La peur de son nombre

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Gérard Bouvier.

La nouvelle vient de tomber. Le temps de mettre sous presse et déjà nous serons huit milliards d’humains sur la planète bleue si fragile vue de l’espace.
Aujourd’hui l’homme d’Europe n’a plus peur de la famine, du diable ni de la peste. Ni que le ciel lui tombe sur la tête.

Nous avons bien d’autres peurs, beaucoup plus hi-tech, que ces peurs bleues, jaunies par le temps. On a peur de la guerre atomique, du dérèglement climatique, des pandémies. On a peur de l’inflation galopante, de la crise de l’énergie, des météorites qui s’approchent de la Terre. On a peur de quelques dirigeants politiques plus soucieux d’eux-mêmes que de la planète.

On a peur d’avoir trop d’immigrés et peur aussi de ne pas avoir assez d’immigrés. Pour sauver nos hôpitaux, notre BTP, notre hôtellerie et notre restauration…

Mais rarement l’on nous dit que l’homme a peur de son nombre. Pourtant si nous ne sommes qu’au début du réchauffement climatique, nous ne sommes qu’au début de l’explosion démographique. Il n’a fallu que onze ans pour recruter notre huitième milliard. On nous annonce 10,4 milliards dans les années 2080. Et encore ce sera sans moi !

Beaucoup s’accordent à dire que c’est trop. Mais c’est un sujet délicat.
Les pays à démographie galopante sont le Nigéria, le Burundi, l’Afghanistan.
Et le Niger et l’Ouganda et le Togo. Et le Mali et le Bénin. Des pays où la misère bien installée va s’aggraver encore du fait du changement climatique dont ces populations sont les moins responsables.
On a pillé leurs richesses. On s’est gavé sur leur dos. Aujourd’hui nos propositions pour réguler leur vie intime et leurs croyances risquent d’être inaudibles.
D’autant que ventre creux n’a pas d’oreille.