Village de la communauté de communes du Val d’Amour, Chamblay offre un cadre de vie verdoyant aux Chamblaysiens et aux Chamblaysiennes y vivant. Traversée par la Loue, la commune connut une histoire riche et précieuse en lien avec ce cours d’eau. Le passé de Chamblay se caractérise notamment par la présence autrefois d’un port. « Le vaste port de Chamblay reçoit les bois de sapins de forêts des arrondissements de Poligny et de Pontarlier, ainsi que les bois de chêne des environs », explique Alphonse Rousset dans son dictionnaire sur les communes de Franche-Comté. Au XIXe siècle, le village était donc un lieu de passage important pour le commerce des bois, via notamment l’activité de radelier.

 

Au fil des siècles, la démographie évolua considérablement à Chamblay. En 1790, le village abritait 640 habitants. La population augmenta rapidement ensuite jusqu’en 1846 pour atteindre 1377 habitants, soit plus du double du nombre de villageois en une cinquantaine d’années. Il s’agit là de l’apogée démographique de Chamblay. En revanche, à partir du milieu du XIXe siècle, le nombre de Chamblaysiens diminua progressivement, pour atteindre 1304 habitants en 1851, 972 personnes en 1872 (et plus que) 687 individus en 1901 – soit une diminution similaire à l’augmentation entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle.

La présence du port de Chamblay favorisa ce gain d’habitants. Comme le note Alphonse Rousset, contemporain des faits, « Ce port, une des grandes ressources du pays, occupe plus de 200 bras ».

Au début du XXe siècle, la population de Chamblay était donc revenue à ce qu’elle était durant la Révolution française (1789-1799). Mais malgré une augmentation du nombre d’habitants lors du recensement de 1906, s’établissant à 707 individus, le village perdit d’année en année des habitants, jusqu’à 337 personnes en 1982 – ce qui reste le record connu du plus faible nombre de Chamblaysiens.

L’exode rural eut donc un effet à Chamblay. Les conséquences de la Première et de la Seconde Guerre mondiale se traduisirent aussi par une perte d’habitants – ce qui s’explique aisément puisque 26 personnes nées à Chamblay furent par exemple tuées durant la Grande Guerre.

Des années 1980 au début des années 2010, le nombre d’habitants était de plus en plus important. Depuis une dizaine d’années, une stagnation s’est installée aux alentours de 420/430 âmes.

 

La réfection de la mairie devrait néanmoins débuter en 2024. L’entrée sera ainsi refaite notamment pour une mise en accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.

Histoire et origine de cette localité

Il est complexe d’analyser les temps les plus reculés de l’histoire de Chamblay, le manque de sources – comme c’est souvent le cas – étant important. Alphonse Rousset ne s’y risquait même pas au XIXe siècle, expliquant ; « On ne saurait faire un pas dans l’histoire de Chamblay sans se heurter contre un problème. Tout y est obscur ». Bien que cette vision soit radicale, il est plus aisé d’analyser l’histoire médiévale du village.

Le château de Clairvans [orthographié « Clervans » dans l’ouvrage d’Alphonse Rousset] existe depuis le Moyen Âge. « L’histoire du château de Clervans commence par un désastre. Dans la guerre que les barons comtois firent à Philippe-le-Long <sic>, ils brulèrent cette forteresse », note Alphonse Rousset. Le château fut ensuite rebâti sous le règne de Philippe le Bel (1285-1314), en 1301. Après de multiples péripéties, le château fut repensé au XIXe siècle. Alphonse Rousset, contemporain des faits, précise que lors de la rédaction de son ouvrage, les travaux n’étaient pas encore terminés : « L’ancien castel est remplacé par un château moderne que fait bâtir M. de Saint-Mauris-Châtenois, et dont l’intérieur n’est pas encore terminé ».

Le château abrita ensuite, de 1914 à 1933, une grande ferme dirigée par un banquier égyptien. Le docteur Cartault d’Arbois voulut ensuite en faire une maison de santé en 1937, mais la Seconde Guerre mondiale le stoppa dans ses ambitions. Après la guerre, Peugeot utilisa le château pour y accueillir des colonies de vacances. Ce n’est qu’en 1989 que les actuels propriétaires achetèrent la bâtisse.

 

Autrefois, il devait aussi exister à Chamblay une tour. Alphonse Rousset l’explique : « Un champ de ce village porte encore le nom de champ de la Tour. Il y avait là effectivement une tour dans laquelle demeuraient les sires d’Oiselay ».

 

Chamblay connut des heures sombres. Au IIIe siècle, il est possible que les habitants du village fussent impactés par des intrusions germaniques. Les guerres que connut la Franche-Comté au cours de son histoire, contre Louis XI à la fin du XVe siècle par exemple ou contre Henri IV à la fin du siècle suivant, eurent peut-être des effets à Chamblay aussi.

En 1628, il est toutefois certain qu’un réel événement se produisit puisqu’une inondation détruisit « entièrement le village de Fontenoy-d’Aval, qui faisait partie de la paroisse de Villers-Farlay ; son territoire est compris dans celui de Chamblay ». La proximité avec la Loue, qui pouvait connaître de fortes crues, entraîna sûrement de nombreuses inondations au cours des siècles.

Signés en 1678, les traités de Nimègue eurent notamment pour effet le passage du comté de Bourgogne sous l’autorité du roi de France. Alors, Chamblay devint officiellement français.

 

Construite au siècle suivant, l’église actuelle fut plus précisément débutée en 1771. La construction de l’église Saint-Étienne de Chamblay s’acheva en 1775. Elle est l’œuvre d’Anatoile Amoudru (1739-1812). Financée par les fonds privés de la marquise de Salives, avec le concours des habitants de Chamblay pour le transport des matériaux, cette église est composée d’un clocher, qui comme le note Alphonse Rousset, « est terminé par un gracieux dôme ». Situé à 32 mètres de hauteur, ce clocher fut restauré en 1959.

 

En parallèle, Chamblay vit naître quelques personnages. À l’époque moderne, François Bouton qui fut jésuite et professeur de philosophie naquit dans le village. Il décéda en 1628. 3 siècles plus tard, en 1941, Jean Robichard qui est acteur et metteur en scène y naquit aussi.

Un général vécut aussi dans la commune au début du XXe siècle. Il s’agit de Stéphane Victor Pillot (1856-1924).

 

Durant la Première Guerre mondiale, 26 personnes nées à Chamblay perdirent la vie, à l’instar de Victor Loiseau. Né le 23 novembre 1881, il faisait partie de la 15e section de commis et ouvriers militaires d’administration. Il décéda à Cer, dans l’actuelle Macédoine du Nord, le 18 octobre 1918 à la suite d’une maladie contractée en service.

Un autre enfant du pays, Julien Adrien Gustave Dominey connut un destin tout aussi tragique. Né le 18 décembre 1895, il faisait partie du 121e bataillon de chasseurs à pied. Il décéda en Allemagne (peut-être à Hilchenbach), en captivité le 27 décembre 1918 à l’âge de 22 ans – soit après la signature de l’armistice le 11 novembre 1918.

 

La Seconde Guerre mondiale tua heureusement moins d’enfants du village. Malgré tout, 5 personnes nées à Chamblay périrent durant le conflit, dont René Ernest Guyon, né le 6 janvier 1920, du 44e régiment d’infanterie qui mourut pour la France au début de la guerre, le 14 juin 1940 à l’âge de 20 ans. À la fin du conflit, le 24 mars 1945, René Billet, né le 27 août 1917, mourut pour le pays à Gotenhafen (dans l’actuelle Pologne) à l’âge de 27 ans, tué par des éclats d’obus.

 

Le château de Clairvans souvent loué

Durant toute l’année, le château de Clairvans est un lieu souvent loué pour divers événements privés (banquets, réceptions, mariages, séminaires…). Après les difficultés liées à la pandémie, la saison normale qui s’annonce sera profitable à l’entreprise. Depuis avril et jusqu’en octobre 2022, le château est d’ores et déjà loué tous les week-ends. Des locations qui fonctionnent donc très bien.

Durant toute l’année, le château de Clairvans est un lieu souvent loué pour divers événements privés (banquets, réceptions, mariages, séminaires…).

En parallèle, depuis le mois de juin 2022, un gîte est ouvert dans un bâtiment annexe de la propriété du château. Un gîte qui pourra accueillir 15 personnes. À côté de celui-ci, il existe également des gîtes de 4 personnes.

 

L’histoire riche des radeliers de la Loue

Chamblay est lié à l’histoire riche des radeliers de la Loue – ces hommes qui naviguaient autrefois sur des embarcations rudimentaires en bois. Les derniers radeaux quittèrent toutefois Chamblay en 1901.

Des images de flottage permettent de comprendre l’histoire des radeliers.

En 1985, Roger Lamy de Chamblay transmit à Robert Francioli, l’actuel président de la confrérie Saint-Nicolas des radeliers de la Loue, l’envie de mener des recherches sur ces hommes. Durant une dizaine d’années, jusqu’en 1994 – année de la rédaction des statuts la confrérie – il collecta seul de précieux documents. L’an dernier, un DVD réalisé par Dominique Debaralle sortit pour voguer aux côtés des radeliers d’hier et d’aujourd’hui.

Pour faire connaître l’histoire de ces hommes, depuis le début des années 2010, le R’paire est un lieu d’exposition permanente sur le flottage des bois, activité économique qui connut son paroxysme au XIXe siècle. Espace de médiation culturelle, le R’paire – situé à Chamblay – est ouvert tous les jeudis après-midi de l’été, mais également sur demande.

 

François Mitterrand à Chamblay

Après la déroute de 1940 et jusqu’au milieu de la Seconde Guerre mondiale, la Loue, passant à Chamblay, matérialisait la ligne de démarcation, c’est-à-dire la frontière entre la zone occupée et la zone libre. Pour se rendre d’une zone à l’autre, des personnes transitèrent par le village.

Ainsi, un dénommé François Mitterrand, né le 26 octobre 1916 à Jarnac (Charente), passa la ligne de démarcation à Chamblay. 40 ans plus tard, en 1981, il fut élu président de la République française, et ce jusqu’en 1995. Il décéda peu après la fin de son second mandat présidentiel, en janvier 1996 à Paris.

 

 

Un pont flambant neuf depuis 2019

En 1865, une demande fut formulée par le conseil municipal pour l’élévation d’un pont sur la Loue afin d’accroître les liens entre les deux rives. Inaugurée en 1869, cette réalisation fut archaïque en 1933. Un nouveau pont à arches fut alors opérationnel dès 1935.

Le pont de Chamblay le jour de son inauguration, en 2019.

« Durant la Seconde Guerre mondiale, il servira de point de contrôle allemand pour traverser la ligne de démarcation. En 1944, des combats se dérouleront au croisement de la croix à Chatelay et dans Chamblay pour empêcher les Allemands de le détruire. Durant ces combats, 11 Français et 50 Allemands perdront la vie », souligne Philippe Brochet, maire de Chamblay avant de poursuivre, « dans les années 1960, le tracé de la Loue est modifié. Cette modification va entraîner un enfoncement de son lit, nécessitant des travaux 20 ans plus tard sur les piles datant du premier pont ».

Ce pont à deux voies fut inauguré en 2019 par Clément Pernot, président du conseil départemental du Jura.

En 2008, celui-ci fut limité à 3,5 tonnes. Rapidement, les cars, les camions et les tracteurs durent faire des détours pénibles. La volonté de reconstruire un nouveau pont était alors importante. Néanmoins, le coût d’une telle réalisation freina l’avancée du projet. En février 2018, les travaux débutèrent toutefois. Ils s’achevèrent en novembre 2019. Le département finança l’ensemble des coûts de cette construction.

 

Une commune dynamique

Pour animer le village, 9 associations sont basées à Chamblay (les Amis de Chamblay ; la confrérie Saint-Nicolas des radeliers de la Loue ; la gaule du Val d’Amour ; les Arts Créatifs ; l’ACCA de Chamblay (association communale de chasse) ; l’Amicale des sapeurs-pompiers ; Cal Gym ; Club Chamblay Loisirs (CCL) ; l’association des parents d’élèves à pas de Loue).

Créée en 2009, l’association des Amis de Chamblay compte des membres cherchant à proposer des activités culturelles de loisirs et sportives par exemple. L’idée est donc de créer du lien entre les Chamblaysiens et les Chamblaysiennes. Ainsi, une fois par mois environ, les bénévoles de cette association organisent une pétanque.

La fête patronale se déroulant le premier dimanche d’août est également un moment où les habitants peuvent se rencontrer ou se retrouver. Pour l’occasion, une brocante est organisée et des feux d’artifice sont tirés.

L’autre avantage de Chamblay est son dynamisme économique. Il existe tout de même une vingtaine d’entreprises dans le village. Un ratio peu commun pour un village rural d’environ 420 habitants.

 

De nombreux projets réalisés et à venir

L’an dernier, le magazine d’économie Management, basé à Paris, a publié un article dans lequel il présente 7 villages en France dans lesquels télétravailler. Le premier de cette petite liste est Chamblay. Ouvert depuis novembre 2019 (au 52, Grande Rue à Chamblay), le Relais d’entreprises du Val d’Amour a de beaux jours devant lui. C’est un véritable moyen de créer un espace de travail, pas si loin de son domicile, tout en séparant vie privée et vie professionnelle. Des salariés et des entrepreneurs ont donc la possibilité de travailler à Chamblay avec des bureaux meublés d’une grande qualité. Bien que Chamblay soit une commune rurale, toutes les commodités y sont présentes. L’espace entier a été pensé pour favoriser la productivité, tout en développant son réseau.

Le Relais d’entreprises du Val d’Amour a de beaux jours devant lui.

Ouvert en 2019, le nouveau siège social de la communauté de communes du Val d’Amour, réel vitrine du territoire, est également situé sur la commune de Chamblay – le village ayant une position centrale.

Inauguration du nouveau siège de la communauté de communes du Val d’Amour à Chamblay en 2019.

Plus récemment, en janvier 2021, le groupe scolaire La Loue ouvrit ses portes à Chamblay. Pour l’année scolaire qui s’achève, 205 élèves sont dénombrés, pour 9 classes et une classe ULIS. À la rentrée scolaire, il est possible qu’il y ait moins d’élèves. Les locaux sont de grande qualité et d’une modernité à la hauteur de l’enjeu qu’ils représentent.

La commune doit donc encore digérer tous ces aménagements récents, qui se traduisirent naturellement par des coûts relativement importants. Ainsi, pour le parking du groupe scolaire par exemple, la charge de la commune était de 127 000€, dont 45 000€ qu’il convient encore de rembourser. Il suffit à cela d’ajouter les coûts des derniers travaux sur les routes et il est aisé de comprendre que les projets pour cette année et l’année prochaine seront limités pour Chamblay.

 

Quelques travaux d’entretien devraient aussi être réalisés, à l’instar du recrépissage du mur extérieur à l’arrière de l’église.

La réfection de la mairie devrait néanmoins débuter en 2024. L’entrée sera ainsi refaite notamment pour une mise en accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Le plafond de la cave étant dans un état lamentable, ce sera également l’occasion de s’en occuper. Plus globalement, l’idée est de sécuriser et de rénover la mairie du village.

Quelques travaux d’entretien devraient aussi être réalisés, à l’instar du recrépissage du mur extérieur à l’arrière de l’église.

Le premier magistrat de la commune a une autre volonté : « Ce que je voudrais bien faire, c’est essayer de faire un chemin piéton le long de la rue du Pont parce que les gens marchent sur la route. Il faut qu’on voit ce qu’on a le droit de faire ».

L’autre projet en cours, lancé depuis 2016, qui ne cesse de diviser la population est celui des éoliennes. Philippe Brochet en explique l’avancée : « On a toujours le projet éolien sur la commune. Aujourd’hui, tout le dossier est à la préfecture. Ils ont demandé des pièces complémentaires qui doivent être fournies pour décembre 2022. J’informe beaucoup la population. On attend des études complémentaires. Les éoliennes, si elles tournent un jour, elles tourneront en 2028, pas avant. Nous, on ferait ça en forêt. On a une forêt qui n’est pas très belle. On a beaucoup de chênes qui sont gelés. Elle ne nous rapporte pas énormément notre forêt. Ce serait sur la forêt communale puisque moi, j’estime que c’est bien que ça soit sur le domaine public. Que si ça rapporte, ça rapporte à tout le monde, que ça ne rapporte pas qu’à quelques personnes ». Le projet est donc encore en cours d’analyse.

Pour le confort de chacun, la fibre est également opérationnelle depuis un an grâce au soutien de l’État, de la région, du département et de la communauté de communes du Val d’Amour.

Un nouveau site internet plus accueillant est également en cours de construction.

En novembre 2022, trois tableaux de l’église, restaurés en 2017 et 2019, partiront aussi pour une exposition dans un musée de Besançon.

 

Riche de par son histoire, Chamblay est donc aujourd’hui une commune qui concentre plusieurs atouts au sein de la communauté de communes du Val d’Amour.

 

Pour aller plus loin : bibliographie non exhaustive :

FRANCIOLI Robert, ACOLAT-PEUQUET Élisabeth, Les radeliers à Chamblay au 19ème siècle, Chamblay, 2019.

ROUSSET Alphonse, MOREAU Frédéric, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté (…), Besançon, Bintot, imprimeur-libraire, tome I, 1853, pp. 393-401.

Anthony Soares

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