Grands mots… Grands remèdes…

Prénoms

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Gérard Bouvier.

Cette grand-mère de Courlaoux me racontait en 76 les démarches qui l’avaient conduit jusqu’à Dole, en barbottant dans les arcanes d’une administration mal réveillée. Elle allait plaider pour que soit accepté par l’état civil le prénom révolutionnaire de son petit-fils. Un prénom original, avant-gardiste, un de ces prénoms qui vous réduisent à néant la mise en plis d’une employée de l’état civil honnête, soignée et scrupuleuse. Un prénom possiblement séditieux ou anarchiste. Qu’on en juge : on prétendait prénommer le bambin dernier-né : Kévin ! Rien que ça !

Les Kévin étaient l’exception en 1976. Mais ce prénom allait devenir le premier prénom masculin de 89 à 94. C’est qu’à l’usage il s’avérait beaucoup moins insurrectionnel qu’on avait pu le redouter… Et pas même bolchévik.

Nous voici agités d’une polémique concernant les prénoms français et il est vrai que l’on doit se méfier et rester vigilants.

Ainsi Éric, ce prénom du grand nord, ferait tache sur nos panneaux électoraux. A-t-on si vite oublié que les vikings étaient des pillards et des guerriers appliqués à chaparder les richesses de leurs paisibles voisins ?
Spécialistes de la maraude, de la rapine et de la piraterie sans limite, les vikings nous ont longtemps menacés d’une sorte de grand remplacement venu à la rame des mers du Nord. Le 12 mai 841 ils prennent Rouen. Dévasté, ruiné, brûlé… Les églises et les monastères sont pillés. Puis c’est Paris, l’île de la Cité… Les parisiens sont épouvantés. Le grand remplacement par les Éric, Olaf, Björn flanqués de leurs fidèles Aude, Ingrid, Hilda… a bien failli !

Bien longtemps plus tard un prénom viking affublé d’un nom plus qu’habile : voilà une vraie intégration réussie.