Dossier de la semaine. Où en est la construction dans le Jura ?

Les acteurs de la construction s’étaient donnés rendez-vous aux assises de la fédération BTP Jura au Carcom de Lons-le-Saunier. Une soirée qui a permis à la profession d’émettre ses inquiétudes.

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Pierre Worms échange les clefs de la fédération avec le nouveau président Philippe Gouget.

Des carnets de commande stables

Avant de passer la présidence à Philippe Gouget, dirigeant de la société ALD Bois, basée à Port-Lesney, Pierre Worms a déroulé son discours par une bonne nouvelle pour la fédération : « 23 nouveaux adhérents ont décidé de nous rejoindre » s’est-il réjoui, en revenant sur la santé du secteur, s’appuyant sur les chiffres de l’observatoire du BTP.
Si les carnets de commande sont restés bien remplis en 2023, d’autres indicateurs sont plus inquiétants : « la baisse des effectifs salariés dans les entreprises jurassiennes se poursuit (-3%) et dans le même temps, on constate une légère dégradation de la santé financière des entreprises, 75% d’entre elles sont jugées dans une situation satisfaisante au début de l’année, contre 80% en 2023.

Baisse de la construction neuve

Pour Pierre Worms, il est urgent d’agir, les mises en construction sont en baisse (-30%)  logements et (-40%) surfaces de locaux. Mais ce qui inquiète au premier chef les professionnels c’est la chute des constructions de maisons individuelles : « on a atteint le niveau le plus bas depuis 5 ans. »
2023 fut une année de transition. « Le bâtiment a tenu malgré les crises successives, en partie grâce aux travaux de rénovation énergétique (+8%). »
Dans le Jura, le chiffre d’affaire augmente d’un peu plus de 3%, « c’est proche du niveau de l’inflation » nuance Pierre Worms qui craint une année 2024 moins favorable.
Les prix des matériaux resteront élevés et il y a beaucoup d’incertitudes autour des dispositifs d’aide à la rénovation. « MaPrimeRénov' » est jugée trop complexe « les annonces gouvernementales ont été très prometteuses mais l’utilisation du dispositif chez les particuliers chute de 75% » lâche le président.
Enfin, le manque d’accompagnateurs des professionnels chargés par l’État est lui aussi pointé.
« Dans le Jura on est sur un et demi, Soliha est submergée. »

Logement : à quoi ressemble le parc jurassien ?

La soirée s’est poursuivie avec des tables rondes, la première a dressé un état des lieux du parc jurassien. « Le parc est ancien, 60% date d’avant les premières réglementations thermiques, un tiers avant 1915 » livre Ludovic Liberpré, chef adjoint du bureau habitat de la DDT (Direction Départementale des Territoires). Pour Nathalie Rozon, directrice départementale d’Action Logement « le parc est vieillissant et présente de grandes typologies de logement, les salariés sont plus à la recherche de petits logements. »
Invités à s’exprimer en table ronde, les élu(e)s jurassiens ont développé leur point de vue.

La députée Danielle Brulebois (Renaissance) et Jean-Marie Sermier, conseiller régional (LR) ont livré leur point de vue

Danielle Brulebois « L’État est pleinement mobilisé »

La députée de la 1ère circonscription a défendu l’action gouvernementale : « L’État est pleinement mobilisé pour notre économie, 8 millions d’euros ont été injectés dans le fond vert et 23 millions d’euros dans les DETR (Dotation Équipement des Territoire Ruraux). » Face aux remarques des chefs d’entreprise sur la complexité des normes, elle précise :
« Un plan de simplification des normes va être mis en place par le gouvernement avant l’été. » 

Jean-Marie Sermier « Il faut avancer en meute sur ce dossier »

Pour l’ancien parlementaire et actuel conseiller régional, il faudrait « moins d’idéologie et plus de pragmatisme sur le sujet« . Celui-ci regrette que le PLUI (Plan local d’Urbanisme Intercommunal) soit complexifié.
« Oui à la sobriété foncière mais les communes doivent pouvoir se développer, à Dole il y avait 300 logements vacants en centre ville, on a mis toutes les aides en œuvre, État et Département à nos côtés, il faut avancer en meute sur ce dossier. »

Dans ses premiers pas à la présidence de la FFB39, Philippe Gouget a proposé à Elisabeth Sevenier-Muller, sous-préfète de Lons-le-Saunier de le parrainer 

L’État n’a pas abandonné le bâtiment…

Présente pour ses assises, Elisabeth Sevenier-Muller, sous-préfète de Lons-le-Saunier a souhaité faire passer un message d’optimisme :
« Tout est perfectible mais jamais l’État n’a été aussi présent aux côtés des entreprises et notamment celles du bâtiment, quelques éléments non exhaustifs : MaPrimeRénov’ c’est 3.131 dossiers soit 13.7 millions d’euros pour 46.2 millions de travaux » explique la représentante de l’État qui indique des assouplissements pour ce dispositif.
« Les modalités d’attribution évoluent vers une simplification, il ne sera plus nécessaire de fournir un DPE (Diagnostique de Performance Énergétique) dans le cadre d’une rénovation par geste. La qualification des artisans RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) passera de 4 à 8 ans. Enfin, il est important de rappeler que l’État investit régulièrement en faveur des collectivités et majoritairement pour de la rénovation énergétique. »

Enzo Saad 

 

La soirée s’est déroulée en présence de Olivier Salleron président de la fédération frrancaise du BTP.