Les ides de mars

0
1212

Jules César fut assassiné par Brutus aux ides de mars, le 15 mars 44 av. J.-C.
Le 7 mars 2023, c’est l’Allemagne qui a liquidé au conseil de l’Union européenne la décision prise en juin 2022 par les eurodéputés qui avaient voté la fin des moteurs thermiques pour 2035.
Logique. Ils veulent sauvegarder leur industrie automobile. Mais accessoirement cet abandon de l’idéologie militante pour se recaler sur la réalité technique prévient une dérive écologique.
Prenons une batterie de Tesla. 8 kg de lithium ; 15 kg de manganèse, 10 kg de cobalt, 70 kg de cuivre. Pour les obtenir, il aura fallu traiter 9 tonnes de saumure pour le lithium ; 11 tonnes de minerai pour le cobalt, 8,5 tonnes pour le cuivre. Ceci pour une seule voiture. Pour 15 millions, faites le calcul !
Au Chili, l’exploitation de 180.000 hectares de saumure a fait migrer l’eau douce disponible et obligé le départ des populations. Au Gabon, les déchets rejetés dans la rivière Moulili  ont fait disparaitre toute vie aquatique.
Il faut aussi du cuivre. Quatre fois plus. Son exploitation relargue de nombreux métaux très toxiques, comme l’arsenic, le plomb ou le cadmium. Mais le désastre écologique ne s’arrête pas aux batteries. Pour compenser leur masse, les constructeurs remplacent l’acier par l’aluminium. Sa production consomme trois fois plus d’énergie, et la bauxite est traitée avec de la soude qui produit les “boues rouges”.
Les voitures thermiques engendrent aussi une pollution minière, mais moins péjorative car considérée, au minimum, comme deux fois moindre.
Heureusement le ministère de la Transition écologique, nous rassure !  « 80 % des batteries sont recyclables ». Mais le sont-elles effectivement ? une directive européenne de 2006,  impose le recyclage de 50 % de la masse de la batterie, mais pas du lithium, insuffisamment rentable.
Et quid de l’électricité ? Sa production annuelle en France est de 500 TWh dont 380 d’origine nucléaires. Avec 16 millions de véhicules, ce seront 30 à 40 TWh supplémentaires. Un réacteur nucléaire produit environ 8TWh. Encore une fois, faites le calcul !
Pour les Allemands, l’idée est de continuer le thermique, mais en utilisant des carburants synthétiques, appelés synthifuels. Ils émettent du CO2, mais ne nécessitent aucune transformation des moteurs ni du réseau de distribution. D’excellente qualité avec très peu de résidus, ces carburants ne contiennent pas de soufre, et dégagent moins de particules fines que le gazole. Deux filières existent : la filière GTL à partir du gaz et la BTL (gazéification des déchets biologiques) alternative la plus intéressante.
Oui, la filière de la voiture électrique pollue. Davantage que celle de la voiture classique. Et nous abusons du tiers monde pour délocaliser cette pollution !
Laissons le mot de la fin à Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis :
« Ne vendre que des électriques en 2035 est une utopie aux « conséquences sociales ingérables ».
Un esprit averti en vaut deux…