Souvent dans la douleur, on dit à l’autre : tu ne peux pas comprendre ! J’ai essayé de me mettre à la place des agriculteurs d’Ecleux. J’ai revu les hommes en combinaisons blanches en train de s’affairer dans leurs exploitations. J’ai imaginé les 93 et 91 vaches laitières tomber l’une après l’autre, une fois euthanasiées.
J’ai repensé à ces amis rencontrés cette même semaine qui me disaient leur tristesse d’avoir dû se séparer de leur compagnon pour qu’il ne souffre plus. Un chien. Une bête. Alors que se passe-t-il dans votre tête quand vous en perdez une centaine d’un coup ? Que plus rien ne vous oblige à vous lever le matin ? Que celles qui faisaient bouillir la marmite ne sont plus là ?
Celles à qui vous aviez donné chacune un petit nom. Dont vous connaissiez les qualités et les défauts. Que vous aviez vues grandir. Qui produisaient le lait, servant à notre savoureux comté. Qui faisaient la fierté et la richesse d’un territoire.
Je ne peux sans doute pas comprendre, mais j’ai mal au bide pour eux.
