Emmanuel Macron. Comtois ?
Notre Président, que beaucoup comparent à Jupiter, a prononcé le mot de
« décivilisation » en Conseil des ministres, ce 24 mai. Les médias s’enflamment et
pataugent dans ce mot qui a fait couler beaucoup d’encre.
En politique chaque mot est épluché et chaque phrase doit rendre jusqu’à la dernière
virgule pour qu’on puisse décréter tout le mal qu’on en pense.
On n’envie pas cette situation où s’il dit : « chérie, peux-tu me passer la moutarde ? »
la requête devient le signe d’une arrogance jupitérienne (1) envers les femmes,
rendues à leur état de soumission devant le brutal désir condimentaire de l’Homme.
Et si la moutarde est de Dijon chacun comprendra l’allégeance à peine déguisée aux anciens Comtes de Bourgogne et au Saint Empire Romain Germanique. Une façon
toute en morgue et dédain de faire la nique aux anglo-saxons et à leurs indigestes
pickles. Et le condiment comme il respire, ajoutera un anonyme. Car ainsi parlent les
analystes sur les réseaux.
Les grammairiens nous disent que le préfixe dé- devant la civilisation en inverse la
tendance.
Ainsi la décroissance devient l’inverse de la croissance et la défaite est le bien triste
inverse de la faite.
Mais les comtois ajoutent une finesse à ce dé- et en font grand usage. Ainsi si tu as 4
Prost et 3 Bailly, t’as meilleur temps d’utiliser leur prénom pour les déconnaitre. (Pour
les rattraits : pour les distinguer). Et la neige, si y’en tombe de trop tu vas devoir
débourrer de bonne heure pour dépeller hardi petit et pour débarrasser avant que le
facteur ne se retrouve gaugé (2). Mais prends soin de toi : si souffle la traverse et
que la fricasse (3) vient à s’aboucher sur toi, tu risques de ramasser du mal et -j’t’en
fiche !- de dédevenir. C’est qu’on est bien vite négocié (4) et qu’on a tôt fait de sauter
les piquets à c’t’heure (5).
Notes de l’auteur pour une meilleure compréhension du texte :
(1) On évoque souvent dans les discours publics la « cuisse de Jupiter ». Et certains
semblent s’en préoccuper plus encore que de leur propre cuisse ce qui est un
comble pour ceux qui la connaissent. La mythologie nous donne la clef de cette
énigme…
Junon, la femme de Jupiter, était d’une jalousie maladive. La raison en était qu’elle
avait tout lieu de l’être, Jupiter étant un chaud lapin dont l’appétit vénérien n’avait pas
de limite. C’était connu dans l’Olympe et beaucoup de déesses et même les Muses
se faisaient accompagner quand elles rentraient tard. Il avait fallu en arriver là !
Un beau matin voilà mon Jupiter qui s’était bien entiché de Sémélé, une de ses
prêtresse ! Je l’aurais volontiers renommée Marie-Claude pour donner à ce récit un
aspect plus contemporain mais j'ai craint de perdre votre confiance en bidouillant les
états-civils de l’Olympe. Sémélé était plus belle encore que toutes nos candidates à
miss Franche-Comté qui se réuniront à la Commanderie, à Dole, le 20 octobre
prochain pour succéder à Marion Navarro, l’élue 2022. Et Jupiter avait craqué aussi
sec en surprenant Sémélé qui sacrifiait un taureau avec la délicatesse gourmande
des belles de l’époque. Elle s’était allé laver les mains du sang du sacrifice dans la
rivière Asopos. L’image était touchante et Jupiter eut l’envie d’en faire autant. Il était
revenu incognito draguer la prêtresse en usant -comme à son habitude- de
déguisements variés. Mais Sémélé était bien élevée. Elle exigea avant de passer à la
casserole que Jupiter lui apparaisse -je cite- dans toute sa splendeur divine. C’était –
disait-elle- la moindre des choses si elle prenait le risque d’être harcelée jusqu’aux
calendes grecques par d’autres prêtresses jalouses. Elle ajouta perfidement
« cochon qui s’en dédit » car Jupiter avait promis dans un précédent épisode,
consultable en ligne, de réaliser tous ses souhaits.
Jupiter était acculé et il donna libre cours à sa fougue et hélas, à sa foudre aussi qui
était inclue dans l’offre groupée et le forfait de « sa splendeur divine ».
Sémélé fut aussitôt foudroyée. Pour ceux qui douteraient on trouve un tableau de
Rubens des Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles qui représente la scène en
tapant sur votre moteur de recherche « Jupiter Sémélé Rubens ».
Avant qu’elle soit totalement consumée Jupiter avait pris la précaution de prélever
sur Sémélé le fruit de leurs amours. Désirant cacher l’embryon il le cacha dans sa
cuisse entre l’aponévrose du quadriceps et les couches profondes de l’épiderme.
C’était un procédé entièrement nouveau et il se disait que personne n’irait le
chercher là et qu’une culotte bouffante donnerait le change.
Las-moi ! Dans « grossesse » il y a grossesse bien sûr, mais aussi « gros ». Et vers
la douzième semaine d’aménorrhée -comptez le milieu du quatrième mois- Bacchus
(c’est de lui qu’on parle) pris du volume… Très vite il y eut une compression du nerf
sciatique et des troubles de la marche sous forme d’une claudication jupitérienne si
bien que le maitre des Dieux décida de l’extraire tant qu’il était encore temps.
L’affaire fit grand bruit dans le Landerneau Olympien et c’est depuis qu’on emploie
l’expression : « il se croit sorti de la cuisse de Jupiter » (alors que pas du tout) pour
stigmatiser ceux qui se la pètent.
(2) – (3) – (4) – (5) Je n’ai pas renseigné ces notes du fait de la place réservée, à
juste titre, à la note (1). Il n’est pas impossible que j’y revienne dans de prochaines
rubriques. Si je survis à celle-ci naturellement.