Depuis la semaine passée, que la campagne des élections sénatoriales s’est brusquement accélérée, jamais je n’ai eu autant d’amis, autant de sollicitations, de gens qui soudainement s’intéressent à mes loisirs, à mes enfants, ou se soucient de ma santé (tout va bien, merci !), alors que parmi ceux-ci, certains ne répondaient même plus à mes SMS ou mes appels, depuis plusieurs mois, sinon plusieurs années…
Un constat assez amusant qui vient malheureusement illustrer, avec flagrance, toute l’hypocrisie de la démarche purement intéressée que peuvent entretenir certains individus avec « la presse », juste pour bien « se placer ».
Aussi, voudrais-je profiter de cet espace qui m’est confié chaque semaine, et que je sais suivi avec assiduité par plusieurs dizaines de milliers de lecteurs, pour réexpliquer aux différents acteurs politiques, ou à ceux qui ambitionnent de le devenir, les règles du jeu en matière de fonctionnement avec les médias.
D’abord, félicitons-nous d’avoir encore une presse libre dans notre pays. Ce qui n’est pas le cas partout, loin s’en faut. On voit d’ailleurs à quoi mène généralement le totalitarisme. Mais ça, c’est un autre sujet…
En réalité, il me semble important de réaffirmer ici que celui (ou celle) qui m’imposera ce que j’ai à penser ou à écrire n’est pas encore né(e). Ce qui n’empêche pas (à l’inverse de certains individus radicaux qui catégorisent, rejettent voire invectivent lorsque l’on pense différemment d’eux) que lorsque survient un litige, j’écoute attentivement les arguments de mon interlocuteur et que je respecte sa différence. Tout en lui rappelant, si besoin, que d’autres convictions idéologiques peuvent exister. Puis, je tâche, en me mettant à la place de « l’autre », de comprendre pourquoi. Alors, généralement, ce processus empathique nous fait grandir et nous rapproche. On apprend à se tolérer. C’est déjà ça.
Je sais bien que la « concurrence » fait rage, qu’il y a les réseaux sociaux et qu’il est essentiel, pour qui ambitionne de siéger sur un fauteuil du palais de Luxembourg, de se montrer partout, de se faire voir et valoir des électeurs, qui plus est dans la dernière ligne droite à 15 jours du scrutin…
Mais croyez-vous que l’électeur (le lecteur) soit réellement dupe à ce point ?
Croyez-vous qu’aucun n’ait remarqué que depuis bien longtemps, on ne vous voyait (ou très peu, trop peu) ni dans les lieux de vie populaires, ni au match de foot ou de rugby du dimanche après-midi, ni au concert ou au théâtre du samedi soir ? Mais bien davantage dans les restaurants chics en comité restreint…
Alors, arrêtez donc de vous mentir à vous-même, avant de reprocher à la presse de « rouler pour l’adversaire » !
« Si une personne de gauche te dit que tu es de droite, et qu’en même temps, une personne de droite pense que tu es de gauche, c’est que tu es un bon et vrai journaliste » m’enseignait mon mentor, mon chef d’information d’alors, (devenu lui-même élu…) il y maintenant plus de 25 ans.
Puisque cela semble être aujourd’hui le cas, je tiens à le remercier de ce précieux conseil, et espère ainsi à ce titre, déranger encore longtemps certains représentants de l’establishment, aigris, obtus et suffisants.
Ce qui sera toujours préférable à l’indifférence qui les effraie tant…