L’invité de la semaine : Christian Prudhomme

Rencontre avec l'ancien journaliste sportif et directeur du Tour de France, à la veille du lancement de la 109ème édition de la plus célèbre, la plus prestigieuse et probablement la plus difficile course cycliste au monde.

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Christian Prudhomme. © Nicolas Logerot / Département du Jura

Christian Prudhomme que dire de cette étape du 9 juillet ? Comment l’avez-vous préparée ?
Le bicentenaire de Louis Pasteur a joué un rôle fondamental dans la conception du tracé.
Nous voulions mettre à l’honneur sa ville natale, Dole, mais aussi Arbois. Le reste s’est imposé naturellement avec Champagnole, le passage par la Suisse et l’arrivée à Lausanne.
Le Tour de France, c’est la plus grande compétition du monde, il est diffusé dans 190 pays, 2000 journalistes y sont accrédités, nous avons une vraie fierté de contribuer à faire découvrir ou redécouvrir la vie et l’œuvre de Louis Pasteur, les villes et villages, le département du Jura, tous les hommes et les femmes qui ont fait l’Histoire de ce territoire.
Je sais qu’il y en a beaucoup.

La traversée du massif jurassien arrive après la Planche des Belles Filles et à la veille de l’Alpe d’Huez. Ce sera donc une « journée de transition » ?
L’arrivée à Lausanne laisse entrevoir une course à deux niveaux. Une échappée pourrait aller au bout. Et si dans cette échappée figure un certain jurassien, excellent puncheur, dont le prénom est Alexis, tout est possible…
Les favoris peuvent cependant se livrer une belle bataille sur le final, en allant chercher quelques secondes de bonification. L’heure sera aux baroudeurs.
Dans le Tour, il y a quelques jours où l’on peut le gagner, et tous les autres où l’on risque de le perdre. Cette étape-là fait partie de la seconde catégorie.

Comment gérer vous la demande croissante de spectacle « offensif » dans les ascensions, la santé des coureurs et l’équité de la course ? 
Vous savez, si l’on écoutait toutes les requêtes notamment celles des spectateurs (ce qui veut pas dire que l’on ne les écoute pas), on aurait trois fois plus de cols et de côtes sur le Tour de France. Mais comme vous l’avez évoqué, il faut un équilibre.
L’ancien entraineur de l’équipe de France de football, championne du monde en 1998, Aimé Jacquet, a construit son succès sur la gestion de l’alternance entre temps forts et temps faibles. Je crois beaucoup en cette stratégie. C’est celle que je m’efforce d’appliquer pour optimiser la beauté de la course.

Qu’est ce qu’une étape réussie pour vous ?
Se poser la question de la réussite c’est déjà se demander pourquoi l’on vient.
Le Jura est pratique car on peut y tracer facilement toutes sortes d’étapes. On peut adoucir ou durcir le rythme et l’intensité des itinéraires.
Par ailleurs, on y trouve des paysages très différents entre la plaine, les plateaux, les lacs…
L’aspect social est aussi essentiel dans les départements ruraux comme ici. La foule est présente partout. Et puis voir tous ces sourires, ces étoiles dans les yeux des enfants, tout cela conjugué à l’aspect patrimonial, historique, géographique, pédagogique, culturel, c’est aussi notre raison d’être, en plus de promouvoir la pratique de la bicyclette au quotidien.
Qu’il s’agisse de déplacements ordinaires, de loisirs ou de compétitions.