L’invité de la semaine : Philippe Nozière

Rencontre avec le président de 40 millions d’automobilistes : une association qui propose des mesures pour améliorer la sécurité routière basées sur moins de répression et plus de pédagogie, plus de prévention et une meilleure formation. Elle juge possible un autre modèle de sécurité routière dont l’objectif est de baisser de manière significative le nombre d’accidents sur la route à court terme. Et ce, alors que le Jura enregistre un bien triste record de mortalité sur ses routes...

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"Si la Sécurité routière ne remporte plus l’adhésion de la majorité des Français, c’est parce qu’elle est liée essentiellement à la sanction et à la rentabilité de ses radars".

Philippe Nozière, à quoi sert votre association ?
40 millions d’automobilistes est le porte-parole des automobilistes français auprès des pouvoirs publics, du secteur économique et des médias pour défendre leur mobilité. Nous représentons les automobilistes au Comité des usagers et au sein du CNSR (Conseil national de sécurité routière) et je suis régulièrement auditionné à l’Assemblée nationale et au Sénat sur toutes les problématiques que nous soulevons et défendons. L’association organise régulièrement des pétitions et des sondages pour être à l’écoute des automobilistes. Je souligne enfin que 40 millions d’automobilistes est reconnue d’intérêt général.

Quelles sont vos revendications ?
Elles sont nombreuses et même de plus en plus au fil des années.
Nous souhaitons faire baisser les prix des péages autoroutiers ou encore la suppression de certains radars piégeux dont le but semble plus financier que lié à la sécurité routière…
Dans le même registre, nous demandons le retrait de la sanction pour les petits excès de vitesse de moins de 10km/h. Nos revendications sont aussi tournées vers l’amélioration de l’état des infrastructures ou encore le retrait des dos d’âne hors norme.

Que vous inspire le prix actuel des carburants ?
Nous demandons la réduction de la part de taxe variable. La TVA passerait de 20 % à 5,5 % tout en augmentant légèrement le montant de la taxe fixe de plus 7 cts/L, pour préserver une partie des recettes fiscales de l’État. Ceci permettrait néanmoins de peser sur le prix des carburants en diminuant sensiblement le coût pour le consommateur et en stabilisant les prix à la pompe. Nous estimons l’économie finale de 13 cts/L de carburant.

Quels sont vos moyens d’actions sur ce thème ?
En ce moment, avec l’opération « Coût de pompe » sur le site Internet dédié www.coutdepompe.com, notre association appelle tous les usagers soucieux de préserver leur droit à la mobilité et qui soutiennent sa proposition de réforme fiscale à envoyer leur ticket de carburant à Emmanuel Macron. Cet acte est gratuit, puisque l’envoi d’un courrier au Président de la République ne nécessite aucun affranchissement. Cette démarche a pour but de montrer au pouvoir en place l’ampleur des difficultés rencontrées chaque jour par les Français pour utiliser leur véhicule et d’amener les dirigeants politiques à prendre des mesures plus justes pour tous.

Qu’en est-il des ZFE qui vous inquiètent particulièrement ?
Pour ces Zones à Faibles Émissions, nous demandons à l’État un moratoire. La mise en place de ce dispositif obligatoire dans toutes les agglomérations de plus de 150.000 habitants avant le 31 décembre 2024 réduirait fortement la mobilité des Français vivant dans ou aux abords des métropoles. Ce qui correspond à environ deux tiers de la population française. En moyenne, un véhicule sur deux ne pourra plus y être utilisé. Seuls les véhicules électriques, Crit’Air 1 et 2 seront autorisés à circuler. Les ZFE sont donc synonymes de zones d’exclusion pour tous ceux qui faute de pouvoir acquérir un nouveau véhicule, devront renoncer à se déplacer dans ces métropoles pour des raisons professionnelles ou pour accéder aux services qui y sont concentrés, administratifs, culturels, hospitaliers et médicaux… donc même les ruraux sont concernés !

Comment agissez-vous contre ce projet ?
40 millions d’automobilistes entend défendre le « pouvoir rouler » des Français tout en désamorçant la bombe à retardement sociale que constitue cette mise en place.  Nous entamons un tour de France à la rencontre des automobilistes qui seront touchés par les ZFE. Nous allons recueillir leurs témoignages que nous regrouperons dans un documentaire qui sera ensuite envoyé au Président de la République, à la Première Ministre ainsi qu’aux parlementaires et élus des grandes villes.