L’Édito. J’ai des doutes

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Édito.

Le mécanisme est saisonnier et hormonal (mélatonine, sérotonine etc.).
Il se manifeste généralement à chaque arrivée du printemps, mais cette année, encore plus que les autres, je ressens comme l’impact d’interrogations permanentes sur le cours des choses. De perte d’adhérence avec une réalité devenue outrageusement absurde et grotesque.
Des moments où l’on ne sait plus très bien si notre destination correspond à ce que l’on en espère. Où la confiance en l’instant présent, subitement s’effrite. Où le futur nous semble loin, flou, presque inaccessible.
Où prennent soudainement place (peut-être irrationnellement ?) dans notre corps et notre esprit, d’abord l’ennui, puis l’angoisse : la peur d’avoir peur, finalement.
Il faut dire qu’aujourd’hui, tout s’évapore trop facilement. Pour rien, ou si peu, on change d’avis, on se ravise, on renie ses engagements.
Il nous faut donc composer avec une incertitude omniprésente. Ce qui malheureusement peut nous faire vaciller dans une épouvantable sensation d’insécurité permanente.
De par son consumérisme effréné, et sa devise « j’ai, donc je suis » notre époque n’offre plus guère de valeurs fiables telles que le sens de l’honneur, le goût de l’effort, le respect d’une promesse, sur lesquelles nous pouvions nous appuyer jusqu’alors, pour avancer avec sérénité. Comme si plus rien n’était durable. Et ce, sur tous les plans.
C’est le règne du renoncement possible à tout moment, de l’exigence d’immédiateté et du zapping permanent…
La moindre contrariété pousse à tout envoyer en l’air, précipitamment.
Face à ces fragmentations, sorte de dissociations cognitives qui nous assaillent, l’essentiel consiste à se recentrer sur notre vérité, sur ce qui nous exalte, nous élève, nous réalise.
En continuant d’écrire chaque jour, à sa manière, la plus belle, la plus juste, la plus idéale, une nouvelle page du livre de sa vie.
Un moindre mal, en quelque sorte…