Dole. Quand la forêt de Chaux inspire un thriller

Infirmière en chirurgie dans le Bas-Rhin, Margot Estner s’est découvert une nouvelle vocation presque par hasard. En un an et demi, cette jeune autrice de 35 ans a écrit La théorie du mal, un thriller ancré dans la mystérieuse forêt de Chaux, près de Dole.

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Margot Estner signe un thriller intense en forêt de Chaux
Margot Estner a signé son premier roman, paru le 1er octobre.

Rien ne la prédestinait à devenir autrice. Et pourtant, en un an et demi, Margot Estner a signé La théorie du mal, un thriller sombre et envoûtant qui plonge le lecteur dans la forêt de Chaux, aux frontières de Dole. Une révélation littéraire aussi inattendue que fulgurante.

« J’ai découvert en même temps que tout le monde que j’écrivais », confie-t-elle en riant. Infirmière en chirurgie, passée par la psychiatrie et le milieu carcéral, elle se met à écrire il y a à peine un an et demi, d’abord pour mettre des mots sur une période difficile. Ce qui devait être un simple exutoire devient vite une passion dévorante : six mois d’écriture, six mois de relecture, et La théorie du mal prend forme.

Un concours pour primo-romanciers, croisé par hasard sur Internet, change tout. Organisé par la maison Prisma et présidé par Franck Thilliez, il récompense les nouveaux talents du thriller. « J’ai posté mon manuscrit à la dernière minute, trois jours avant la date limite », raconte Margot. Quelques semaines plus tard, elle apprend qu’elle est finaliste… puis lauréate du grand prix. « J’ai hurlé dans le service, j’ai réveillé mes patients ! », se souvient-elle. Son roman sera publié chez Prisma, sous le label Les lauréats, et pourrait même être adapté pour la télévision par Canal+ Studio.

La forêt comme personnage

La théorie du mal suit Victoire, une jeune femme sauvagement agressée en forêt de Chaux, laissée pour morte et affreusement mutilée. À son réveil à l’hôpital, elle ne se souvient de rien : ni de son nom, ni de ce qui s’est passé. Pendant ce temps, deux enquêteurs traquent un tueur en série dans cette même forêt. Très vite, leurs pistes s’entrecroisent.

Pourquoi avoir choisi la forêt de Chaux, si loin de son Alsace natale ? « J’y étais venue en vacances avec ma fille, raconte-t-elle. L’ambiance m’a marquée : cette densité, cette brume, ce silence. C’est une forêt immense, presque un personnage à part entière. » La romancière voulait un décor réel mais peu exploité, à la fois oppressant et poétique. Le contraste avec Dole, ville de Louis Pasteur, l’a séduite : « Il a fait naître le soin, moi j’explore le mal ».

Écrire sur son téléphone, à l’instinct

Pas de plan, pas de méthode : Margot Estner écrit « comme elle vit ». Assise sur son lit, son téléphone à la main, elle invente soir après soir la suite de l’histoire. « Avant les deux tiers du roman, je ne savais même pas comment il finirait. » Ce travail instinctif, presque viscéral, donnera un texte d’une grande intensité qu’elle peaufine ensuite mot par mot.

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L’hôpital, omniprésent dans le livre, tire parti de son expérience professionnelle : « Je pense que ça apporte de la crédibilité ». Son passé en psychiatrie nourrit aussi son univers : « Je crois que le mal ne naît pas du néant. Ça ne l’excuse pas, mais ça le contextualise ».

Depuis le 1er octobre, La théorie du mal est disponible en librairie et sur toutes les plateformes. Entre deux gardes, Margot Estner continue d’écrire : un nouveau roman, sans enquête policière cette fois. Et si elle rêve un jour d’écrire à plein temps, elle garde les pieds sur terre : « Le lien social, c’est ce qui me nourrit ».