Emotion et recueillement ont étreint l’assemblée réunie le 30 avril à Lons le Saunier. Une cérémonie religieuse pour rendre hommage à Eric Loupiac, décédé dans l’exercice de ses fonctions en pleine pénurie de masques. Si la pandémie semble aujourd’hui comme volatilisée, sa veuve, Claire Loupiac, n’oublie pas et « n’oubliera jamais » : « j’ai déposé plainte contre X en août 2020 pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui entre autres, mais depuis tout stagne. Les auditions sont terminées, et il semblerait qu’on attende une expertise, mais chaque jour je me demande pourquoi je n’ai aucune réponse. J’attends que justice soit rendue et que les responsables soient condamnés ».
« Qu’un grand procès fasse la lumière sur les responsabilités des politiques, mais également que l’hôpital public ait les moyens de survivre »…
Parmi ceux-ci la ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzin, et le directeur général de la santé, Jérôme Salomon. « La première travaille à l’OMS et le second se trouve toujours en poste : cela me révolte, tout comme la gestion sanitaire de la pandémie. On était passé de 1 milliard de masques chirurgicaux à 100 millions en 2019, en sachant que cela ne suffirait pas à protéger la population en cas de pandémie. Aujourd’hui encore, il y a 150 morts du Covid par jour en France, mais qui s’en soucie ? ».
Claire Loupiac souhaiterait qu’un grand procès fasse la lumière sur les responsabilités des politiques, mais également que l’hôpital public ait les moyens de survivre, tout comme son mari qui en était un ardent défenseur au sein de l’Amuf (Association des Médecins Urgentistes de France).
« On manque toujours d’effectifs, on ferme toujours des lits, rien n’a vraiment changé » regrette t-elle.
« Eric me disait souvent : pour soigner les patients, il ne faut arrêter d’accumuler les gardes et la fatigue ».
Un dévouement qui lui a été fatal, et désormais un « immense vide » pour Claire Loupiac, dont la vie s’est arrêtée après 32 ans de mariage, mais qui ira « jusqu’au bout » de ses procédures judiciaires.
Contacté par la rédaction, Lionel Pascal, procureur de la République, nous a indiqué que « les investigations se poursuivent, je suis actuellement dans l’attente d’une expertise médico légale ordonnée en mars 2021 ».
L.R.