
Le fait marquant : les incendies de forêts
Août 2022. « Deux jours après mon arrivée comme préfet du Jura, il y avait les incendies de forêt », se remémore Serge Castel. Une situation tout à fait inattendue, dont il continue de parler. « J’ai démarré ma carrière à Paris avec les premiers ressentis du changement climatique », rappelle-t-il. C’est un sujet qui a émaillé ses différents postes. « Dans le Jura, personne n’était armé pour faire face à cela et ce n’est pas un reproche. Nous avons mis au point une cartographie de 58 communes où il y a du danger. Nous avons travaillé avec les communes pour qu’elles révisent leurs plans communaux de sauvegarde. L’accès aux forêts a été facilité avec le concours de l’ONF. »
Même quand les sols sont humides, il y a un risque. L’ancien préfet cite les 18 ha de Chassal-Molinges, dans ces conditions, en avril 2024. « La forêt est malade du scolyte, du changement climatique. Ce jour-là, on a eu la chance que le vent ait tourné, que les pompiers se soient adaptés et formés. L’arrivée du colonel Olivier est aussi une impulsion nouvelle. Le pélicandrome à Dole-Tavaux, ce n’est pas une coquetterie, c’est un besoin. »
La frustration : l’attractivité
« Les Jurassiens sont trop taiseux. » Pour lui, ils ne parlent pas assez de tout le bonheur qu’ils ont à vivre dans ce département, « le 1er industriel de France ». « Il faut parler d’attractivité d’une seule voix. Il y a eu beaucoup d’efforts de faits, mais je pense qu’on n’en fait pas assez. »
Pour lui, l’économie a besoin de formations, de faire venir le monde. « Dans le Jura, on vit bien, il y a de l’emploi. L’attractivité est un peu ma frustration. Mon défaut est le résultat. Dans le Jura, vous n’avez pas le moyen de vous diviser. Une fois que les élections sont passées, tout le monde doit pousser ensemble. »
Le crève-cœur : le logement
« Certains réussissent, d’autres non… On n’a pas le droit de laisser mourir les centres-villes. Il faut les reconquérir. Ça vaut pour les grandes villes et les centralités des bourgs. Dole a su faire. Il y a des ambitions à avoir sur Lons et Saint-Claude. »
Les réussites
Sur la santé, l’ancien préfet estime que le Jura est très dépendant du centre hospitalier universitaire de Besançon. « On a modernisé Dole avec la chirurgie ambulatoire. La dialyse à Saint-Claude fonctionne. On ne peut pas rêver d’avoir tout ce qu’ont les grandes métropoles. »
Serge Castel se réjouit également qu’ait été ouvert le pôle universitaire à Dole. « Il y a des choses qu’on a réussi à sortir, mais il faut la vision, la volonté… L’abattoir à Lons-le-Saunier, le saut Mortier… sont des gros projets qui vont sortir. »
Ses préoccupations
« Après le Covid, la crise ukrainienne, j’ai senti la société abimée. Il y a des comportements qui n’existaient pas il y a cinq, dix ans… Les gens sont agressifs, ils ne discutent pas. » Pour lui, il y a besoin de recréer de la cohésion. « On manque beaucoup de soutien psychologique. Il faut être attentif, notamment pour la jeunesse. »
La sécurité routière le préoccupe aussi. « Le nombre de décès l’an dernier n’est pas acceptable pour le Jura. Le problème, ce ne sont pas les infrastructures, ce sont les comportements ! »
Quant à la drogue, c’est « un fléau partout, y compris dans le Jura, y compris dans les coins les plus reculés. Derrière, ça porte quand même atteinte à la santé des gens ! ».
Son nouveau poste
Serge Castel prend un poste chez le premier ministre, un poste qui existe depuis dix ans. Il va gérer toute la vallée de la Seine jusqu’au port du Havre avec toutes ses compétences… « Le long, il y a tout un écosystème lourd. » Si ce poste n’étais pas « dans ses radars », il a fallu le convaincre. « Préfet, c’est très prenant, c’est très solitaire. Trois ans dans un territoire, c’est beaucoup. Ça va être une autre mobilisation intellectuelle. »
Son successeur
« Pour tous les gros dossiers à enjeux, on a tout fait pour que ce soit soldé. Ce métier, chacun le fait avec sa sensibilité et ses convictions. Moi, j’avais la culture du résultat… Le vrai enjeu, c’est le logement. »