Champagnole & Région. Elus et personnels sont inquiets sur le devenir de l’EREA de Crotenay

Les élus et personnels se sont mobilisés contre un éventuel projet de fermeture de l’Etablissement régional d’enseignement adapté de Crotenay. La Région dément. Le rectorat ne répond pas.

0
3126
Elus et personnels se sont mobilisés à la veille des vacances.

 

« J’ai pris l’initiative d’organiser une conférence de presse qui s’inscrit plus dans une logique d’interrogation », introduit le sénateur, Clément Pernot. Après différentes rumeurs sur un éventuel projet de fermeture de l’EREA à Crotenay, élus et personnels se sont mobilisés pour dire leur attachement à l’établissement et obtenir des réponses.

« Le fait d’avoir reçu des personnels avec des discours alarmistes m’a décidé. A la veille du départ en vacances (NDLR jeudi 4 juillet), j’ai voulu marquer l’intérêt de cette structure sur notre territoire. » Une cinquantaine de personnes étaient mobilisées à midi sur place.

« L’inquiétude vient du fait qu’il y a des rumeurs, poursuit Stéphane Faucogney, représentant des personnels Unsa, membre du Ceser. Déjà en 2014, il y avait des velléités. Les personnels aimeraient savoir si c’est une hypothèse, si un déménagement est prévu, quand, alors qu’un nouveau CAP vient d’ouvrir. »

Le rectorat et la Région ne répondant pas, il avait prévu d’interroger la rectrice le 9 juillet (voir encadré). « En septembre-octobre, le Ceser fera une autosaisine sur les lycées et établissements de la Région afin de connaître ses objectifs et expliquer qu’il faut raisonner en termes d’offres de formations. »

Le maire, Olivier Cavallin, témoigne avoir été « saisi par nombre de personnes et d’habitants. J’ai interrogé la présidente de Région, sa réponse tarde à venir. Cela pose des questions pour les personnels, les locaux mais aussi 80 publics en difficulté à qui il faut penser en particulier ». Le maire souhaite que des solutions soient trouvées « pour éviter ce désastre de fermeture ».

Une centaine d’entreprises travaillent avec l’EREA

« J’ai toujours vécu avec l’EREA en vision. C’est important. Tout le monde a eu dans sa commune un enfant scolarisé ici et qui est ressorti avec un emploi. Il y a un très grand nombre de réussites », met en avant le président de la communauté de communes Champagnole Nozeroy Jura, Rémi Hugon. Cent entreprises du territoire travaillent régulièrement avec l’EREA, qui forme les jeunes à des métiers en tension.

La vice-présidente au Conseil départemental, Eloïse Schneider, a souligné la « complémentarité avec les Louataux. 48 élèves du bassin champagnolais sont scolarisés à l’EREA. Les Louataux ne pourraient pas mettre en place cette Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté) de proximité car il n’y a pas de plateau technique. Deux enseignants de l’EREA travaillent aux Louataux pour aider les élèves en difficulté. Tout est mis en place pour lutter contre le décrochage scolaire ».

Le président du Conseil départemental, Gérôme Fassenet, a témoigné lui aussi « adapter les surfaces si besoin pour ne pas entretenir ou chauffer inutilement dans les collèges », mais a réaffirmé son refus, comme Clément Pernot avant lui de fermer des établissements. « On garde nos collèges et on travaille pour accueillir d’autres services publics sur ces surfaces. On doit continuer à mettre le paquet pour nos enfants. »

150 m2 par élève

« Il est vrai que le critère m2 par élève est tout de suite mis en avant, a expliqué la vice-présidente au sénat Sylvie Vermeillet, qui a été conseillère régionale. Je crois que cet établissement a le plus grand chiffre. Cette question-là est totalement dérisoire car je suis sûre que l’entretien à Crotenay par rapport à Dijon n’est pas le même. » L’élue a rassuré. « Il faut mobiliser les conseillers régionaux. Il n’y a pas d’alarmisme. Je pense que tous les établissements sont concernés par cette réflexion de la Région. »

Au conseil d’administration…

Le maire de Crotenay, Olivier Cavallin, avait posé une question diverse sur le devenir de l’établissement lors du conseil d’administration de l’établissement jeudi 4 juillet, en soirée. Elle a été vite traitée avec une réponse en quelques mots : « On n’en sait pas plus ».

 

Et du côté du rectorat

Le comité social académique, réuni le mardi 9 juillet en soirée, a permis à Stéphane Faucogney, représentant des personnels Unsa, d’interroger la rectrice. « Elle a dit qu’elle n’en savait pas plus. Nous lui avons remis le dossier préparé par les personnels, ainsi qu’à la secrétaire générale du rectorat et au Dasen du Jura » (Directeur académique des services de l’éducation nationale).

Ce dossier explique le fonctionnement de l’Erea, l’historique des travaux et l’implantation de l’établissement dans le territoire. Il précise aussi les travaux nécessaires pour améliorer les coûts en énergie.

Notre rédaction a sollicité le rectorat pour une réaction. Nous n’avons pas eu de réponse.

Côté Région Willy Bourgeois assure : « Il n’y a pas de sujet Crotenay »

Le vice-président au conseil régional, Willy Bourgeois, affirme qu’il n’y a « aucune décision de prise et aucun projet de fermeture » et qui dit pas de projet de fermeture signifie aussi « pas de projet de déménagement ». « Il y a des réalités », a-t-il expliqué. Démographique : la Bourgogne/Franche-Comté perd 1 200 lycéens par an. Et une masse d’investissements utiles à réaliser. « L’enjeu est de réfléchir à mieux rationnaliser les m2. Peut-on mutualiser les internats ? Avoir une restauration commune pour les collèges et les lycées ? La question de la gestion publique et de l’optimisation des m2, on doit se la poser. »

Pour l’élu, ce travail doit se faire avec le rectorat et les élus locaux. « C’est un peu mieux de réfléchir à cela en dehors des périodes électorales qu’entre deux tours d’une élection législative qui laissait plus penser à une manœuvre politicarde qu’à une réflexion sur l’avenir de l’EREA de Crotenay de la part de Clément Pernot. » Et de conclure : « Nous avons conscience de l’intérêt de la présence territoriale de nos établissements, qui créent de l’emploi et sont une richesse pour nos territoires ».

 

Willy Bourgeois.