Selon les données de Pretto, groupe qui accompagne les Français dans leur recherche de financement immobilier, les taux moyens constatés en septembre s’établissent comme suit : 3,12 % sur 15 ans ; 3,23 % sur 20 ans ; 3,33 % sur 25 ans.
Pour comprendre pourquoi les taux repartent à la hausse, il faut se pencher sur le contexte économique européen actuel. Et regarder ce qu’il se passe chez nos voisins allemands. Le 25 juin, le gouvernement a présenté un projet de loi de finances largement financé par la dette : + 846,9 milliards d’euros de dettes supplémentaires d’ici à 2029.
Une vraie rupture avec l’austérité jusque-là de mise, qui ne fait pas les affaires de la France. En effet, l’économie allemande, jugée plus stable, attire les investisseurs, au détriment de la dette française. Résultat, un bond de l’OAT 10 ans (3,48 %) et un état français qui doit emprunter plus cher. Les banques se calant sur cet indice pour fixer leurs propres taux d’intérêts, les grilles repartent à la hausse en septembre.
Sans compter l’instabilité politique française, avec l’annonce du Premier Ministre François Bayrou de soumettre son gouvernement à un vote de confiance ce 8 septembre. Ce nouveau rebondissement n’a pas manqué de faire réagir les marchés financiers, et devrait pousser un peu plus les établissements bancaires à la prudence quant à leur politique commerciale.
“Nous sommes dans une zone d’incertitude : ni les emprunteurs ni les banques ne savent vraiment s’il faut accélérer ou attendre. Dans ce contexte, le pire choix pour un emprunteur disposant d’un bon dossier serait l’immobilisme : rester informé et agile permettra de saisir les opportunités qui existent”, souligne Pierre Chapon, CEO et co-fondateur de Pretto.
Fin des décotes
On le pressentait déjà en août, après une période de rude concurrence et d’offres promotionnelles, les banques mettent un peu le holà. En cause, les craintes sur la situation économique du pays, à l’aube d’une rentrée qui s’annonce une fois encore compliquée : discussions sur le nouveau budget, grève et blocage annoncés, vote de confiance du gouvernement et possible censure… Le contexte n’est pas pour rassurer les acteurs financiers, friands de stabilité.
Résultat, de nombreuses banques ont annoncé en août la fin des décotes, qui permettaient jusque-là aux meilleurs profils et aux jeunes acheteurs (le plus souvent primo-accédants) d’accéder à des taux plus faibles que la moyenne. Le mouvement n’est pas généralisé, mais témoigne d’un raidissement des acteurs bancaires.
“Le rebond de l’OAT met mécaniquement la pression sur les taux immobiliers. Les banques, déjà prudentes à la veille de la rentrée, profitent de ce contexte pour resserrer leurs conditions. C’est un signal clair : l’époque des décotes et des taux avantageux pour les meilleurs profils touche à sa fin”, explique Pierre Chapon.
La hausse des taux immobiliers – annoncée plutôt pour 2026 – prend un peu d’avance. En effet, dans le contexte actuel, difficile d’imaginer le gouvernement décider d’une grande politique du logement. L’inertie actuelle, la censure potentielle du gouvernement et la complexité de s’accorder sur un budget risquent plutôt de maintenir le statu quo.
La fin de la baisse des taux directeurs, qui semble actée du côté de la Banque centrale européenne, devrait, elle aussi, encourager les banques à se montrer prudentes et les pousser à réévaluer leur grille de taux à la hausse. Attention toutefois : on est loin de la crise traversée en 2023 et les établissements bancaires demeurent enclins à prêter. Mais pour préserver leurs marges de refinancement, ils vont se montrer plus exigeants quant au profil des emprunteurs et aux contreparties demandées.
“La remontée des taux ne signe pas la fin des projets immobiliers. Elle impose en revanche d’être plus stratégique : comparer plusieurs établissements, optimiser son apport, mobiliser les aides disponibles comme le PTZ ou les prêts bonifiés. Dans ce contexte, les emprunteurs les mieux accompagnés conservent un véritable avantage pour obtenir des conditions compétitives”, conclut Pierre Chapon.