avec cet établissement. Une négociation avec l’État est aussi en cours pour obtenir des compensations liées à l’inflation. Au mois de juin, nous reprendrons les dépenses d’investissements avec un plan pluriannuel.

(Budget BFC 2023 : 1,967 milliard d’euros, en hausse de 6% – investissement -1,7%)(Hausse de 5% des tarifs TER annoncée)

 

L’hydrogène est une des solutions sur notre territoire à long terme mais nous n’en sommes qu’aux prémices…

Le Nord Franche-Comté fait partie des secteurs pionniers en la matière. L’avance que nous avions en termes de recherches a offert une voie de développement, il en faut plusieurs à mon sens, même si concrètement pour faire fonctionner un véhicule léger à l’hydrogène, on peut encore attendre 10 ans. Aujourd’hui, l’électrique est prônée mais en attendant ce sont des personnes qui travaillaient il y a encore quelques années pour le thermique. Mon rôle est d’anticiper les solutions bien avant les acteurs plus locaux. On est déjà sur l’après 2035 et la fin des moteurs thermiques par exemple mais on doit aussi plancher sur la perte démographique annoncée dans notre région.

Un déplacement du ministre de la Santé est prévu prochainement ?
Le 14 avril mais compte tenu de l’actualité politique, je reste prudente.

Propos recueillis par Martin SAUSSARD