L’invité de la semaine : Dominique Tissier

Le directeur de la Maison Familiale Rurale de Doucier se réjouit de former des jeunes qui peuvent aller jusqu’en licence professionnelle et qui s’insèrent très vite dans le monde du travail.

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Dominique Tissier est le directeur de la Maison Familiale Rurale de Doucier qui accompagne environ 80 jeunes.

Qu’est-ce qu’une Maison Familiale Rurale ?

C’est une école qui dispense des formations initiales pour les jeunes à partir de la 4e et jusqu’au bac pro. Il en existe trois dans le Jura : à Amange, Blègny (près de Salins-les-Bains) et Doucier.

Votre école est la plus récente. Pourquoi ?

La MFR de Doucier existe depuis 2010. Ce site supplémentaire a été créé car les deux autres ne pouvaient plus répondre à toutes les demandes.

Combien d’élèves avez-vous à Doucier ?

J’accueille entre 20 et 25 élèves en 4e. Je ne souhaite pas en avoir davantage car nous nous donnons les moyens humains d’atteindre des objectifs avec eux. Il y a souvent plus de demandes en 3e. Nous avons 40 élèves. Et il y a 14 CAP.

Vous ne les recrutez pas en regardant leurs notes…

Nous sommes là pour fonctionner autrement, faire réussir ces élèves d’une autre manière. Je veux entendre un projet quand je les rencontre.

Ce qui fait la singularité des MFR, c’est la pédagogie de l’alternance, dites-vous. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cette pédagogie de l’alternance a été inventée en 1937 à la création de la première MFR. Ce sont des familles qui ont imaginé ce principe. Leur souhait à cette époque était de donner du sens à la formation en établissant un lien étroit entre le vécu professionnel et la formation à l’école.

Les élèves travaillent sur du concret. Si en mathématiques, ils apprennent les pourcentages, nous les faisons travailler sur les soldes, le calcul d’un retard de paiement d’une facture…

Quelles sont vos priorités au niveau des capacités des élèves ?

A l’issue de la 3e, ils doivent savoir communiquer aussi bien à l’oral qu’à l’écrit, calculer et savoir utiliser les outils informatiques. Nous leur apprenons rapidement à faire des cv, des lettres types (demandes de stages, de job d’été, remerciements, réclamations…).

Comment fonctionne l’équipe pédagogique ?

A Doucier, il y a quatre moniteurs. Un moniteur est chargé d’enseignement et d’accompagnement. Nous sommes responsables de ce qui se passe ici et en stage.

Vos élèves rencontrent-ils des difficultés pour trouver un stage ?

Grâce au suivi de nos jeunes, nous avons conservé un réseau de professionnels à proximité de l’école. Nous n’avons jamais d’élève sans stage.

Vers quels métiers s’orientent les élèves qui sortent de votre école ?

Les métiers de bouche, du bâtiment, de l’agriculture et de l’environnement, des services, l’esthétique, la coiffure, l’artisanat…

Comment se passe l’insertion professionnelle ?

Elle est d’un très bon niveau. Nous faisons des enquêtes. 98 % des élèves s’intègrent professionnellement à la fin de leur cursus. Une étude nationale montre que le taux de chômage des anciens élèves des MFR est relativement faible.

Comment avez-vous vu évoluer les MFR ?

Elles ont connu une croissance au fil du temps. Aujourd’hui, nous n’avons pas de problèmes d’effectif. Nous ne refusons pas d’élèves car nous pouvons adapter les moyens humains. Et si un moniteur est malade, en tant que directeur, je retourne en classe.

Etes-vous d’accord que la vision de l’apprentissage a évolué ?

Nous avons eu une époque catastrophique, durant laquelle les gens pensaient que l’apprentissage était pour les nuls. Moi, je dis qu’aujourd’hui, l’apprentissage est pour les bons. Ces jeunes s’engagent très tôt dans un contrat avec des exigences. Ils peuvent aller jusqu’en licence pro et s’insérer très vite dans le monde du travail.

Je suis satisfait qu’il y ait de plus en plus d’apprentis et de plus en plus de formations en apprentissage. C’est pour moi la voie de la réussite Nos écoles sont les pépinières de futurs acteurs professionnels qui créeront des entreprises.