« Un succès colossal » : selon la présidente d’Altaprofits, courtier en assurance et conseil en gestion en ligne, près de 6 millions de Français ont croqué la pomme et souscrit un PER depuis sa création en octobre 2019. D’après elle, « nous avons chaque jour de nouveaux souscripteurs, avec un fait remarquable : leur rajeunissement. Pendant longtemps, on s’intéressait à la retraite à 50 ou 55 ans, c’est-à -dire trop tard. Désormais, les jeunes actifs et les quadras sont davantage préoccupés par leur avenir. Et ils ont raison ! ». En effet, pour se constituer un matelas financier confortable pour ses vieux jours, rien ne sert de courir, il faut partir à point. En effet, les actifs financiers les plus rémunérateurs sur le long terme s’inscrivent clairement du côté de la bourse et des actions cotées ou non cotées. Avec des soubresauts, que seule une longue durée de détention (plus de 8 ou 10 ans) permet de lisser.
C’est pour cela que le PER prévoit par défaut une option « Horizon retraite ». « Cette option permet de désensibiliser votre portefeuille d’actifs aux risques au fur et à mesure que l’âge de la retraite arrive » explique Stellane Cohen. Si de jeunes ou de moins jeunes actifs misent 100% de leur PER sur des actions, cette proportion sera automatiquement réduite au fil des ans à 60%, puis 30% par exemple, afin d’arriver à la retraite avec des placements réputés plus sûrs (obligations et fonds euros). Objectif : sécuriser le grand public, pas forcément expert en finances.
Le PER, fondation des retraites par capitalisation
Autre avantage majeur du PER selon elle : « les précédents dispositifs ne prévoyaient qu’une sortie en rente viagère, détestée par les français, car perçue comme une privation de liberté. Le PER offre davantage de souplesse et offre une sortie en rente viagère ou en capital »…quand l’âge légal de la retraite est atteint. Car là se situe le talon d’Achille ou la force du PER : vos efforts d’épargne ne seront récompensés que 10, 20 ou 30 ans plus tard. Impossible de récupérer votre épargne avant, sauf cas bien particuliers : certains accidents de la vie (décès, invalidité, chômage, etc.) mais aussi l’acquisition d’une résidence principale. Stellane Cohen conseille donc de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, et de détenir en parallèle une assurance vie, qui de toute façon sera plus avantageuse au niveau des droits de succession après 70 ans.
Autre avantage du PER : il se définit comme un contenant universel permettant une ‘portabilité’ rassurante. « Vous pouvez être travailleur indépendant, puis salarié du privé, puis fonctionnaire, puis redevenir salarié du privé, tout cela avec le même PER » assure t-elle. Il peut même inclure des anciens plans d’épargne retraite grâce à ses trois compartiments. L’un d’eux (dénommé PER obligatoire, ex « article 83 ») permet même aux employeurs d’abonder (jusqu’à fois 3) les versements volontaires de leurs collaborateurs. Un vrai avantage -si les employeurs le pratiquent – par rapport à l’assurance-vie.
Au final, Altaprofits estime donc que « ce nouveau produit va changer la donne, et introduire en France les retraites par capitalisation ». Une révolution, vu l’attachement des Français à leurs régimes de protection sociale… Mais voilà, la démographie s’avère implacable : « en 1980, on comptait 4 actifs pour 1 retraité, aujourd’hui on en est à 1,7 actif pour 1 retraité, et on sait qu’il y aura dans le futur davantage d’inactifs que d’actifs ». Alors…
La rédaction
Conseils pour ne pas se faire avoir
« Soyez attentifs aux frais » conseille Stellane Cohen : en effet ils peuvent grever sensiblement les performances de votre PER. Sur internet, il est possible de trouver des contrats proposant 0% de frais d’entrée, 0% de frais de sortie, 0% de frais d’arbitrage, et des frais de gestion contenus (moins de 1% par exemple). La présidente d’Altaprofits conseille également de ne pas liquider votre PER la même année que votre départ à la retraite. Il n’est pas rare d’avoir des primes de départ ou des avantages : mieux vaut lisser la sortie du PER sur deux, voire plusieurs années pour les gros souscripteurs. Enfin, si vous êtes dans une tranche marginale d’imposition de 30% ou plus, mieux vaut opter pour une fiscalisation à l’entrée du PER (sur les versements); les petits souscripteurs opteront au contraire pour une fiscalisation à la sortie du PER.