Avant que le projet de loi sur la fin de vie ne soit débattu dans l’hémicycle, le texte a été voté dans une commission dont la députée de la 3ème circonscription du Jura Justine Gruet est membre. Elle a souhaité apporter son regard sur les grandes lignes du texte qui sont repris après l’arrêt des travaux suite à la dissolution de l’assemblée.
La qualité des débats assez faible
Justine Gruet ne le cache pas, elle a des convictions ! Mais depuis 2 ans et demi qu’elle est législatrice, elle avoue aussi avoir évolué sur certains points, avec comme objectif premier de “prendre de la hauteur” en particulier sur un sujet éthique comme celui de l’aide à mourir “ou ce n’est jamais noir ou blanc”. En commission, Justine Gruet a voulu être la plus constructive possible, tout en posant les questions nécessaires. “Je dois avouer que j’ai été assez déçue de la qualité de nos échanges, il n’y a pas eu d’accrochage mais j’ai le sentiment que l’on n’a pas pris la hauteur nécessaire, les parlementaires qui essayaient d’aller plus loin dans le questionnement étaient souvent caricaturés“, relate Justine Gruet qui s’est souvent heurtée aux railleries de la France Insoumise prônant une position pro euthanasie.
“Mes questions n’étaient pas là pour embêter mais je voulais que l’on se questionne sur les conséquences de ce texte sur notre société“, explique la parlementaire qui estime que l’on est en phase à un changement de paradigme important.
Difficultés de sémantique
“J’ai un peu l’impression que dans ce texte il y a eu des problèmes de sémantique et que les choses ne sont pas clairement posées au risque de perdre la population“, note Justine Gruet qui a posé un amendement pour que l’on ne parle plus de soins palliatifs et de soins d’accompagnement. “J’étais un peu gênée que l’on mette le mot soin à chaque fois devant, je considère que l’accompagnement peut être aussi réalisé par des bénévoles ou encore la famille“, déroule la députée jurassienne qui a eu gain de cause puisque cette dernière a vu son amendement adopté. “On parlera désormais d’accompagnement au sens large.” Justine Gruet défend une meilleure définition des textes, en somme, dire les choses clairement : “Un député ne souhaitait pas que l’on utilise le mot euthanasie en s’inquiétant d’une référence au nazisme, une position que je ne partage pas”.
L’importance des Maisons d’accompagnement
Justine Gruet a également défendu l’importance de la création des Maisons d’accompagnement sur le territoire.
“Je m’aperçois que l’on a beaucoup de médicalisation autour de la fin de vie avec des hospitalisations trop systématiques. Parfois la situation de certaines personnes ne relève plus du médical, où plus aucune solution n’est possible, mais ce n’est pas pour autant qu’elles n’ont pas besoin d’un accompagnement et je pense que l’importance des Maisons d’accompagnement sera là”, explique la parlementaire qui a demandé en commission quel serait le statut de ces maisons sans qu’une réponse claire puisse lui être apportée. “J’ai peur que si l’accompagnement provoque un reste à charge pour les familles, certaines seront contraintes de se tourner vers les hôpitaux par défaut“, s’inquiète Justine Gruet qui plaide pour un financement de la sécurité sociale qui permettrait de ne pas faire subir des restes à charge aux familles. “Je compte bien discuter de ce sujet avec la ministre Catherine Vautrin.”
Justine Gruet observe également que dans les débats, le texte Claeys-Leonetti de 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie a peut-être été trop souvent oublié par les députés, alors que ce dernier offre déjà des solutions pas toujours utilisées. “Dans ce texte il y a la possibilité pour le malade de rédiger une directive anticipée et ainsi écrire noir sur blanc ce qu’il souhaite après son décès, de plus une personne de confiance est nommée pour exprimer les choix du malade quand ce dernier ne pourra plus le dire oralement. J’ai essayé de savoir qui était prioritaire entre la directive anticipée et la personne de confiance, en sachant que des enjeux financiers ou tout autre peuvent parfois altérer la sincérité. Je n’ai pas encore eu la réponse”, déroule Justine Gruet qui s’est entendue dire : “Vous voyez le mal partout” de la part de d’autres députés mettant avant tout l’affect en avant. “On a tous nos propres expériences et notre rapport à la mort, mais il faut que l’on reste tous à notre place de législateur et notre rôle, c’est de poser un cadre sécurisant.”
E.S.