Saillenard. La commune aux deux alambics

À Saillenard, deux alambics perpétuent une longue tradition de distillation artisanale. "Le Haut" et "Le Bas" se disputent amicalement la production de la meilleure eau-de-vie, témoignant d'un savoir-faire transmis de génération en génération.

0
689
Des adhérents qui préparent la campagne de distillation qui s'annonce bonne avec une bonne récolte de fruits

Avant la Seconde Guerre mondiale, Saillenard comptait pas moins de six alambics répartis sur la commune : 2 au hameau de Villemartin, 1 à Chamottey, 2 à Maisonneuve et 1 au bourg. Certains étaient ambulants, voyageant sur une charrette de hameau en hameau, tandis que d’autres, fixes, nécessitaient que le bouilleur de cru se rende chez le propriétaire de l’alambic. Aujourd’hui, seuls deux subsistent : celui de Maisonneuve, surnommé « Le Haut », et celui de Bois Quille, dit « Le Bas ». Ces deux lieux continuent de rivaliser pour produire la meilleure « goutte ».

Un savoir-faire préservé

Dernièrement, les adhérents du syndicat des bouilleurs de cru du Bourg (alambic du bas) se sont réunis pour préparer la nouvelle saison de distillation. Un syndicat présidé par Emmanuel Braillon qui compte encore 30 adhérents, car là aussi au fil des années le droit de distiller afin d’être exonérer de droit, un « privilège » obtenu par des personnes qui remplissaient certaines conditions dans les années 1950, agriculteurs affiliés à la MSA (mutualité sociale agricole), propriétaires de vignes, vergers… diminuent car ce droit n’est pas héréditaire. Les adhérents aujourd’hui peuvent distiller leur fruits en s’acquittant de droits et en distiller uniquement leurs produits de leurs vergers.

Une réunion qui détermine les jours où l’alambic sera ouvert à partir du 2 décembre (les adhérents doivent s’inscrire pour établir leur déclaration) stipulera la quantité de fruits, le jour, les horaires, et le lieu de récolte. L’alambic dit à repasse permet d’obtenir en premier une « blanquette à 30°, puis repassée une seconde fois afin d’obtenir le produit tant désiré l’eau de vie qui sort du serpentin à partir de 70° pour diminuer pendant la durée de la repasse. L’alambic fonctionne au bois, le distillateur doit avoir du bois sec et bien fendu pour une meilleure chauffe. Une tradition qui se perdure, dans une bonne ambiance car cette journée de « faire la goutte » les amis sont conviés pour déguster lors d’un casse-croute devant l’alambic les saucisses cuites au milieu des fruits, un moment toujours apprécié avant de déguster la « gnole » comme on dit dans la Bresse , à consommer avec modération.

PB