La voiture électrique ou le mirage écolo

Si en 2035, nous serons obligés d'acheter des voitures électriques neuves, quel sera le prix à payer pour l'environnement et pour l'économie ? Éléments de réponse.

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La voiture électrique « verte » ressemble pour l’instant davantage à une voiture électrique « nucléaire ».

L’annonce avait fait l’effet d’une bombe : en juin dernier, l’Europe s’est illustrée en devenant le premier continent  où il n’y aura que des voitures 100% électriques neuves à la vente à partir de 2035. Exit donc tous les véhicules fonctionnant aux carburants fossiles…mais aussi les véhicules hybrides !

De quoi provoquer l’ire de certaines associations d’automobilistes, à l’instar de la ligue de défense des conducteurs qui n’y va pas par quatre chemins, dénonçant une « absurdité imposée par la force » : selon elle, « un problème est de devenir dépendant d’une seule énergie, l’électricité. C’est ../…un véritable piège ». Carlos Tavares, le patron de Stellantis, est aussi monté au créneau dans un entretien accordé à nos confrères de 20 minutes.

Selon lui, on met une fois de plus la charrue avant les bœufs : « Il aurait d’abord fallu travailler sur la production verte d’électricité, ensuite sur le réseau, et puis seulement sur les véhicules totalement électriques. Car où est l’énergie renouvelable ? Où est l’infrastructure de recharge efficace ? ». En effet, d’où vient l’énergie de ces voitures décrites comme si « vertes » ?

Selon RTE, 65% de l’électricité produite en France provient de nos centrales nucléaires (en grande difficulté)…ce qui signifie en réalité que la voiture électrique « verte » ressemble pour l’instant davantage à une voiture électrique « nucléaire ». Ce qui rend colère Carlos Tavares, c’est aussi parce que « les chinois ont 10 ans d’avance sur nous », et produisent des modèles à des tarifs plus abordables que les modèles européens.

Des SUV de 2 tonnes pour transporter 60 ou 80 kilos 

Plus de 26.000 € pour une Renault Zoé (aide de l’État déduite), plus de 35.000 € pour d’autres modèles qui n’ont rien de luxueux : qui pourra se payer ces véhicules que les constructeurs cherchent à tout prix à écouler ?

Selon la ligue de défense des conducteurs, « les constructeurs sont lourdement sanctionnés par l’Europe s’ils n’atteignent pas leurs objectifs d’émissions de CO2. Du coup, les vendeurs ont l’obligation d’inciter à l’achat de voitures électriques, sous peine de voir leurs primes sauter ». Car derrière ce changement de paradigme sur quatre roues se cache bien sûr un énorme business, qui permettra d’envoyer petit à petit à la casse des véhicules essence ou diesel…dont l’impact écologique comparatif ne semble pas si horrible.

D’après l’Ademe (Agence de la maîtrise de l’énergie), « une voiture électrique roulant en France a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique…à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable (inférieure 60 kWh, soit 450 km d’autonomie sur une berline compacte) ».

Le souci, c’est que tout le monde veut avoir la plus grosse. Les modèles Tesla a plus de 2 tonnes pour transporter un homme ou une femme de 60 ou 80 kg confinent à la plus pure hérésie pour les associations écologistes, qui évoquent des bilans carbone bien moins brillants. D’après eux, la fabrication d’une voiture électrique lambda génère environ deux fois plus de gaz à effet de serre que leurs homologues thermiques, sans parler de la pollution engendrée par les minerais et les terres rares.

Seule son utilisation génère un véritable bénéfice pour l’environnement. Une utilisation intensive, car la durée de vie d’une batterie se limite actuellement à 10 ans du point de vue des spécialistes écologistes. 

Au final, ils estiment que -pour être vertes- les voitures électriques doivent se satisfaire d’une ‘petite’ batterie, donc de déplacements locaux (en particulier urbains). Que leur chargement doit s’effectuer en mode lent et durant la nuit pour éviter les pics de consommation, que ces batteries doivent être recyclées, et que leur rechargement doit s’effectuer grâce à des énergies renouvelables. Ce qui, on le voit, fait quand même beaucoup de « si ».

La rédaction