Pierre Worms, pouvez-vous nous parler de votre arrivée dans le Jura?
« Je suis Lorrain d’origine et je suis arrivé dans le Jura en 2006, je dois avouer que j’adore ce territoire pour son côté rural avec des gens vrais, son aspect touristique avec la beauté de ses paysages et les activités de sport d’hiver. Sans parler de son économie dynamique avec de véritables savoir-faire qui font sa force. »
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous ?
« Je suis tout d’abord un homme passionné, mais par quoi ? « L’acte d’entreprendre. » J’ai travaillé pendant 20 ans dans le secteur de l’industrie et dirigé différentes structures. En 2011, j’ai racheté la Franc-Comtoise de Confort, une vieille dame doloise que tout le monde connait ainsi que les établissements Cottier-Faivre à Lons-le-Saunier. J’ai toujours considéré que la notion de réseau était importante avec le besoin d’aller voir comment les choses se passent ailleurs. »
Une notion de « réseau » qui vous a conduit à vous tournez encore d’avantage au service de votre filière en prenant la présidence de la FFB 39 qui compte 150 entreprises et artisans ?
« Effectivement, après le départ de mon prédécesseur Claude Caniotti, qui a présidé la fédération pendant 6 ans, il m’a été suggéré de m’y coller. Une responsabilité que j’ai très vite pris à cœur car d’une certaine manière cela me permet de poursuivre ma vie d’entrepreneur avec une notion d’engagement au service des entreprises de notre filière et faire avancer les choses pour faire rayonner nos métiers.
Je suis persuadé que nous sommes plus forts à plusieurs, les relations entre les acteurs doivent gagner en horizontalité en favorisant la co-construction. Chacun sait qu’il peut être défendu par son syndicat et que l’on peut s’entraider : si j’ai besoin de louer une grue et que mon voisin en a une, je peux compter sur lui… Cette fonction nécessite parfois de mener des combats de fond, il faut savoir être tenace… »
Si le secteur du bâtiment se porte relativement bien avec des carnets de commande qui restent stables, il y a néanmoins un point sur lequel vous nourrissez beaucoup d’inquiétude, c’est celui de la chute des constructions de maisons individuelles.
« Pour être franc, à l’heure actuelle c’est pour nous le problème numéro un, ce dernier mobilise toute notre attention et pour cause : nous observons depuis pas mal de temps une baisse importante des nouvelles constructions, ce qui était un rêve pour beaucoup de français est devenu un luxe ! Ce rêve est devenu trop coûteux pour les primo-accédants avec des taux d’emprunt qui se sont envolés et des banques plus frileuses à consentir des prêts à leurs clients. Cette situation est véritablement source d’inquiétude pour notre fédération et ses adhérents et nous n’hésitons pas à le faire savoir. Nous espérons une réaction rapide de l’État à ce sujet pour mieux accompagner la construction de maisons neuves. »
Votre fédération ne cesse de se tourner vers l’avenir, en particulier au contact des plus jeunes afin de faire naître des vocations avec « Les coulisses du bâtiment » qui rencontrent un grand succès, pouvez-vous nous en dire quelques mots?
« Passionné par nos métiers, nous avons à cœur de les faire découvrir, aujourd’hui encore trop d’idées reçues circulent et nous avons décidé de montrer à quel point ils ont évolué. « Les coulisses du bâtiment, » c’est un dispositif national qui a pour objectif d’accueillir pendant une journée des jeunes collégiens et lycéens et leurs montrer « Le bâtiment en vrai »sur plusieurs aspects : c’est quoi un chantier ? C’est quoi un chef d’entreprise ?
C’est quoi un compagnon ou encore une maîtrise d’œuvre ? Plusieurs corps d’état sont réunis sur un même lieu avec plusieurs stands : couvreurs, zingueurs, maçons, charpentiers et bien d’autres encore… Différents organismes de formation sont également présents ».
Notre dernière cession qui s’est déroulée à l’institut des compagnons du tour de France à Mouchard a réuni 450 élèves. Les jeunes se montrent généralement très curieux et à l’écoute, c’est très positif. Notre filière connait encore des difficultés de recrutement et nous espérons semer avec ces journées quelques graines. Ce qui caractérise nos métiers, c’est leur grande diversité, chaque journée est différente. »
La maison individuelle en quelques chiffres :
Depuis 1 an, on estime à 40% la baisse des constructions de maisons individuelles en France. Si le « pavillon avec jardin » reste le rêve de 8 français sur 10, il y a à peine deux ans, cet idéal était encore accessible pour de nombreux français grâce à des taux d’emprunt immobilier au plus bas. Aujourd’hui ces derniers frôlent les 4%, avec dans le même temps des conditions d’accès qui ont été durcies par les banques depuis la crise sanitaire du covid19. Si pour l’instant il n’y pas d’éclaircie à l’horizon, les professionnels du bâtiment souhaitent garder le moral : c’est le cas de Pierre Worms pour qui « il faut toujours garder un esprit optimiste malgré l’adversité. »
Enzo SAAD