Le roi des forêts s’invite dans nos salons

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Un Noël entre monotonie et passions...

Le sapin de Noël est une véritable institution dans de très nombreux foyers français. Pour certains d’entre nous, il est attendu avec une impatience non feinte et parfois même, il est installé des semaines avant les festivités.

Le sapin naturel a la cote

Parmi tous les sapins vendus (environ 6 millions chaque année), 84% d’entre eux étaient naturels (contre 16% pour les artificiels). L’odeur si spécifique, qui résonne en nous comme une Madeleine de Proust, rappelle des souvenirs d’enfance et est typique de Noël. L’épicéa notamment offre des senteurs marquées et reconnaissables entre mille. De plus, il est le plus abordable des sapins. Toutefois, il comporte deux inconvénients qui freinent son achat : ses aiguilles piquent lorsqu’on les frôle de trop près et elles tombent rapidement, offrant un spectacle parfois désolant d’un malheureux arbuste aux branches sèches et pendantes avant même que le barbu en rouge ne soit déjà passé.

C’est pourquoi, majoritairement, les français préfèrent se nantir de Nordmann, qui représente à lui seul 77.4% des parts du marché en volume. Ce succès s’explique par son atout majeur : celui de ne pas perdre ses épines qui, par ailleurs, sont douces et agréables au toucher ! Il dégage une odeur douce, mais beaucoup plus discrète que l’épicéa et question look, il s’en sort bien avec une base généralement bien garnie et des branches nombreuses et compactes. Il présente également une forme conique très recherchée. A lui les guirlandes qui clignotent et les boules de mille couleurs ! Pourtant, le Nordmann est plus cher que son cousin l’épicéa puisque pour une taille similaire, le premier coûte en moyenne 28.50€ contre 21.70€ pour le second*.

D’autres espèces, beaucoup moins connues, existent pourtant sur le marché. Le Nobilis se reconnaît facilement à ses aiguilles de couleur bleutée, qui sont douces au toucher. Il dégage en outre une odeur très agréable de conifère et, à l’instar du Nordmann, il ne se dénude pas au milieu du salon ! Son défaut réside sans doute dans sa forme non conique et dans ses branches à la répartition disharmonieuse. Ainsi, il devient difficile de l’orner de décorations en tout genre…

L’omorika nous vient tout droit des Balkans mais est assez difficile à dénicher en jardineries. Il possède de jolies épines argentées et son principal atout est qu’il peut se replanter facilement, dans n’importe quelle nature de terrain (argileux, calcaire, sablonneux…)

Enfin, le sapin bleu, de son vrai nom le Pungens, libère dans l’air une senteur très plaisante et caractéristique de Noël. Mais attention à quiconque s’en approche : il pique ! Une fois les fêtes terminées, et pour peu que vous l’ayez acheté en pot, vous pourrez le replanter dans votre jardin.

La très grande majorité des sapins vendus en France sont issus de productions agricoles et non de forêts. L’une des plus grandes régions productrices est le Jura !

Le sapin a pour vocation de recevoir les présents déposés par le Père Noël

Et pourquoi pas artificiel ?

Le sapin artificiel dispose d’atouts qui séduisent 16% de la population française. A commencer par sa pérennité. Certains achètent leur sapin qu’ils conservent de nombreuses années ensuite. De plus, il se décline sous différentes formes, différentes tailles, et différentes couleurs. Certains n’hésitent pas à afficher des leds clignotantes directement au bout de leurs branches ! Leurs aiguilles ne piquent pas et restent solidement accrochées à leur branche, année après année. Enfin, une fois les fêtes terminées, il se replie simplement et se fait tout petit dans son carton d’emballage. Direction, le grenier ! Son inconvénient majeur réside dans le fait qu’il est fabriqué avec des matériaux dérivés du pétrole, non biodégradables.

Certaines personnes déplorent son manque d’odeur (si ce n’est, parfois, un effluve de plastique peu ragoûtant !). Qu’à cela ne tienne : il existe des sprays senteur sapin à asperger généreusement sur l’arbre artificiel.

Un autre atout qui fait mouche auprès des impatients de Noël, c’est qu’il peut s’installer très tôt dans le salon sans craindre les affres de températures trop élevées. Il n’est pas si rare de voir des sapins de Noël trôner au milieu de salons et ce, dès la mi-novembre ! Cela serait parfaitement impossible avec un sapin naturel puisqu’il perdrait ses aiguilles ou serait bien sec d’ici le réveillon. Le Nordmann peut s’acheter dès le début décembre mais il est préférable d’attendre une semaine avant le 25 pour se munir d’un épicéa.

 

J’en fais quoi de mon sapin ?

Les fêtes sont terminées et vous voilà avec un sapin dont les branches basses signifient qu’il est temps de vous en séparer. Plusieurs options s’offrent à vous : vous pouvez l’emporter vous-même à la déchetterie locale où un dispositif spécial recevra vos sapins pour les broyer et en faire du paillage ainsi que du compost. Une partie est même recyclée en bois de chauffage.

Si vous ne pouvez vous rendre vous-même à la déchetterie, renseignez-vous auprès de votre mairie pour connaître les dates de collecte. Vous pourrez ainsi déposer vos sapins la veille au soir sur votre trottoir et un service de ramassage se chargera d’acheminer votre sapin vers sa nouvelle vie. Attention toutefois : les sapins ayant reçu de la neige artificielle ne seront pas ramassés.

Les plus courageux relèveront les manches pour débiter eux-mêmes leur sapin afin d’en faire du bois pour la cheminée ou le poêle.

Un peu d’histoire

La tradition définissant le sapin comme arbre de décembre remonte à plus de 4000 ans. Les Celtes avaient pour coutume de désigner un arbre par mois et le sapin était celui de décembre. Ce n’est qu’au XIe siècle que les hommes décidèrent de le décorer avec des pommes rouges, symboles du paradis. En 1521, pour la première fois, des sapins furent décorés avec des pommes, des confiseries, des petits gâteaux, sans oublier la fameuse étoile placée au sommet, représentant celle de Bethléem. Les premières illuminations datent du XVIIIe siècle : des coquilles d’œufs étaient remplies d’huile dans laquelle flottaient des mèches allumées. Gare aux incendies ! En 1837, la duchesse d’Orléans fit décorer un sapin aux Tuileries. La tradition prit de l’ampleur à partir de 1870. De nos jours, les municipalités rivalisent d’idées pour orner leur place principale du plus beau sapin possible. Difficile toutefois de rivaliser avec le célèbre sapin de New-York qui culmine à plus de 20 mètres et qui scintille de plus de 50 000 ampoules leds.

Marie Rousselet