Des roses au parfum (trop) exotique

Derrière leur romantisme et leurs douces fragrances, certaines fleurs exhalent des relents de mondialisation moins flatteurs. Pour avoir du nez, suivez les révélations de Gaëtan Jacquet, fleuriste.

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Gaëtan Jacquet préfère des compositions originales et si possible locales. Crédit Grafeo/Nicolas Manzoni.

Délicates et parfumées…les roses rouges de la Saint Valentin ont fait tourner des têtes et vibrer des cœurs. Mais qui sait que derrière leurs magnifiques corolles se cachent de gigantesques champs en Ethiopie, au Kenya, ou encore ou Bangladesh ? Vous ne rêvez pas…votre bouquet a peut-être parcouru des milliers de kilomètres avant d’atterrir sur votre table quatre ou cinq jours plus tard. Cette révélation, c’est Gaëtan Jacquet, fleuriste renommé basé à Crotenay, qui l’assume : selon lui, « ces roses vendues dans les chaînes low cost subissent même une cinquantaine de traitements phytosanitaires, cinq fois plus qu’une salade ». Il faut dire que dans ces pays -parmi les plus pauvres de la planète – aucune norme n’existe, et que laisser un de ces bouquets sur une table revient donc selon le fleuriste à « ouvrir un bidon de produits ménagers sur la table ». Des propos qui tranchent assurément avec le côté « fleur bleue » attaché aux sentiments que ces fleurs véhiculent… Il existe pourtant des alternatives aux travers de cette industrie mondialisée et Gaëtan Jacquet s’en fait volontiers le porte-parole.

« Une nouvelle rose peut coûter 10 millions d’euros »

 Selon lui -hormis en hiver- il est possible de trouver des fleurs de saison, produites dans de meilleures conditions. Ainsi en mars, misez sur les narcisses, les renoncules, les anémones, les œillets ou les giroflées. Tandis qu’en avril mai, privilégiez le traditionnel muguet, mais aussi les pivoines ou les odorantes roses de pleine terre (dites « de jardin). Et pour trouver des fleurs « made in France », optez de manière générale plutôt pour des dahlias, glaïeuls, mufliers, œillets, etc. commercialisées en dehors des chaînes « low cost ». En dépit d’une mondialisation délétère, « la recherche et le développement mondiaux s’effectuent à 90% en Europe et à 50% en France » pour créer de nouvelles variétés, plus résistantes aux maladies ou au réchauffement climatique par exemple. « Créer une nouvelle rose peut coûter 10 millions d’euros » estime le spécialiste, et pourtant sur 600 variétés de roses, environ 20% sont renouvelées chaque année. De quoi composer des bouquets à la manière des peintres. Comme le dit le jurassien, « nous exerçons un métier très gratifiant, nous sommes présents dans les moments forts de la vie, comme les mariages et les deuils, ou nous représentons le dernier message envoyé aux défunts ».

 Contact : Gaëtan Jacquet www.botabota.fr

 

Selon Gaëtan Jacquet, l’art floral à la française reste un must dans le monde entier. Crédit Grafeo/Nicolas Manzoni.

La France, numéro une des fleurs

 Si la France truste toujours les premières places mondiales en matière de gastronomie, savez-vous que la fleuristerie n’est pas en reste ? D’après Gaëtan Jacquet, « l’art floral à la française jouit d’une aura incroyable dans le monde entier », grâce à des formations ayant peu d’équivalent ailleurs. En tant que formateur de fleuristes, il parcourt d’ailleurs le monde entier (en particulier l’Asie) et vient de passer un mois à Séoul (Corée) pour partager son savoir faire.