La Ville a un projet pour garder ses 37 lits d’Ehpad

Ils n’existent plus que sur le papier depuis la fermeture de En Chaudon. Lons va faire l’acquisition d’un terrain route de Besançon, sur lequel le maire envisage de construire un Ehpad de 80 places.

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La municipalité a délégué son droit de préemption urbain à l'Etablissement public foncier du Doubs Bourgogne-Franche-Comté pour les parcelles situées 610, route de Besançon, derrière le portail blanc.

Il y a encore quelques années, le centre hospitalier de Lons accueillait une population d’une grande diversité sociale au sein de l’unité En Chaudon, riche alors de 80 lits. Une partie des places ont été transférées à Champagnole. « Un arrêté a été pris par l’Agence régionale de santé pour autoriser la Ville à conserver 37 lits », rappelle le maire, Jean-Yves Ravier. Ce document de mai 2019 étant échu, l’élu a sollicité l’ARS pour prolonger l’arrêté de quatre nouvelles années. L’idée est de conserver de manière administrative, au sein de l’Ehpad Edilys, les lits, dans l’attente d’une nouvelle construction.
« La parcelle de 4 000 m2 route de Besançon est adéquate », souligne Jean-Yves, qui n’a pas besoin de tout le tènement. « Une personne privée en achèterait une partie. La négociation est en cours, menée par l’Etablissement public foncier du Doubs Bourgogne Franche-Comté. »
« Nous allons proposer un projet cohérent qui prendra en compte les trois structures existantes, dont Colbert qui commence à poser problème au niveau du bâtiment », précise Thierry Gaffiot, adjoint aux affaires sociales.

UN CHIFFRE

5 643 Lédoniens de plus de 60 ans aujourd’hui, 5 730 en 2029

3 QUESTIONS A CATHERINE CLERC

La conseillère municipale, ancienne directrice des services sociaux au Conseil départemental, apporte des précisions sur cette thématique qu’elle connait bien.

Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs les raisons de la fermeture d’En Chaudon ?

La maison de retraite En Chaudon, construite dans les années 70, était un bâtiment qui ne répondait plus du tout aux normes de sécurité incendie. De plus, les locaux n’étaient plus adaptés, peu accessibles, manquaient de sanitaires et d’espaces, il fallait envisager une restructuration. L’hôpital n’avait pas la capacité financière ni la place pour envisager une quelconque réhabilitation, voire une nouvelle construction. Une réflexion fut menée par les autorités compétentes pendant de longs mois avant de décider la fermeture de En Chaudon. En effet, l’établissement accueillait une population d’une grande diversité sociale, permettant à des familles modestes d’y séjourner et de pouvoir vieillir dans de bonnes conditions. Le prix de journée était peu élevé, de l’ordre de 44 € / jour. Mais pour toutes les raisons que je viens de vous évoquer, il a fallu en décider la fermeture en 2019 et donc priver Lons-le-Saunier de 80 places.
C’est pourquoi une répartition des places a été faite, 37 places attribuées à Lons, 42 à Champagnole. Les places qui sont parties à Champagnole correspondaient à un équilibre entre les deux villes. Tout cela a été fait avec l’accord des élus, des places de Vannoz « descendant » ensuite sur le site lédonien. Il faut aussi reposer le contexte : dans un premier temps ces 37 places devaient être transférées dans l’enceinte de la clinique du Jura puisqu’il y avait un projet de rapprochement clinique / hôpital. Le projet n’a pas abouti, il fallait bien trouver une autre solution pour installer ces places.
Jean-Yves Ravier, le maire, et son équipe portent actuellement un projet de construction d’un nouvel Ehpad en tenant compte des 3 structures existantes qui forment le pôle gérontologique : le foyer logement Colbert qui est plus que vieillissant est à repenser ; la résidence Edilys, dont la partie la plus ancienne était elle aussi un foyer logement n’est plus adaptée, elle a bénéficié d’une extension permettant la transformation en Ehpad il y a quelques années maintenant ; et La Chatelaine, Ehpad situé sur Montmorot.

Thierry Gaffiot a rappelé en conseil municipal qu’ « il est extrêmement compliqué de monter un dossier de construction d’Ehpad ». Comment cela se décide-t-il concrètement ?

Il est en effet très compliqué de monter un dossier de construction d’un Ehpad et une commune ne peut décider seule d’un tel investissement.
Les familles sont toujours demandeuses de lieux de vie pour leurs ainés proches de leur habitation. Les personnes âgées ne souhaitent pas toutes aller en Ehpad, certaines veulent rester chez elles. Si leur état de santé ne leur permet plus d’être maintenues à domicile, c’est là que des choix s’imposent et ils peuvent être parfois douloureux.
Lons-le-Saunier est plutôt bien dotée en Ehpad. Il faut tout d’abord étudier le besoin, voir si le taux d’équipement est suffisant ou pas.
La procédure de construction d’un Ehpad passe par un appel à projet rédigé conjointement par l’Agence régionale de santé ARS et le Conseil départemental. Ce sont les institutions qui décident et financent. Dans la situation qui nous intéresse, la démarche sera moins longue bien évidemment. Il n’y aura pas d’appel à projet mais des autorisations par les tutelles financières qui devront valider ce projet, son implantation, le coût, veiller à la construction des bâtiments, à la conformité des locaux et redistribuer bien sûr les 37 places qui n’existent pour l’instant que sous forme administrative.
La ville proposera un concours d’architecte, et toutes les formalités qui en découlent (permis de construire…) mais la procédure sera simplifiée et beaucoup plus courte que s’il fallait passer par l’appel à projets.
Le terrain est trouvé, semble correspondre aux besoins et il faut espérer que ce projet soit soutenu par tous.

Vous répétez qu’ « il y a des gens en attente d’entrer en Ehpad ». Pouvez-vous être davantage précise concernant la population de Lons ?

Oui, les Ehpad de Lons ont des listes d’attente mais il y en a dans tous les Ehpad jurassiens. Une liste d’attente ne signifie pas qu’il n’y a pas assez de places car des personnes peuvent être inscrites sur plusieurs établissements.
Certaines personnes s’inscrivent aussi à titre préventif, je dirais parce que, par exemple, elles ne souhaitent pas aller ailleurs qu’à Edilys. Lorsqu’elles sont appelées, elles passent parfois leur tour, car c’est encore trop tôt.
Il y a actuellement sur la ville 376 places d’Ehpad, à cela vous ajoutez les logements sociaux construits à côté d’Edilys rue des Tanneurs. Nous ne sommes pas loin de 400 places.
En plus des Ehpad publics, ceux qui nous intéressent aujourd’hui, il y également des établissements privés lucratifs ou associatifs. Le choix est assez varié.
Mais de nombreuses personnes n’auront pas ce choix pour des raisons financières, c’est pourquoi il est important que toutes ces places soient installées dans cet Ehpad public.
Il faut voir la construction de cette nouvelle structure comme une priorité pour notre ville de Lons-le-Saunier.
Notre population est vieillissante , les personnes âgées reviennent habiter en ville pour bénéficier de tous les services (transport , hôpital…), retrouver un autre cadre de vie , du lien social alors que les plus jeunes ont tendance à privilégier la campagne.