Grands mots… Grands remèdes…

Saute-mouton en Panurgie

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Gérard Bouvier.

Castelnaudary est réputé pour son cassoulet depuis la Guerre de Cent Ans, de sinistre mémoire. Comme est réputé le Morbier, fromage à deux couches : l’une au lait cru de vache l’autre au lait de vache cru. Mais si vous préférez le mouton c’est à Saint Bel riante sous-préfecture de la Panurgie qu’il vous faut aller trinquer.

Dans le mouton tout est bon ! De la souris de sa patte arrière jusqu’à la côtelette d’agneau de son adolescence friponne, en passant par la panse de brebis farcie de sa compagne. Chaque morceau est savoureux s’il est préparé avec amour et du beurre doux de nos montagnes.

Depuis Rabelais, dont on a célébré le tricentenaire de la naissance en 1783, les moutons de Panurge ont tricotté maille après maille la renommée de la Panurgie.

Ces herbivores, ruminants ongulés, marchent sur deux doigts. Ne le faites pas chez vous si personne alentour n’a son brevet de secouriste et connait les gestes qui sauvent. Et, quoi qu’il arrive, ne me tenez pas pour responsable.

Les moutons de Panurge ont la caractéristique comportementale (c’est génétique) de se déplacer en un unique troupal en suivant bêlement un chef auto-proclamé dont les crottes ressemblent à de petites billes très rondes pas le moins du monde comme vous et moi. Ce suivisme donne au mouton de Panurge cette allure très bête qui est la risée de tous ceux qui s’en croient à l’abri.

Pourtant, à en croire les bruits de ma rue, les moutons de Panurge seraient parmi nous. Répandus en deux bergeries hostiles occupées à se bêler dessus. Il y aurait les moutons qui courent se faire vacciner comme un seul homme dès qu’on les y encourage, et les moutons qui refusent de se faire vacciner comme un seul homme dès que les réseaux sociaux les en découragent.