C’est en 1735 que commence l’histoire. Léonard de Mesmay, notable dolois, offre une maison aux Frères des Écoles chrétiennes pour qu’ils y ouvrent une école gratuite. À une époque où peu d’enfants des classes populaires savent lire, cette initiative est audacieuse. Les Frères, venus de Reims, assurent une éducation à la fois morale et pratique. Très vite, l’école gagne en réputation et devient un pilier de l’enseignement local.
Mais la Révolution française redistribue les cartes. Les Frères sont chassés, remplacés par des enseignants laïcs. L’école reste pourtant ouverte : entre 1790 et 1804, l’enseignement perdure sous différentes formes. En 1809, l’État revendique la propriété des bâtiments, sans jamais en avoir le contrôle total. La Ville de Dole conserve la gestion des lieux et veille à la continuité du service public.
Le XIXᵉ siècle voit l’établissement se développer : en 1819, on y dénombre 245 élèves, un dortoir et des logements pour les instituteurs. L’école devient une référence, avant de changer radicalement de visage avec la montée des idées laïques. En 1879, les Frères quittent définitivement les lieux. Le conseil municipal transforme l’école en établissement public de garçons, symbole d’une éducation ouverte à tous, sans tutelle religieuse.
Peu après, la chapelle des Frères est réaffectée. En 1894, elle devient le Temple protestant, confié à l’Église réformée. Dans le quartier, la rue des Arènes devient un petit carrefour spirituel et éducatif, où se croisent enseignants, pasteurs et élèves.
Du livre aux Beaux-Arts : la métamorphose d’un lieu vivant
Le XXᵉ siècle ouvre un nouveau chapitre. À partir des années 1930, les locaux accueillent diverses activités culturelles : associations, cours de musique, bibliothèque populaire. Après la guerre, l’école maternelle mixte prend place au rez-de-chaussée tandis qu’au premier étage, la bibliothèque municipale se structure sous la direction de Claire Bastit.
En 1965, l’établissement devient une bibliothèque classée et voit arriver un conservateur d’État, Louis Guillerme. Trois employées assurent le service quotidien : Simone Lambert, Monique Lamy et Françoise Mahieu. L’offre s’élargit, le public aussi. À partir de 1972, sous l’impulsion de Françoise Regrain, la section jeunesse prend forme et multiplie les animations.
Quand Danielle Ducout arrive en 1982, le lieu connaît une nouvelle transformation. Elle dirige la section de lecture publique et rassemble dans un même espace la bibliothèque d’étude et la bibliothèque populaire. Dans les années qui suivent, l’école de dessin installée sur place devient officiellement l’École municipale des Beaux-Arts. Deux univers se côtoient alors : celui du livre et celui de la création.
« La médiathèque de Dole a toujours été un lieu vivant, rappelle Danielle Ducout. Les générations d’élèves, de lecteurs, d’artistes s’y sont succédé, mais l’esprit de transmission est resté. »
Aujourd’hui encore, cette vocation perdure. Le 19 septembre, le bâtiment a connu une nouvelle renaissance : Grand Dole Habitat y a inauguré la Résidence des Beaux-Arts, composée de onze logements. Derrière les façades restaurées, l’histoire continue de s’écrire, entre mémoire patrimoniale et nouveaux usages.


























