Éditorial

Intentions amoureuses

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(Crédit photo : Yves Regaldi)

Et vous, qu’allez-vous entreprendre ce lundi 14 février ?
Dans l’optique où votre situation s’y prête, allez-vous célébrer ce fameux jour de la Saint-Valentin ?
« Oh tu sais, c’est commercial tout ça ! Les cadeaux ce n’est que du matériel » argumenteront certain(e)s auprès de leur bien-aimé(e), se retranchant derrière des prétextes approximativement fallacieux, niant la part profondément symbolique de « l’offrande », et de tout ce qu’elle comporte.
Cela l’a toujours été, mais le phénomène s’est amplifié ces dernières années avec l’explosion des rencontres en ligne et la marchandisation effrénée du désir qui en découle, cette frénésie consumériste qui permet de papillonner en totale insouciance, y compris immoralement sinon illégalement, sans avoir le moindre compte à rendre à quiconque : le jeu de l’amour est complexe, sournois, souvent insaisissable. Horriblement déroutant, voire destructeur pour les plus romantiques, les plus exigeants à la stricte réciprocité sentimentale et donc les plus fragiles aux traumatismes répétés de l’abandon.
Or, à s’y investir très vite (trop vite ?) totalement, déraisonnablement, à y miser son temps, son énergie, son argent, son cœur, son corps, tout son esprit, expose dans la majorité des cas, à des désillusions d’autant plus blessantes, une fois que le leurre est dévoilé.
Il suffit parfois d’une phrase, d’un SMS mal interprété, d’un peu trop d’ego (mal placé), d’un passif mal géré (non communiqué), ou tout simplement de l’apparition d’un tiers providentiel, une rencontre plus ou moins fortuite, plus ou moins provoquée (si facilement en quelques clics), mais pour autant très opportune, pour que tout bascule… Les histoires d’amour finissent mal, en général.
Cela dit, une étude OpinionWay, réalisée pour Clearpay, société proposant du paiement fractionné en ligne, traitant des habitudes de consommation de la génération Z (les 15-25 ans) pour la Saint-Valentin, et rendue publique la semaine dernière, est venue quelque peu tempérer certaines de mes pessimistes appréhensions.
Car en la parcourant, on constate que les jeunes générations plébiscitent la Saint-Valentin : neuf jeunes en couple sur dix ayant répondu au sondage déclarent offrir un cadeau à leur partenaire à cette occasion (92%, dont 72% systématiquement/souvent).
Par ailleurs, le budget moyen des interrogés s’élève à 151 euros. Une somme particulièrement importante pour cette catégorie d’âge dont le pouvoir d’achat est inférieur à celui de leurs aînés. Si les moins de 18 ans allouent un budget moins conséquent à cette occasion (plus d’un répondant sur deux de cette tranche d’âge déclare dépenser moins de 50 euros), ils restent attachés à la tradition puisque 56% d’entre eux déclarent faire généralement un cadeau à leur partenaire.
En lisant cela, quelques-uns de mes doutes les plus anxiogènes à l’égard du devenir de l’Humanité se sont évaporés. L’Amour est toujours là. Sa valeur est toujours aussi importante. Peu importe qu’elle se traduise en bijoux, en vêtements, ou en cosmétiques, les jeunes amoureux sont toujours majoritairement animés, portés, sublimés par ces émotions transcendantes qui nous conduisent à pouvoir tolérer le poids d’un quotidien fréquemment morne, linéaire et fastidieux. Même si elle ne le conscientise pas entièrement, notre jeunesse assimile déjà, ce sentiment précieux qui nous réalise, en nous faisant grandir ensemble, confiants, vers un avenir meilleur.
Ce sont même eux qui nous montrent le chemin. Dans tous les domaines, encore plus en amour, ce n’est pas tant l’acte en lui-même, encore mois le cadeau qui est important.
Du bon comme du mauvais côté, c’est surtout l’intention qui compte…