Tombe la neige

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Asseyez-vous confortablement et tenez vous bien.
Nous avons tous appris ou réappris en fin de semaine dernière, qu’elle vient juste de saupoudrer nos massifs mais qu’il allait probablement neiger plus abondamment, pour ne pas dire vraiment, d’ici peu, dans les zones les plus montagneuses de notre région.
Voilà un scoop planétaire !
L’information semble d’ailleurs tellement exceptionnelle qu’elle a occupé une bonne partie de l’actualité régionale, des réseaux sociaux et des discussions autour de la machine à café, des jours durant. Rien de surprenant pourtant, qui plus est, pour nos régions soumises au climat continental, de voir tomber quelques centimètres de neige en cette fin d’automne. Ce qui était déjà le cas l’année dernière. (Voir le visuel d’illustration de Météo France).
Sans aller jusqu’à fouiner les archives des tragiques épisodes de 1954, 1956 ou 1963, il suffit de se remémorer nos chères années 1985 (et le fameux -41 relevé à Mouthe…), 1987, 1990, ou plus récemment l’épisode de grand froid de février 2012, pour relativiser quelque peu cette nouvelle extraordinaire.
Non vraiment, en dépit des incantations culpabilisantes fréquemment rabâchées à propos du réchauffement climatique, il n’y a pas de quoi en faire tout un plat, de ces quelques flocons.
« J’ai passé toute ma vie active dans le Haut-Jura, si vous saviez le nombre de fois où l’on devait sortir par la fenêtre du premier étage ! Mon mari devait creuser entre les murs de neige pour aller acheter le pain. Et c’était comme ça, de novembre à mars ! » commentait mercredi matin, avec une bienveillante nostalgie, une octogénaire, dans la file d’attente d’une pharmacie.
De quoi laisser imaginer les conditions de vie d’alors, qui devaient sans doute souffrir d’un confort bien rudimentaire, très loin de notre exigence d’immédiateté actuelle…
Ainsi, le reste de la clientèle emboîtait le pas et relatait à son tour, à l’ensemble de l’assistance présente, ses souvenirs des hivers passés. Séquence sentimentale.
Les anecdotes se succédaient, les sourires aussi, l’émotion surtout.
Voyage dans le temps et dans les temps. Parenthèse, respiration, récréation inattendue, dans un ordinaire trop linéaire. Un quotidien trop lisse. Une existence trop sclérosante.
Le positif avec ces chutes de neige dans nos montagnes, réside dans cette insidieuse incitation qu’elles provoquent au regroupement : à la connexion des âmes, des personnes et des cœurs.
A ces foyers d’échanges intergénérationnels improvisés, ces transmissions du savoir. Apprendre à se souvenir des belles choses en quelque sorte…
A propos de rapprochement des individus, vous allez voir que cet été il y aura vraisemblablement du soleil, et peut-être même qu’il fera chaud ! Dans les t-shirts, dans les maillots ? De la Côte d’Azur à Saint-Malo ?
C’est un fait avéré, il fait froid en hiver, et chaud en été. Quand il neige, il faut s’habiller en conséquence, quand il fait chaud, il faut boire (de l’eau).
En définitive, il suffit juste d’un peu de bon sens continental.
Alors, si de telles évidences ne méritent probablement pas d’accaparer l’ouverture du journal télévisé pendant une semaine, elles suffisent toutefois bien amplement à alimenter ce modeste éditorial hebdomadaire…
Sur ce, bon courage aux montagnards pour déneiger.
Quant à moi, je me prépare pour aller skier…