Jura. Un sursis pour la ligne des Hirondelles mais pas encore la sauvegarde

La ligne des Hirondelles a gagné un répit, mais reste menacée. La Région Bourgogne–Franche-Comté a voté 12,2 millions d’euros sur trois ans pour des travaux urgents entre Andelot et Saint-Claude. Un geste salué, mais jugé insuffisant par Kévin Taboada, président de la Fnaut Arc Jurassien.

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Ligne des Hirondelles Haut-Jura
La ligne des Hirondelles a obtenu un sursis, mais sa sauvegarde n'est pas encore acquise.

La ligne des Hirondelles a gagné un sursis, mais pas encore sa survie. En votant 12,2 millions d’euros sur trois ans, la Région Bourgogne-Franche-Comté vient offrir un répit aux usagers des 73 kilomètres de la ligne. Mais « la ligne des Hirondelles n’est pas encore sauvée, prévient Kevin Taboada, président de la Fédération nationale des usagers des transports (Fnaut) Arc Jurassien. Il y a un mur d’investissement. C’est un sursis de courte durée, mais il faudra bien plus d’argent pour sauver définitivement la ligne. »

Des infrastructures centenaires et fragiles

Sur ses 73 kilomètres, la ligne traverse vallées et reliefs accidentés, entre viaducs, tunnels et ouvrages d’art. Mais le patrimoine technique se dégrade. « Les 12 millions vont servir en partie au confortement de deux tunnels qui sont dans un état critique selon SNCF Réseau », explique-t-il.

Les composants de la voie sont vieillissants. « En gare de Morez, on a des traverses qui ont plus de cent ans. Ça fait plus d’un siècle qu’on n’a pas remplacé la voie, précise-t-il. C’est comme sur une route : si on ne refait pas le revêtement, le goudron s’abîme. Dans le ferroviaire, c’est pareil. Dès que les composants de la voie sont vieillissants, on abaisse la vitesse, et à force, un train ne peut plus circuler. »

Le tunnel de la Savine, long de plus de deux kilomètres, reste l’un des points les plus critiques. « C’est en partie ce tunnel-là qui pose problème aujourd’hui pour le maintien de la ligne », ajoute Kevin.

Un service public essentiel

La ligne n’est pas seulement touristique : elle relie les habitants aux services essentiels, à l’éducation et à l’emploi. « Si on ferme la ligne dans trois ans, on enclave encore plus le Haut-Jura, qui est déjà très compliqué en termes de services publics, avertit ce dernier. Déjà pour aller se soigner, il faut plutôt aller à Lons ou à Oyonnax, parce qu’on a fermé des services à l’hôpital de Saint-Claude. C’est un service public essentiel pour aller dans les grandes villes, pour la santé, l’éducation ou les études. »

Mais l’offre actuelle reste limitée. « Aujourd’hui, par exemple, vous voulez partir de Saint-Claude ou de Morez, vous n’avez pas de train entre 9 h et 10 h et 17 h. Ce ne sont pas forcément des horaires adaptés à tous. » Pour la Fnaut, il est possible d’harmoniser les horaires à court terme. « On ne dit pas de le faire aujourd’hui, mais dans un horizon d’un à deux ans, on peut largement harmoniser les horaires avec les trains qu’on a. »

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Mobilisation et responsabilités

Reste la question des financements. « La Région a fait un premier pas, mais maintenant il faut que l’État prenne ses responsabilités, rappelle Kevin Taboada. Ce n’est pas à elle de tout assumer, parce que c’est l’État qui est propriétaire des infrastructures. »

Pour sensibiliser élus et usagers, des rassemblements se sont déroulés ce samedi 18 octobre en gare de Saint-Claude et Champagnole. « Nous maintenons la mobilisation parce qu’il ne faut pas lâcher prise. On a gagné une bataille, mais la bataille n’est pas encore finie. C’est une petite victoire », conclut le président de la Fnaut.