Le Secours Catholique a publié son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France, révélant une situation qui continue de se dégrader.
C’est dans les locaux de l’équipe du Secours catholique de la Petite Montagne à Orgelet que Antoine Aumonier, délégué pour la Franche-Comté, a présenté le rapport annuel 2024 sur l’état de la pauvreté en France. Ce rapport s’appuie comme chaque année, sur une analyse statistique fondée à partir du profil des personnes rencontrées par l’ensemble des équipes locales.
En 2023, les 58 500 bénévoles du Secours catholique ont rencontré plus d’un million de personnes, représentant 57 000 ménages. Dans les quatre départements de Franche-Comté, le Secours Catholique agit grâce à un réseau de près de 900 bénévoles qui accompagnent plus de 15 000 personnes en difficulté. Ces rencontres ont contribué à la construction de ce rapport. « La pauvreté qui caractérise l’exclusion d’aujourd’hui, devient multiple et complexe. Les femmes en sont les premières victimes, mais il y a aussi de plus en plus de jeunes, et des personnes âgées« , explique Antoine Aumonier.
95% des ménages ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté
En 2023, le revenu médian des ménages les plus précaires accompagnés par l’association est tombé à 555 euros par mois, 95% des ménages ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (1 275€), 25% sont même sans aucune ressource, ce qui est une régression notable par rapport à l’année précédente. Ce constat met en lumière les défis croissants auxquels doivent faire face les plus précaires, notamment l’accès de plus en plus difficile aux prestations sociales. « C’est devenu un véritable parcours du combattant. La dématérialisation des démarches, le durcissement des critères d’éligibilité et la complexité des processus d’accès aux droits accentuent l’exclusion. On demande à ces personnes de s’adapter à un système qui normalement doit leur venir en aide, alors que c’est le système qui devrait s’adapter à elles« , déplore Antoine Aumonier.
La perte du lien de proximité avec les services publics et la complexité des démarches empêchent de nombreux citoyens d’accéder aux aides dont ils ont pourtant besoin.
Dans le Jura…
En milieu rural, la précarité et l’exclusion viennent surtout de l’isolement dû à l’âge ou à la maladie, et du défaut de mobilité. Comme partout en France, parmi les personnes accompagnées, un fort pourcentage a vécu un événement de vie majeur, comme une perte d’emploi ou un problème de santé. Marie-Thérèse, bénévole de l’équipe de la Petite Montagne, se souvient de cette personne qu’elle est allée visiter qui n’avait pas mangé depuis plusieurs jours : « Elle m’a dit que ça ne faisait rien si elle n’avait rien dans son frigo. Le principal c’était que je passe un moment avec elle« .
Une autre bénévole évoque ce couple qui n’avait pas les moyens de mettre de l’essence dans leur voiture, pour aller à un rendez-vous professionnel. Dans le département, sur les 500 foyers rencontrés par le Secours catholique, 28,7% sont des femmes seules, 22,6% des mères isolées, 20,1% des couples avec enfants, 17,1% des hommes seuls, 6,1% des pères isolés et 4,9% des couples sans enfants. 94% des ménages sont en situation de pauvreté avec un revenu médian mensuel de 688 €, et 62% d’entre eux sont en extrême pauvreté avec 498 €.
Contact Jura : René Robert
Mail : rene.robert@secours-catholique.org
Tel : 06 14 97 35 82