Jura. Le département a coché les cases du Loto du patrimoine

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Maison Pasteur Arbois
La Maison Pasteur à Arbois, côté jardin. Photo : Maison Pasteur Arbois
Emmanuel Beffy
Emmanuel Beffy. Photo : DR.
La fontaine monumentale de Sermange
La fontaine monumentale de Sermange. Elle est datée du XVIIIe siècle, avec des colonnes à décor « en glaçons », surmontée d’une croix. Le monument, classé en 1970, est attribué à l’architecte Antoine-Louis Attiret, auteur de la fontaine d’Arrans à Dole. Photo : Fondation du patrimoine.
Le lavoir de Cressia
Le lavoir de Cressia avec un projet de restauration qui concerne le renforcement de la voûte et le toit en laves prévu pour être refait à l’identique. L’Association Ô Patrimoine créée pour l’organisation d’activités et la promotion du patrimoine du village est associée à l’initiative. Photo : mairie de Cressia.
Le château Verreux Arbois
Le château Verreux a été construit à Arbois. Il s’agit d’intervenir sur la très dégradée maison du jardinier. Dans le cadre d’un important projet de mise en place d’un centre culturel dans l’enceinte du château, la maison du jardinier accueillera un musée du vin consacré à l’AOC Arbois. Photo : Vincent Richard.

Lancé sous la réprobation sinon les sarcasmes d’une grande partie du monde culturel, le Loto du patrimoine a trouvé son public sûrement séduit par les accents de sincérité de Stéphane Bern qui a su convaincre quant à l’urgence de sauver des monuments en périls, grands ou petits. Le dispositif s’appuie d’abord sur la Mission Stéphane Bern qui est en quelque sorte la cheffe d’orchestre. La Mission Stéphane Bern opère avec trois partenaires : le ministère de la Culture, la Française des jeux pour la collecte des fonds via le Loto du patrimoine et la Fondation du patrimoine qui apporte son expertise locale, notamment grâce à ses délégués bénévoles. Dans le Jura, Emmanuel Beffy est l’un de ces délégués. 

« J’ai toujours aimé le patrimoine », confie le délégué jurassien qui a mis la main à la pierre en restaurant, du côté de Baume-les-Messieurs, une bâtisse ayant notamment appartenu au sire Pierre-Abel de Sappel qui avait des liens avec Calonne, ministre de Louis XV. Architecte de formation, il arpente les routes jurassiennes. Il appuie, aide, conseille les candidats au Loto du patrimoine, et pas seulement pour ce jeu (lire encadré). « Dans une ville ou un village, un lieu-dit, il y a des valeurs sentimentales qui s’attachent à un lavoir, une église, une fontaine ou d’autres petits bâtiments qui font remonter des souvenirs, c’est pour préserver cette atmosphère que nous intervenons », précise ce Jurassien d’origine. 

Etre aussi réactif

Le Loto du Patrimoine, comme les autres actions de la Fondation du Patrimoine, est ouvert aux municipalités, aux associations comme aux propriétaires privés. Il s’intéresse à des bâtiments qui ne bénéficient souvent pas d’une protection de type monuments historiques.

Les dossiers sont assez simples à élaborer, les délégués sont bien sûr là pour conseiller. La démarche permet aussi une certaine réactivité par rapport à des situations d’urgences, de type monument très en péril. A Sellières, le cas des Forges de Baudin l’illustre. Après le désastre de l’épisode « Musée du Street art », une famille a repris le site si symbolique pour le pays, s’engageant dans un lourd projet de restauration et de promotion. Le Loto du Patrimoine est venu consolider les fondations du projet.

Les sommes attribuées aux divers projets s’intègrent dans un plan de financement qui comprend aussi des enveloppes traditionnelles venues des collectivités et des institutions culturelles, ainsi que l’appel aux dons des particuliers – sur le site de la Fondation, la présentation de chaque projet conduit vers un lien de souscription. « Une fois les dossiers réceptionnés, nous les transmettons à la Mission Bern qui fait ses choix. Sont pris en compte un équilibre entre les différents types de bâtiments, églises, lavoirs, bâtiments liés à l’industrie, etc », précise Emmanuel Beffy. 

Au niveau d’une région, la Mission Bern choisit d’abord un site emblématique à soutenir, qui fait l’objet d’un traitement particulier. Ce fut le cas pour la Maison Pasteur d’Arbois, cette position permet aussi d’accroître la notoriété du lieu. Ensuite, il y a un dossier retenu par département. Le Loto du Patrimoine déclenche aussi des projets dont l’ambition dépasse le strict aspect d’une restauration ou d’un sauvetage. « Souvent autour d’un projet, il y a une mobilisation de la population, une dynamique qui apporte des idées de valorisation, d’animation capables de lui donner une nouvelle vie ». Le Loto du patrimoine est aussi gagnant en reconstruisant des lieux en commun.

Jean-Claude Barbeaux

Encadré 1

Les dotations des lauréats jurassiens depuis 2018

-Lavoir de Cressia, 100 000 euros.

-Abbaye de Baume-les-Messieurs, 300 000 euros.

-Fort des Rousses, 300 000 euros.

-Eglise de Châtel à Gizia, 72 000 euros.

-Eglise Sézéria à Orgelet, 92 000 euros.

-Grande Saline de Salins-les-Bains, 300 000 euros.

-Fontaine de Sermange, 59 000 euros.

-Maison Pasteur à Arbois, 470 000 euros.

-Puits à sel de Montmorot, 15 000 euros.

-Forges de Baudin, 160 000 euros.

-Château Verreux à Arbois, non encore attribuée.

Encadré 2

La Fondation du patrimoine

La Fondation du patrimoine a été créée en 1996. Elle a pour objectif la protection du patrimoine rural et non protégé – lavoirs, fours, monuments, chapelles, oratoires… C’est le patrimoine du quotidien, ce qu’on appelle le patrimoine vernaculaire. La fondation intervient dans la mise en musique du Loto du patrimoine. Ce n’est pas sa seule activité. Elle soutient des projets où interviennent aussi ses délégués locaux. Emmanuel Beffy souligne par exemple le cas de La Chevance d’or à Arlay. L’imposante bâtisse, très largement héritée du début du XVIe siècle, était restée fermée pendant des décennies. De nouveaux propriétaires s’engagent à ouvrir les portes en mettant en oeuvre un imposant programme de restauration et d’aménagement. Un autre exemple avec l’église Saint-Germain de Mièges, où le nombre de donateurs souligne l’attachement à l’édifice.

La fondation s’appuie à partir de 1999 sur le mécénat populaire ou le financement participatif. La Fondation intègre la protection de la biodiversité et la valorisation des espaces naturels protégés ou reconnus. A partir de 2011, la Fondation du patrimoine inscrit l’insertion socioprofessionnelle et la formation aux métiers du patrimoine parmi ses actions prioritaires. La Fondation du patrimoine est animée par 21 délégations régionales et 100 délégations départementales. Le conseil d’administration est constitué de 24 membres dont 12 représentent les grandes entreprises françaises, membres fondatrices. Elle est présidée par Guillaume Poitrinal, chef d’entreprise, et dirigée par Alexandre Giuglaris.

-Pour en savoir plus : 

www.missionbern.fr

www.fondation-patrimoine.org

En Franche-Comté :

Fondation du patrimoine, Maison de l’Environnement, 4 chemin du Fort de Brégille, 25000 Besançon.

Téléphone : 03 81 47 95 14

Courriel : bfcbesancon@fondation-patrimoine.org