Hospitalité

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Gérard Bouvier.

À Lons, dans la Rue Regard, la rue qui mène à l’Hôpital, peut-être vous êtes-vous étonné de rencontrer un panneau indiquant « Entrée Hospital à 30 mètres » ?
Cet affichage est réglementaire même si son orthographe surprend.
L’Opital date de 1170. Vite rectifié en Hospital en 1190.
Ce grand mot (avec ses grands remèdes, sauf rupture de stocks) fait partie d’une importante famille très accueillante : hôtel, hospitalité, hôtesse… Quand l’hôtesse est très avenante on peut l’appeler « hôtesse d’accueil ». Elle devient alors un pléonasme mais ne lui dites pas ! Le mot n’est guère élégant. Si elle est vraiment (mais alors vraiment) très accueillante, l’hôtesse d’accueil peut être confondue, surtout en lumière tamisée, avec une entraîneuse. Et là pourquoi ne pas lui dire…

Certains dérivés sont moins accueillants : CHU, hostilité, otage.
« Hôte » offre cette incongruité rare de désigner aussi bien l’accueillant que l’accueilli. C’est une ambiguïté de notre langue : comme quand vous voyez une personne là où, personnellement, je n’ai personne vu.

Au XVIIème siècle la médecine fait son entrée dans l’Hôpital. De simple lieu d’accueil pour les démunis il devient en 1671 « l’hôpital pour les malades ».

Depuis quand l’Hôpital se fout-il de la charité ? Des historiens se sont penchés sur cette question pertinente. Il y avait à Lyon deux institutions rivales séparées de deux cents mètres et donc à portée de quolibets et d’insinuations : l’Hôpital de l’Hôtel-Dieu sur un quai du Rhône et l’Hospice de la Charité tenu par les Sœurs et les Frères de la Charité, place Bellecour. Les Hospices Civils de Lyon ont fini par chapeauter les belligérants et ont mis fin à la cacophonie mais l’expression est restée.