Jura. L’invité de la rédaction : Jean-Claude Herbillon

À l’occasion du 11 novembre,, Jean-Claude Herbillon, président départemental de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance (ANACR) du Jura, revient sur le sens du devoir de mémoire et la manière de le transmettre.

0
74
devoir de mémoire Jura
Jean-Claude Herbillon, à l'occasion du rallye mémoire organisé à Lons-le-Saunier.

Que représente pour vous la mémoire ?

La mémoire, ce n’est pas seulement le souvenir, c’est la connaissance. Il faut connaître pour comprendre. C’est ce que je dis souvent : se souvenir, c’est bien, mais il faut savoir pourquoi on se souvient. La mémoire, ce n’est pas que de l’émotion, c’est du savoir.

Vous parlez d’une mémoire “vivante”. Qu’entendez-vous par là ?

C’est une mémoire qu’il faut faire vivre, sinon elle s’efface. Les monuments sont là, mais il faut rappeler les histoires qui se cachent derrière les noms. Chaque nom correspond à une vie, à une histoire. Si on ne raconte pas, on finit par ne plus savoir pourquoi on se recueille.

Le 11 novembre est-il encore un moment important dans ce travail de mémoire ?

Oui, bien sûr. Même si parfois, on n’est pas nombreux. Certaines municipalités ne veulent plus faire de cérémonies. Mais on insiste, on y va, on dépose une gerbe, même s’il n’y a que quelques personnes. C’est déjà une façon de dire qu’on n’oublie pas.

Vous sentez un désintérêt autour de ces commémorations ?

Oui, il y en a. Il y a de moins en moins de monde, et souvent les gens ne savent plus vraiment ce que représente la date. Mais pour moi, ces moments sont importants. Ce sont des repères collectifs, des occasions de se souvenir ensemble.

Comment transmettre cette mémoire aux jeunes générations ?

Il faut s’adapter à eux. On ne peut pas leur parler comme avant. Il faut leur donner du concret. Par exemple, on organise un “rallye de la mémoire” à Lons-le-Saunier. Les élèves visitent les lieux, ils voient encore des impacts de balles sur les murs, ils découvrent les histoires locales. Et après, ils en parlent chez eux. C’est comme ça que la mémoire circule.

Jeun Concours Aqua Design

Les réseaux sociaux jouent-ils un rôle dans cette transmission ?

Oui, complètement. Nous avons une page Facebook, avec environ 2 000 abonnés. On y met des histoires, des photos, des témoignages. Ça touche des gens qui ne viendraient jamais à une cérémonie. C’est une autre façon de faire vivre la mémoire.

Quel est, selon vous, le rôle du devoir de mémoire ?

C’est une responsabilité. Il faut comprendre ce qu’on commémore, sinon ça ne veut plus rien dire. Comme disait Paul Valéry, “la mémoire est l’avenir du passé”. C’est une phrase que je cite souvent, parce qu’elle résume bien l’idée : la mémoire, ce n’est pas regarder derrière soi, c’est se donner les moyens d’avancer sans oublier.