La filière hôtelière passée au crible

Si le nombre d’hôtels baisse, le taux d’occupation moyen progresse plus rapidement dans le Jura par rapport à la moyenne régionale. La profession reste dynamique et combative.

0
616
L’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) a organisé son assemblée générale fin 2022.

Le Jura compte une centaine d’hôtels. Depuis 2013, il en a perdu environ un quart. A l’occasion de l’assemblée générale de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), Jean-Pascal Chopard, directeur de Jura Tourisme, a présenté le diagnostic effectué sur la période de 2013 à 2019.
La capacité moyenne est de 17 chambres. D’après les ratios de gestion de la profession, la rentabilité d’un établissement se situe entre 35 et 45 chambres selon les localisations. Jusqu’à 30 % du parc pourrait disparaitre d’ici cinq/dix ans.
Le taux d’occupation moyen est de 54,4 % en 2019, légèrement supérieur à celui de Bourgogne-Franche-Comté (52,6 %) et supérieur à celui des zones rurales en France (46 %). La filière hôtelière représente 30 % des nuitées marchandes du département avec 508 400 nuitées répertoriées en 2019. « On note que la baisse des nuitées depuis 2013 est liée à des causes structurelles (baisse du stock de chambres) et non d’activité. » L’activité des hôtels est très saisonnière, avec une plus forte représentation de la clientèle touristique (56,2 %) qu’en moyenne nationale et régionale.
La faible capacité et la forte saisonnalité de l’activité des hôtels, ainsi que le recours aux agences en ligne pour la commercialisation, fragilise le modèle économique du secteur et obère la capacité d’auto-financement nécessaire pour qualifier ou agrandir les établissements. De plus, ces dernières années, les investissements ont porté sur des mises en conformité au détriment des éléments de qualification et de diversification de l’offre.

Les propriétaires vieillissent

La fragilité du secteur est aussi liée au vieillissement des propriétaires, mais aussi à des problèmes d’exploitation, notamment la difficulté à recruter comme pour l’ensemble du secteur hôtelier sur le plan national. « La profession reste dynamique et combative. Elle prévoit d’investir, consciente de la nécessité de qualifier et diversifier leur offre et d’augmenter leur capacité », positive Jean-Pascal Chopard.
Une cellule hôtellerie Jura a été mise en place pour accompagner les mutations de la filière, faciliter la transmission – reprise des établissements viables économiquement et valoriser l’attractivité des entreprises et des emplois.


Lutter contre le « patron boom »

François Clerc, gérant du Gai Pinson aux Rousses et secrétaire général de l’UMIH, est très investi dans la cellule hôtellerie Jura. « Le « patron boom », explique-t-il, ce sont ceux qui ont l’âge de la retraite, voire l’ont dépassé, et qui n’arrivent pas à transmettre leur hôtel, surtout dans le Haut-Jura. Les établissements mal placés, vieillissants, pas mis aux normes, ferment, mais ce qui est inquiétant, c’est la difficulté à transmettre des établissements rentables. Des hôtels se transformeront en opérations immobilières. Dans le Jura, il y a moins de cinq transactions par an. »

UNE CITATION

« L’effet ciseau que nous subissons, avec l’augmentation de l’énergie, des matières premières, du remboursement du PGE et de l’augmentation de la masse salariale, ne laissera plus de marge de manœuvre. »
Patrick Franchini, président départemental de l’UMIH.