La jalousie dans le couple

L'avis de Charlotte Pelloud, psychologue clinicienne, sur ce sentiment étrange, souvent mal appréhendé.

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La jalousie représente souvent plus un manque de confiance en soi ou en l'autre qu'une marque d’amour.

L’imaginaire collectif a tendance à penser que la jalousie est un sentiment lié à l’amour. Ce qui signifie qu’elle témoignerait de l’intensité de notre attachement à l’autre, notre peur de le/la perdre.
Cette perception romantique et romancée de la jalousie, véhiculée par la littérature et le cinéma, ne recouvre pas tout à fait la réalité. Il est donc difficile d’y faire face.
Effectivement, la jalousie représente souvent plus un manque de confiance en soi ou en l’autre qu’une marque d’amour.
Je vais donc essayer d’aborder les cinq types de jalousie qui président souvent nos rapports avec notre amoureux/se.

La jalousie illusoire

C’est la forme de jalousie la plus répandue. Il s’agit de la suspicion d’un amour ou d’un intérêt qui n’est pas fondé entre notre amoureux/se et quelqu’un d’autre. Cette personne est réelle mais aussi souvent imaginaire. La personne jalouse échafaude toutes sortes de possibilités fondées sur la crainte d’être trahi(e) par son partenaire avec une autre personne. Le jaloux est alors rongé par son imagination et ses doutes qui ne cessent d’accroître.

La jalousie de l’amour non partagé

C’est sans doute la forme de jalousie la plus romancée. Cette jalousie est traversée par la croyance que celui qu’on aime est amoureux d’une autre personne. Cette dernière est enviée pour l’importance qu’elle a dans le cœur de la personne qu’on aime, secrètement ou pas. L’amoureux jalouse la tierce personne d’être privilégiée car lui n’a pas vécu d’histoire avec l’être aimé.

La jalousie incitée

Elle vient du comportement de certains partenaires séducteurs. L’être aimé veut sentir que son pouvoir de séduction existe toujours. Ainsi, il entretient consciemment des ambiguïtés sur ses sentiments ou sur l’existence de son couple, qui lui permettent des flirts sans lendemain. Il joue de son charme et du flou qui plane sur son hypothétique célibat pour rester quelques temps dans un rapport de séduction. Même s’il ne va pas forcément jusqu’à la trahison, sa conduite inspire en permanence le doute et l’inquiétude d’un passage à l’acte. Cette attitude génère des sentiments de jalousie de la part du partenaire.

La jalousie-comparaison

C’est un sentiment qui naît lorsque les deux membres du couple sont très différents sur un point considéré comme sensible ou important par l’un des deux. Les couples qui sont le plus souvent victimes de ce type de jalousie : un couple avec un grand écart d’âge, de beauté, de niveau intellectuel, ou de centres d’intérêts « incompatibles »…
La jalousie-comparaison se traduit par l’appréhension que l’autre ne se détourne du couple pour une personne qui lui ressemble davantage sur ce point sensible. Ce tiers est alors considéré comme bien plus « aimable » (plus beau, plus jeune, plus cultivé etc) par le jaloux.

La jalousie-abandon

Elle est provoquée par la perte d’un amoureux (ou une amoureuse) qui a quitté l’autre pour aller vers un(e) autre. La rupture a été justifiée par des sentiments nouveaux pour un tiers. Au sentiment d’abandon se mêle donc celui de la possessivité, car l’ex-partenaire est toujours affectionné malgré la séparation. C’est donc sur la tierce personne que se reportent les sentiments négatifs, provoqués par la jalousie. Il s’agit certainement de la forme la plus dangereuse de jalousie, qu’il est nécessaire d’enrayer rapidement pour se reconstruire.

Un sentiment révélateur…

En résumé, cela dépend surtout de notre manière d’appréhender et de vivre la jalousie dans la relation amoureuse. La jalousie est un sentiment qui révèle notre personnalité profonde et notre façon d’être. En ce sens, la jalousie peut être constructive à condition d’en percevoir les raisons qui nous poussent à l’être : elle est le signal qui permet de faire un travail sur soi, une introspection, en prenant conscience des difficultés qui nous empêchent d’édifier des rapports sereins avec l’autre ou nous-même, et d’y faire face.

Charlotte Pelloud, Psychologue clinicienne