C’est le maire de Fraisans qui en a décidé, le plus grand festival de reggae de France a pourtant encore draîné plus de 53 000 visiteurs pour sa dernière édition sur le site des forges de Fraisans ! Il y aura donc du reggae au pays de Courbet car Florent Sanseigne créateur et dirigeant du No Logo avait déjà prévu ce changement de lieu… Il nous donne ses explications et nous délivre sa pensée sur ce “déménagement forcé”.
Douze ans passés sur ce site, un nouveau virage pour vous ?
« Il y a douze ans, le No Logo est né d’une envie folle : créer un festival libre, sans sponsor, construit ensemble, avec et main dans la main avec son public, indique Florent Sanseigne, je me souviens, en 2013, je cherchais un lieu de festival. Je suis arrivé aux forges à Fraisans et j’ai eu des émotions et je me suis dit, c’est là ! A Ornans, j’ai éprouvé cette même émotion qui ressemblait aussi à la même certitude : c’est là ! » …
Qu’est-ce qui donne cette impression ?
« On n’est jamais sûr d’avoir trouvé le bon endroit, mais on a essayé de retrouver les codes qui ont amené le succès du No Logo à Fraisans et on a retrouvé tout cela à Ornans. Tout est basé sur un ressenti, un feeling et des émotions… »
Partir c’est un crève-cœur ?
« Oui et non, je suis un homme tourné vers l’avenir, bien sûr, lorsque je regarde en arrière… Mais on ne change pas d’âme, on reste le même festival indépendant, celui qui nous relie avec le public, où le camping devient un village, où la musique réunit toutes les générations, quelque part, on ne quitte rien… Par contre, je n’ai aucun ressentiment, nous sommes, comme vous le constatez, en plein démontage, tout sera rendu, comme à l’accoutumée, propre et entièrement rangé ! ».
Comment avez-vous géré l’annonce de la municipalité ?
« J’ai reçu il y a huit mois un courrier du propriétaire terrien m’annonçant son projet de centrale hydroélectrique et photovoltaïque nécessitant notre départ ; en fait rien n’empêchait alors une entente et la survie du festival… Pour moi il s’agit d’une décision plutôt politique du maire de Fraisans ! De surcroit, j’estime que ces élus n’ont pas respecté la volonté du corps électoral (entreprises, commerçants, associations et population) qui étaient dans leur grande majorité favorables au No Logo et que nous tenons tous à remercier pour leur implication : rendez-vous compte un festival unique qui ne coûtait pas le début d’un euro au contribuable mais qui générait du profit et la connaissance du lieu en matière touristique par exemple. On aurait pu cohabiter pendant 20 ans dans le Jura ! Donc, dont acte et nous allons de l’avant ! »
Le festival posera donc ses valises à Ornans. Quid des questions soulevées par le fait qu’il se situe en zone Natura 2000 ?
« Les festivals importants comme les Eurockéennes, le Garorock ou le Golden Coast, par exemple, se situent en zone Natura 2000…Donc rien n’est incommensurable, et puis nous en avons l’habitude, nous remettrons en place nos toilettes sèches et toutes les infrastructures nécessaires et commandées par le cahier des charges ; nous en connaissons les contraintes. Bien sûr, tout n’est pas encore ficelé, il y a encore des choses à voir mais en tout cas la mairie a voté en conseil municipal et communautaire comme quoi il y a de l’intérêt pour accepter le festival. Il y a encore un travail avec les exploitants agricoles, avec les associations du coin, mais on y travaille… »
Donc vous restez optimiste…
« On a un an pour le faire et ça va fonctionner, j’en suis sûr. Le No Logo, c’est un intérêt collectif. Il ne faut pas voir les choses de manière individuelle. Il faut voir ce que ça apporte à un territoire rural. Pour exemple les élus d’Ornans sont venus constater en immersion totale notre travail pendant le festival. Ils ont pu découvrir notre travail, celui des postes médicaux, celui du poste de commandement, les relations avec les élus et les forces de l’ordre et ils sont partis avec une bonne image de tous ces postes.
Faire quelque chose de beau pour que les festivaliers du No Logo puissent se sentir chez eux, à Ornans comme à Fraisans, c’est l’esprit qui était recherché pour le nouveau lieu : un écrin de verdure. En conclusion, sachant qu’un déménagement de site engendre des pertes de festivaliers de l’ordre de 15 à 25 % le risque est pris parce que le No Logo, pour que ça fonctionne, il faut que ce soit complet ».
La première édition ornanaise est donc prévue les 7, 8 et 9 août 2026.
