Gilbert Barbier, la problématique de la traversée du Doubs était une longue histoire à Dole et comment finalement l’idée de faire le pont de la Corniche a-t-elle été retenue ?

“L’idée de faire une nouvelle traversée du Doubs, en plus du Pont Louis XV à Dole, remontait bien avant mon arrivée à la tête de la mairie et plusieurs options avaient été envisagées. Dans les années 70, avec l’aménagement de la zone à urbaniser en priorité, (ZUP) actuel quartier des Mesnils-Pasteur, l’hôpital et le développement de la zone portuaire de l’autre côté du Doubs, le projet de faire une liaison entre les deux était dans les cartons depuis un petit moment.
A la fin des années 70, la municipalité socialiste de Jean-Pierre Santa Cruz avait envisagé un passage plus intra urbain.
Mais il faut bien avoir en tête qu’à l’époque toutes ces réflexions étaient un peu menées en attente du canal à grand gabarit qui avait été initié en 1976. On savait que dans le cadre de la construction de ce grand canal, l’opérateur en charge des travaux, la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), allait être obligé de traiter le problème de la traversée du grand canal et par conséquent faire un pont. Donc pour ne rien vous cacher, on comptait tous un peu là-dessus en se disant que sur le plan financier ce serait intéressant pour la collectivité puisque le problème serait réglé par la CNR.”
Combien de véhicules empruntaient le pont Louis XV avant la mise en fonction du pont de la Corniche ?
“En 1989, environ 25.000 véhicules par jour empruntaient le pont Louis XV, ça bouchonnait pas mal et il fallait parfois s’armer de patience avec 15 à 20 min d’attente aux heures de pointe, à midi c’était assez infernal ! ”
Puis au fil des ans, le projet a pris du retard et en 1986 ce dernier a été repoussé et on savait qu’on ne verrait pas le début des travaux avant une dizaine d’années. Pendant ce temps les problèmes de circulation demeuraient et on s’est dit qu’il fallait prendre les choses en main.
En 1987, nous étions en fin de mandat et nous avons lancé des études pour explorer des solutions et avancer pour fluidifier la circulation à Dole. Une fois réélu maire de Dole en 1989, j’ai pris mon bâton de pèlerin et je suis allé taper aux portes du Département, de la Région et de l’Etat pour obtenir des soutiens financiers.”
Quels ont été les principaux financeurs de ce projet aux côtés de la ville de Dole ?
“Sur ce projet, nous avons été soutenus par la Région et le Département, à eux deux ils ont participé à hauteur de 30 % sur un coût total de 97.000 000 de Francs (TTC).”
Plusieurs projets vous ont été présentés ?
Nous avions retenu 8 candidatures et 4 ont été autorisées à aller plus loin dans la procédure. La plupart étaient des ponts classiques, mais une proposition s’est distinguée, celle de l’entreprise Campenon Bernard, qui avait mis au point une technique d’incorporation de métal sous forme de lames plissées et avait réalisé un premier test sur un petit pont à Cognac.
Mais il faut bien avouer que la technique était très novatrice pour l’époque ! La Ville de Dole était maître d’ouvrage et le maître d’œuvre était le centre d’étude technique d’équipement de Lyon et qui après étude de cette proposition nous a dit qu’elle était intéressante.”
Combien mesure le Pont ?
“Il mesure 496 mètres de long, avec une pente de 3.5 %, c’était la limite réglementaire à ne pas dépasser, au-delà nous aurions eu d’autres contraintes techniques.”
Combien de temps ont duré les travaux ?
“Ils se sont déroulés sur une période de 2 ans et 4 mois. Mais il faut bien le dire, ce ne sont pas des travaux qui ont perturbé la vie quotidienne des Dolois.”
Pourquoi a-t-il été décidé de faire le pont au niveau de la Corniche ?
“Nous aurions pu le faire un peu plus loin en allant sur Choisey où il y avait moins de pente, mais je pense que cela aurait moins desservi la ville et nous avons voulu rester sur le territoire communal. A 100 mètres du pont actuel, il y a par exemple, le château de Crissey et il aurait alors fallu entrer dans des réflexions à l’échelle intercommunale.”
Dominique Voynet, contre le grand canal, mais pas beaucoup plus séduite par le pont de la Corniche !
“Si aujourd’hui l’utilité du pont de la Corniche n’est plus à démontrer et que sa réalisation est loin d’avoir été un caprice, certaines critiques ont tout même pu être faites à l’intention de Gilbert Barbier et son équipe. A l’époque, il y avait notamment Dominique Voynet qui était entrée au conseil municipal et qui faisait partie de ceux qui me disaient qu’il fallait davantage développer les mobilités douces et le réseau de transport en commun, plutôt que favoriser la circulation automobile, mais assez rapidement beaucoup ont admis que ce pont était utile.”
E.S.