Déserts médicaux : les zones rurales abandonnées ?

Une vaste étude menée par l'Association des maires ruraux de France confirme les difficultés d'accès au soin croissantes qui touchent les zones rurales. Selon ses conclusions, plus de 6 000 médecins généralistes manqueraient pour combler les besoins. Coup de projecteur sur notre situation locale.

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Les campagnes françaises sont de plus en plus touchées par la désertification médicale, d’après une large étude menée par l’Association des maires ruraux de France (AMRF), en partenariat avec France Bleu, et publiée dernièrement.
D’autres phénomènes inquiétants s’ajoutent à ce manque de médecins : écarts d’espérance de vie qui s’accroissent, moindre accès aux soins hospitaliers, ou encore vieillissement des personnels de santé sont notamment pointés par l’association.

Il est 6 fois plus difficile de consulter un médecin en milieu rural qu’en ville

L’étude constate ces disparités grâce à une nouvelle approche méthodologique, basée sur la densité de médecins au kilomètre carré. Dans les bassins de vie ruraux, un seul médecin couvre en moyenne une zone de 30 kilomètres carrés, contre 5 dans les bassins de vie urbains. 63% des bassins ruraux manqueraient ainsi de médecins généralistes.
Au total, plus de 6 000 généralistes manqueraient dans ces zones pour atteindre un ratio d’un médecin généraliste pour 1 000 habitants, poursuit l’étude. Si 18% seulement des zones rurales atteignent cet objectif, ce chiffre ne dépasse tout de même pas 31% dans les zones urbaines.
En clair, l’AMRF estime qu’il est 6 fois plus difficile de consulter un médecin en milieu rural qu’en ville…
Et le Jura n’échappe pas à la règle puisque selon plusieurs sources locales concordantes, plusieurs centaines de personnes se retrouveraient aujourd’hui sans médecin traitant, notamment sur le bassin lédonien, le Haut-Jura ou encore la petite montagne et le Pays des Lacs.
Cela, du fait du récent départ en retraite de leur généraliste, et surtout de l’impossibilité pour les praticiens exerçant à proximité d’absorber la totalité de la nouvelle patientèle que la cessation totale d’activité d’un médecin issu de l’ancienne génération (c’est à dire travaillant près de 50 heures par semaine) représente.

Quatre propositions pour pallier les manques

Le nombre de spécialistes varie beaucoup d’un département à un autre. Les grandes métropoles et la façade méditerranéenne sont par exemple bien, voire trop, pourvues, tandis que les départements du centre et de l’ouest de la France manquent de spécialistes. « Cet écart est particulièrement évident en anesthésie, gynécologie, pédiatrie et psychiatrie » soulignent-ils.
Pour répondre à ces manques, l’AMRF propose quatre dispositions concrètes. Elle souhaite d’abord la diversification des stages des étudiants en médecine, à l’image de ce qu’a récemment proposé le gouvernement, qui souhaite inciter les internes en médecine générale à exercer en milieu rural.
Une autre piste consiste à mettre en place des équipes de soin coordonnées, qui doivent permettre une meilleure réactivité et éviter les passages inutiles aux urgences. L’association propose également de créer un guichet départemental pour accompagner et faciliter l’installation des professionnels de santé.
Enfin, l’étude évoque la nécessité de meilleures collaborations entre médecines de ville et médecines hospitalières…
A quand les premiers résultats concrets ?