Jura. Jean-Marie Sermier nommé vice-président du Conseil National du Commerce

Il l'avait un peu délaissé un temps... L'ancien député du Jura Jean-Marie Sermier reprend le train de 5h58 en direction de Paris, mais cette fois ce n'est pas pour rejoindre le Palais Bourbon, mais pour retrouver le Conseil National du Commerce dont il vient d'être fraîchement nommé vice-président. Entretien

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Jean-Marie Sermier reprend le chemin de Paris pour siéger au Conseil National du Commerce créé en 2023.

Jean-Marie Sermier, qu’est-ce que le Conseil National du Commerce (CNC) ? 

Le Conseil National du Commerce est l’organisme qui fédère l’ensemble des commerçants de France. Cela va des grandes enseignes comme E.Leclerc, Intermarché, avec par exemple, Michel Edouard Leclerc qui siège avec nous, en passant par les fédérations de l’habillement, des fruits et légumes, tout ce que vous achetez en somme. Les différents types sont réunis avec les commerces de centre-ville qui ont une fédération, les commerçants de marchés et ceux de métropoles qui se sont associés depuis la crise des gilets jaunes.


Ce Conseil National du Commerce a été mis en place en 2023 par la ministre de l’époque, Olivia Grégoire, pour permettre une harmonisation puisqu’il existait une multitude d’organisations et tout a été regroupé dans le cadre de la loi de l’implication.

EN 2024, le Conseil National du Commerce a eu peu l’occasion de fonctionner à cause de plusieurs actualités et crises : la campagne des élections européennes, la dissolution de l’Assemblée nationale, la motion de censure et la chute du gouvernement Barnier.

Cependant depuis quelques mois les choses commencent à avancer. Le conseil est présidé par le premier ministre François Bayrou, qui, agenda chargé oblige, délègue souvent à sa place, la ministre de l’artisanat et du commerce, Véronique Louwagie, et une vice-présidence que j’assure désormais.

Comment avez-vous réagi à cette nomination ?

Pour être honnête j’étais assez éloigné de tout cela, je suis certes conseiller régional et président du Pays dolois, mais j’avais un peu lâché avec la satisfaction de voir les jeunes prendre les choses en main, à la fois à la mairie de Dole avec Jean-Baptiste Gagnoux et à l’Assemblée avec Justine Gruet.

Je n’étais pas du tout dans l’idée de revenir sur Paris et un beau jour en étant dans mes vignes, j’ai reçu un appel de Véronique Louwagie que je connais bien pour l’avoir côtoyée environ quatre fois par semaine à l’Assemblée. Elle me dit au téléphone, ton profil correspond à ce que l’on recherche, accepterais-tu de venir avec nous ? J’ai demandé un petit temps de réflexion, consulté les miens et j’ai dit oui !

Quels sont les éléments de votre profil qui ont été retenus pour cette mission ? 

Je pense que le fait d’avoir présidé pendant 3 ans à la fédération des Entreprises Publiques Locales (EPL) qui regroupe 1.400 sociétés d’économie mixte (SEM) et sociétés publiques locales (SPL) en France a joué en ma faveur, ainsi que certaines de mes actions comme parlementaire qui ont pu être remarquées. J’étais considéré à l’époque comme un député « aménageur ». Il faut avoir une vision globale et au-delà de l’action commerciale, il est important d’avoir une notion de service publique et une approche de proximité.

Quels seront les dossiers sur lesquels vous souhaitez vous atteler en priorité ? On sait que certaines grandes enseignes ferment, des magasins partout en France, cela vous inquiète-t-il ? 

Le commerce est en pleine mutation et le commerce en ligne est en train d’exploser, il représente parfois 35 % des ventes dans certaines branches et c’est quelque chose qui séduit beaucoup les jeunes générations. Et qui dit plateforme de commerce, dit pas toujours français et ça ne crée pas d’emploi dans notre pays. Tous les colis dont la valeur est inférieure à 150 euros n’ont pas de droits de douane et puis cela pose question sur le plan écologique. Je suis un environnementaliste raisonnable et pragmatique, je n’ai pas pour habitude de verser dans l’idéalisme au risque de ne pas avancer, mais il faut faire bouger les choses et quand on a des cartons de 500 g qui voyagent par avion, ce n’est pas raisonnable.

Il y a aussi la question des Data qui se pose avec des logiciels capables de connaître vos moindres habitudes de consommation et face à cela, le commerçant du coin peut se retrouver en difficulté pour prendre ce virage. On peut être pour ou contre l’intelligence artificielle mais elle avancera dans tous les cas et il faudra aider les petits commerces à en bénéficier aussi.

Je me pencherai également sur l’aménagement commercial, le modèle des grandes zones qui s’étendent à perte de vue ne fonctionne plus. Il faudra regarder du côté de la Belgique où elle a plus tendance à multiplier des petites enseignes au cœur de ville et je serai également attentif au sujet du recrutement.

La passion encore bien présente !

A l’issue de cet entretien, nous avons demandé à Jean-Marie Sermier si du côté de la politique locale de nouveaux défis ne pourraient pas s’offrir à lui, comme celui de briguer la présidence de la région Bourgogne-Franche-Comté ? « Si les Bourguignons et les Franc-Comtois souhaitent que je sois président de cette région, je dis pourquoi pas, aucune porte n’est fermée ! »

Nous voilà prévenus…