L’invité de la semaine : Jean-Michel Charnu

Après l'élection en octobre dernier de la liste "La Voix des Artisans", Jean-Michel Charnu, gérant d'une société de taxis à Saint-Laurent-en-Grandvaux, est le nouveau président de la Chambre des Métiers du Jura, pour les cinq années à venir. Rencontre.

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Jean-Michel Charnu est le nouveau président pour les cinq années à venir de la Chambre des Métiers du Jura.

Jean-Michel Charnu, quels seront les chantiers prioritaires de votre mandature ?
« Le développement de l’Office Professionnel de Compétence (OPCO) du Haut-Jura sera le gros chantier. Ce centre de formation aux métiers du bâtiment sera ouvert à tout public, tant au niveau des jeunes pour l’apprentissage, qu’au niveau des adultes pour la reconversion. Nous aurons à cœur de développer et de pérenniser ce pôle d’activité économique important pour Saint-Claude et tout le Haut-Jura. L’État et la Communauté de communes du Haut-Jura, qui ont compris tout l’enjeu, sont partenaires. Autre dossier important : le déploiement du CFA de Gevingey, vitrine de l’artisanat jurassien. Ce sont les apprentis d’aujourd’hui qui seront les entrepreneurs de demain. D’autres dossiers feront partie de ma mission, la fiscalité des entreprises (par exemple pour les transmissions, successions et reprises), mais aussi l’emploi et le recrutement qui est un problème majeur chez les artisans, ou le projet gouvernemental de suppression du GNR (gazole non routier) en 2023.
Je souhaite également conserver la CMA dans sa mission d’une structure de l’artisanat très spécialisée. Aujourd’hui des sociétés privées arrivent sur le marché et proposent aux artisans des produits concurrentiels, dont la CMA a l’expérience et la connaissance depuis des années. Je tiens également à aller sur le terrain au plus près des artisans. Et je compte sur mon équipe pour m’accompagner dans ce rôle ».

Quels sont le rôle et les missions du Centre de Formation des Apprentis (CFA) de Gevingey ?
« C’est notre vitrine pour l’artisanat jurassien. Aujourd’hui, ce Centre de formation compte 800 apprentis répartis dans une dizaine de métiers. C’est une école reconnue dont nous voulons donner une image d’excellence ».

La voie de l’artisanat est-elle suffisamment prise en compte, notamment dans les collèges ?
« Nous avons encore du mal avec l’Éducation nationale, qui a délaissé longtemps, dans le cadre de l’orientation des élèves, la voie de l’apprentissage. Cela évolue un peu aujourd’hui, positivement. Il faut montrer aux jeunes, dès l’école élémentaire (CM2) que, avec l’apprentissage, on peut aller très loin. Il faut valoriser nos métiers, l’excellence de l’artisan. L’artisanat est une force économique indéniable, c’est la première entreprise de France ».

Quelles solutions pouvez-vous apporter face aux difficultés de recrutement chez les artisans ?
« Les artisans ont du mal aujourd’hui à recruter des salariés formés. Il faut donc travailler sur la formation. Valoriser les formations, c’est important. Certains métiers, comme la restauration travaillent également sur la revalorisation des conditions de travail. Par contre, le Jura est très impacté par le problème des salariés qui partent travailler en Suisse, après avoir été formés par un employeur en France. Pour l’heure, nous n’avons pas de solutions pour lutter contre ce phénomène ».

Vous avez été également élu 3e vice-président de la Chambre régionale des Métiers Bourgogne-Franche-Comté. Quels seront les liens entre chambres départementale et régionale ?
« La régionalisation, ce n’était pas un choix, cela nous a été imposé. La Région Bourgogne-Franche-Comté, c’est 8 départements et 96 élus qui siègent au conseil d’administration. Aujourd’hui, les élus régionaux font le lien entre le département et la région, et cela fonctionne plutôt bien et en bonne intelligence. Nous avons une bonne représentation partout dans de très nombreuses instances ».

Les chiffres-clé de l’artisanat dans le Jura :
6 770 entreprises pour 19 241 actifs. (35% bâtiment ; 29% services et activités non réparties ; 21% production et 15% alimentation). 803 apprentis au CFA de Gevingey (42% alimentation ; 26% services ; 23% bâtiment ; 9% production).

Pascale Négri