C’est la ville d’Auxonne, judicieusement placée sur la rive gauche de la Saône, à la limite
des territoires franc-comtois et bourguignons, et dont le patrimoine reflète l’ensemble des thématiques étudiées et présentées dans l’ouvrage, qui a accueilli l’événement.
Richement illustré et publié dans la collection nationale des Images du Patrimoine, « Au fil de la Saône, histoire d’une rivière navigable » restitue les principaux résultats de l’étude d’inventaire menée sur le patrimoine de la rivière entre 2015 et 2021 par les chercheurs du service Inventaire et patrimoine de la Région. Il invite le lecteur à découvrir ou redécouvrir les éléments patrimoniaux qui rendent compte de l’aménagement et de la canalisation de la Saône et la diversité des paysages que traverse la rivière.
Tout un périple régional
Si la Saône prend sa source dans les Vosges et conflue avec le Rhône à Lyon, c’est
bien en Bourgogne-Franche-Comté qu’elle parcourt l’essentiel de son périple. La
rivière constitue d’ailleurs un élément indissociable de l’histoire régionale et un
marqueur territorial fort.
Les importantes mutations que connaît la Saône au cours des deux derniers siècles
contribuent à améliorer significativement ses conditions de navigation. En étudiant
l’ensemble des ouvrages liés à la canalisation et à l’aménagement de ses rives
(barrages, dérivations, sites d’écluse, ports, ponts, etc.) en Bourgogne-Franche-
Comté, la Région a souhaité mettre en évidence les éléments patrimoniaux qui
jalonnent le tracé de la rivière pour mieux comprendre leur histoire, leur évolution
et leurs usages.
Grâce à ses nombreuses illustrations, ce livre invite à découvrir ou redécouvrir les
ouvrages qui rendent la Saône navigable en Bourgogne-Franche-Comté, tout en
donnant à voir la diversité des paysages parcourus
Une navigation saisonnière
Le régime aléatoire de la Saône, caractérisé par une sécheresse estivale et des crues hivernales, est à l’origine d’une navigation saisonnière, possible seulement pendant les hautes eaux, sur une courte partie de l’année. Ces conditions de navigation difficiles sont renforcées par la morphologie du lit de la rivière, peu large dans sa partie supérieure et abritant de nombreuses îles.
Si, à la fin du 18e siècle, la Saône est un axe fluvial majeur pour le commerce et
la circulation des biens et des personnes, à une époque où les voies de communication
terrestres sont peu sûres, la complexité juridique du partage des responsabilités sur son
cours rend difficile la mise en œuvre d’une politique de grands travaux d’aménagement.
L’inspection générale de la Saône qu’est chargé de conduire, en 1779, l’ingénieur Thomas Dumorey (1717-1782) plaide pour la nécessité de perfectionner la navigabilité de la rivière et constitue une solide expertise pour solliciter l’extension des droits des États de Bourgogne sur la Saône. Conscients de l’enjeu que cela représente dans le développement et l’aménagement des territoires qu’elle traverse, les États de Bourgogne obtiennent du roi le rattachement des droits sur la Saône bourguignonne en 1781 (lettres patentes du 25 janvier).
Le halage
Avant que les bateaux ne soient motorisés, ils étaient tractés le long des rivières
et des canaux à l’aide d’une corde tirée par des hommes ou des animaux. Le halage
est pratiqué depuis l’Antiquité le long de la Saône et l’entretien des chemins est
primordial pour assurer le commerce fluvial.
À la fin du 18e siècle, l’inspection menée par l’ingénieur Thomas Dumorey dresse l’état du chemin de halage le long de la Saône et met en exergue la nécessité de construire des ouvrages, principalement des ponts, pour franchir les multiples cours d’eau qui le coupent. Il propose un modèle type et préconise qu’ils soient provisoirement en bois, mais suffisamment solides pour durer au moins vingt ans. La plupart de ces ponts, désormais en maçonnerie ou en métal, permettent de franchir des ruisseaux, des biefs, des raies et des noues.
Les ponceaux, le long du chemin de halage sont un témoin des travaux souvent antérieurs à ceux de la canalisation de la rivière. À la fin du 18e siècle, Dumorey mentionne déjà le pont de Dame Renaude, par exemple, le long de l’actuel bras du Châtelet. Au cours du 19e siècle, les ingénieurs des Ponts et Chaussées dressent des plans des ouvrages à réaliser et précisent leur localisation.