Il y a 130 ans dans le Jura… un crâne de saint découvert

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Semaine du 6 au 12 décembre

Le 9 décembre 1891, un article du Petit Comtois rapporte une découverte plutôt inhabituelle, puisqu’un crâne de saint fut trouvé dans le département. L’auteur anonyme de l’article explique que « le crâne enfoui, sous un monceau de cendres, de saint Akyndynos <sic>, qui fut décapité à Nicomédie, sous Dioclétien » fut découvert à Grozon. Le rédacteur ajoute ensuite que ce « qui prouve que ce crâne est bien celui de saint Akyndynos <sic>, c’est qu’il est pourvu d’une plaque en argent doré, qui fait mention de son ancien propriétaire ».

Une découverte qui fut effectivement publiée par l’historien Gustave Schlumberger (1844-1929) dans les Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1891.

À Constantinople, le crâne de saint Akindynos, « ou plutôt une portion du pariétal gauche de saint Akindynos, fut déposé à l’église des saints anargyres, Côme et Damien* », note Gustave Schlumberger, où sa présence fut constatée par un pèlerin russe qui le mentionnait parmi les reliques en 1200. La relique aurait été apportée en Occident suite à la croisade de 1204. Un « seigneur franc-comtois rapporta à l’abbaye cistercienne de Rosières, dans le Jura, plusieurs reliques constantinopolitaines, entre autres le crâne de saint Akindynos ». Mais lors de la Révolution française (1789-1799), les reliques de l’abbaye de Rosières furent malmenées, et certaines disparurent. « Les choses en étaient là depuis un siècle », constate Gustave Schlumberger. Mais en cette fin de XIXe siècle, l’abbé Guichard, curé de Pupillin, véritable archéologue, fit faire des fouilles à Grozon, commune proche de Rosières. C’est alors que fut retrouvé le crâne de saint Akindynos.

Le Petit Comtois, 9 décembre 1891, numéro 3042, p. 3.

 

*Saint Côme, patron des chirurgiens, et saint Damien, patron des pharmaciens, sont dits « anargyres », car ils soignaient sans recevoir d’argent.