L’invité de la semaine : Pierre Cretin

Dameur depuis six ans, le professionnel est un véritable passionné. Si la météo complique de plus en plus son action, il reste confiant. Pendant les vacances de février, les clients peuvent découvrir son métier.

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Crédit photo : Sogestar.

Depuis quand exercez-vous ce métier ?
Depuis 2016 sur le secteur dole Tuffes.

Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir dameur ?
C’est par passion. Mon père faisait déjà ce boulot. Quand j’étais petit, j’allais souvent avec lui.

Comment se forme-t-on ?
J’ai déjà été apprenti pendant trois ans dans l’entreprise. Puis je suis rentré au service damage. Nous sommes formés en doublons avec d’autres chauffeurs puis « sur le tas ». Pour être bon dameur, il faut deux-trois saisons.

Quel est le principe de notre travail ?
En début de saison, à chaque chute de neige, nous devons la compresser pour retirer l’air, afin qu’elle devienne plus dure. La neige à canon, il faut l’étaler. Cela permet d’enlever l’eau qui reste dedans, elle s’épure.
Une fois que les pistes sont ouvertes, il faut les entretenir, vérifier qu’il y a la bonne épaisseur au bon endroit et contrer la neige déplacée par les skieurs.
Notre machine a toujours une action mécanique, nos passages permettent toujours à la neige de mieux durcir.
Parfois, nous récupérons la neige des champs pour mettre sur les pistes à proximité. Celle des parkings qui est propre, cela arrive que nous la mettions sur les départs des installations.

Quelles sont les particularités de ce métier ?
Nous avons deux horaires. En début de saison, nous sommes de matin, 1 h – 9 h 30. Quand la météo se calme, sans précipitation, nous passons de soir, de 17 h 30 à 2 h – 3 h du matin.

Comment s’est passé le début de saison avec le peu de neige qui est tombée ?
Nous avons ouvert la première semaine de Noël. Nous avons fait de la neige de culture, nous avons pu étendre. Mais tout a fondu à cause de la météo. Nous avons rouvert mi-janvier, mais l’enneigement reste difficile.

Quand fermez-vous en général ?
Nous fermons souvent début avril.

Il est vivement recommandé de pratiquer le ski pour exercer ce métier. Pourquoi ?
C’est préférable pour savoir comment la neige se comporte sur les pistes, comment les gens la déplacent, dans quel sens ils skient et ça aide à connaître le domaine. Moi c’est ce que je fais, j’ai toujours skié.

Qu’est-ce qui complique parfois vos interventions ?
Surtout la météo que ce soit en bien ou en mal mais c’est souvent en mal. Le redoux ou la pluie n’est pas évident pour nous.

Le brouillard ?
Ça dépend. Surtout au premier damage, mais nous avons nos points de repère. Si nous nous perdons, ce n’est jamais de longue durée.

Comment doit être la neige pour que ce soit le plus facile pour vous ?
Le mieux, c’est 1 m de neige et moins 10° car plus elle est froide moins les skieurs l’usent, plus notre travail est facile, mais ce n’est pas souvent le cas.

Votre machine est-elle équipée d’un treuil, dispositif qui permet le déroulement et l’enroulement d’un câble qui tracte la machine sur les pistes les plus pentues ?
Oui. Le treuil, c’est une assurance, car nous ne glissons pas et ne patinons pas, mais le travail en pente est plus fastidieux. Le fléau, c’est vraiment les skieurs qui sont sur les pistes quand nous damons, nous en croisons au quotidien.

Pouvez-vous nous rappeler quelles sont les conditions pour pratiquer le ski de randonnée ?
C’est autorisé uniquement pendant les heures d’ouvertures du domaine, en dehors c’est interdit! C’est dangereux car il y a des machines qui ont des angles morts et aussi des câbles de treuil invisibles.
Il y a aussi un impact sur notre travail car quand une piste vient (ou est en train) d’être travaillée, si un skieur passe, sa trace gèle et le lendemain cela crée des « fausses traces » pour les clients qui, eux, payent. Tout notre travail de surface est détruit. Je prends souvent l’exemple du maçon vers qui on marcherait dans son béton fraîchement mis en place. La neige doit avoir le temps de se reposer après notre passage pour durcir avant l’arrivée des skieurs.

Qu’est-ce que c’est comme machine ?
C’est une dameuse Pisten Bully 600. Elles sont faites en Allemagne. Il n’y a que deux marques, allemande et italienne.

Combien cela coûte ?
Les prix ont beaucoup augmenté. Une standard coûte entre 350 000 et 400 000 euros, une avec un treuil entre 400 000 et 500 000 euros.

Ce travail étant saisonnier, que faites-vous le reste de l’année ?
Je suis à l’année dans cette entreprise. Nous faisons aussi du fauchage, de l’élagage, du drainage, de la petite maçonnerie, quelques aménagements de pistes, nous mettons en place des activités l’été. Dans le service damage, nous possédons dix machines et nous sommes une douzaine l’hiver.

Que font les contrats saisonniers le reste de l’année ?
Ils sont chauffeurs d’engins, bûcherons, agriculteurs… C’est assez varié.

Etes-vous inquiet du réchauffement climatique et du manque de neige ?
Cela nous atteint car le temps est vraiment variable, surtout les coups de redoux. En quantité de neige, cela impacte peut-être aussi mais nous gardons le moral.

Métier de l’ombre des stations, avez-vous des liens avec les clients ?
Avec les clients, pas tellement. Mais pendant les vacances de février, nous les emmenons le soir. Ils sont contents de venir. Et nous avons souvent des retours par les points de vente et c’est bien car ce sont eux qui pratiquent nos pistes.