Dole. Quand l’art devient rencontre à l’Arche en Pays Comtois

Jeudi 9 octobre, au sein de l’Arche en Pays Comtois, élèves du lycée Pasteur et personnes en situation de handicap mental ont uni leurs talents pour donner vie à une fresque colorée. Plus qu’un projet artistique, une véritable rencontre humaine, organisée dans le cadre des Semaines d’information sur la santé mentale.

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Une matinée qui a permis de créer de belles rencontres.
Une matinée qui a permis de créer de belles rencontres.

Dans les locaux de la Maison des Orphelins, siège de l’Arche en Pays comtois, l’agitation n’avait rien de quotidien. Quatorze élèves de terminale ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne) du lycée Pasteur étaient venus prêter main-forte à dix résidents des trois foyers de l’association. Objectif : créer ensemble une fresque qui resterait comme le symbole de cette journée singulière.

Un duo pour une création unique

Le visage de l’œuvre avait été esquissé en amont par la professeure d’arts appliqués du lycée et les élèves de la filière. Restait à le faire vibrer de couleurs et de motifs. Pour cela, des duos inédits ont été formés : un lycéen, une personne en situation de handicap. Ensemble, ils se sont essayés à la technique des tampons, multipliant les empreintes pour composer une œuvre collective.

Pour beaucoup, c’était une première. « C’était la première fois, ça donne de l’interaction », souligne Angélique, assistante pour les activités à l’Arche, qui a vu s’installer petit à petit un climat de confiance et de curiosité mutuelle.

Créée en 1964 par Jean Vanier, L’Arche est une fédération internationale d’associations qui accueillent et accompagnent des personnes en situation de handicap mental. Aujourd’hui présente dans une quarantaine de pays, elle défend un principe simple : vivre ensemble avec nos différences, dans une logique de réciprocité et non seulement d’accompagnement médico-social.

En France, chaque communauté de L’Arche associe foyers de vie, ateliers et espaces de partage. Salariés, bénévoles et volontaires y vivent aux côtés des personnes accueillies, dans une dynamique de fraternité. En Pays comtois, trois foyers forment le cœur de cette communauté locale, qui multiplie les projets collectifs et s’ouvre régulièrement vers l’extérieur.

Des regards croisés, des limites dépassées

L’exercice n’était pas sans difficultés. Les bénéficiaires de l’Arche sont atteints de handicaps mentaux, ce qui peut rendre la concentration fragile et l’effort créatif exigeant. « C’est compliqué pour eux car ça demande beaucoup d’attention, le temps de concentration est limité », confie Dominique, bénévole chargé des activités artistiques. Pourtant, chacun a trouvé sa place dans le processus.

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Christelle, l’une des participantes, en témoigne avec un large sourire : « C’était bien. J’ai fait visiter les chambres, le site, ma partie préférée était la peinture. C’était la première fois ». Au-delà de la fresque, c’est une rencontre qui s’est jouée : le partage d’un lieu de vie, la découverte de l’autre dans ses gestes, sa personnalité, ses forces.

Car ces moments de co-création restent rares. En dehors des ateliers définis par l’Arche, les occasions de croiser d’autres publics ne sont pas fréquentes. C’est aussi ce qui rend cette journée mémorable. Les élèves ont découvert la réalité d’un handicap trop souvent réduit à une abstraction, et les résidents ont savouré le plaisir d’être pleinement acteurs d’un projet collectif.