Le plus dangereux métier du monde

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Il l’était. Il le fut longtemps. Puis, brusquement, depuis la fin des Trente Glorieuses et l’arrivée dans ses rangs d’une idéologie libertaire post-soixante-huitarde, le plus beau métier du monde s’est progressivement enlaidi.
Au début, il ne s’agissait que de certains éléments perturbateurs, de marginaux parasites à la bonne marche de l’ordre des choses, mais la verticalité restait de mise. Elle permettait de conserver la maitrise de l’autorité en toutes circonstances, et ainsi de faire infuser le sens du devoir, les valeurs d’honneur, de courage, de loyauté et d’appartenance à la Nation… Prélude à ce que le service militaire obligatoire achèverait une dizaine d’années plus tard, pour les garçons les plus « à risque ». En somme, faire rentrer toute la France citoyenne de demain dans le même champ républicain. Mais tout ça, c’était avant…
Peu à peu le rapport de force s’est inversé. Il ne fallait surtout plus contrarier les enfants-rois que notre école abritait. Cela a commencé avec la fameuse affaire des “foulards de Creil” en 1989… Depuis, exit les remarques, les brimades, les punitions.
Il a été imposé de nier les différences, de « faire de l’inclusion », de « développer l’empathie », quitte à se mentir à soi-même. Et à donner naissance au sentiment d’impunité des fauteurs de troubles ! Mais peu importe, du moment que cela ne fasse pas de vagues et prémunisse d’éventuelles représailles…
Fatalement, les élèves mal (re)cadrés des années 80/90 sont devenus parents, et puisque les chiens ne font pas des chats… Voici qu’aujourd’hui, non seulement les personnels éducatifs s’autocensurent sur certains sujets historiques, philosophiques ou sociétaux afin de se préserver d’avoir à gérer de violents conflits qu’ils ne peuvent plus résoudre en classe, mais il se doivent d’être « en même temps » psychologue, assistant social ou policier. Et ce, dans des conditions de travail déplorables, au cœur d’établissements parfois délabrés, avec un criant manque de moyens, un salaire ridiculement faible par rapport à la charge mentale qu’il impose et surtout, une écœurante déconsidération de leur hiérarchie comme de l’opinion publique pour leur profession.
A la lumière de cet état de fait, il n’est hélas pas étonnant que les lieux d’enseignement soient devenus une proie aussi facile que symbolique, pour ceux voulant y distiller la terreur et l’obscurantisme… Jusqu’à quand ?