Rainans. Les bidons de lait et la terre cuite se sont invités au Café Décintré

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Café Décintré Rainans
Trois jours d'exposition qui ont rassemblé près de 150 personnes.

À Rainans, difficile de passer à côté du Café Décintré. Niché dans une maison du village, ce lieu singulier est né en 2023 de la volonté de Florence Pouthier de faire vivre l’art autrement. Passionnée et proche de nombreux artistes, elle a imaginé ce projet à la sortie du confinement. « Pendant cette période, beaucoup d’artistes autour de moi étaient en difficulté. L’idée a mûri : pourquoi ne pas créer un espace où ils pourraient exposer, échanger, retrouver du public ? »

Le Café Décintré est donc né d’un élan personnel, “mené à bien avec mes associés“. Florence monte désormais quatre expositions par an, sur trois jours, réunissant à chaque fois deux artistes aux univers différents, mais complémentaires. « On veut accueillir les gens cintrés, ceux qui n’ont pas peur d’exprimer leurs émotions à travers leur art », sourit-elle. Le nom du lieu, entre clin d’œil et manifeste, traduit bien cette philosophie : un café pour créer du lien, un espace pour sortir des cadres.

Des bidons voyageurs et poétiques

Pour l’édition d’octobre, Céramique Land Art, Florence Pouthier a choisi de faire dialoguer deux sensibilités que tout oppose et pourtant se répondent : celle de Gérard Benoit à la Guillaume et celle d’Élisabeth Le Gros Böttcher.

Chez le premier, l’obsession est assumée et même revendiquée : « J’ai un trouble obsessionnel pour les bidons de lait », lance-t-il en riant. Depuis des années, le photographe emmène ces objets d’un autre temps dans ses voyages. Il les installe dans les champs, sur les plages, en ville, les aligne ou les isole pour mieux révéler le décalage entre ces reliques du monde rural et le décor contemporain. « Je colonise les paysages avec les bidons », dit-il, amusé.

La terre, la matière et le ciel

En contrepoint, les œuvres d’Élisabeth Le Gros Böttcher ramènent le regard vers la terre. Céramiste et peintre, elle puise son inspiration dans la nature et le minéral. « Je travaille beaucoup autour de la nature, des choses brutes », explique-t-elle. Sur ses toiles comme dans ses céramiques, elle explore les textures, les reliefs, les teintes de la terre cuite. Certaines pièces évoquent des paysages vus du ciel, d’autres jouent avec l’accumulation, la densité des formes.

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« J’aime bien changer d’univers », confie-t-elle encore. Ce goût du mouvement, du passage d’un monde à un autre, résonne avec les bidons de Benoit à la Guillaume, eux aussi en perpétuel déplacement.

Trois jours pour renouer avec l’art

Pendant trois jours, du vendredi 24 au dimanche 26 octobre, le Café Décintré a vu défiler près de 150 curieux, fidèles, d’amateurs d’arts, d’artistes, d’acheteurs, mais aussi du GEM. « On veut rendre l’art accessible à tous, au minimum », conclut Florence Pouthier.