Valérie Pécresse, combattante du possible

Dans le cadre de sa candidature à l'investiture présidentielle et devant 200 militants LR réunis à Dolexpo, la présidente de la région Île-de-France est venue exposer son programme. Non sans un certain pragmatisme, largement apprécié par son auditoire.

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Devant 200 militants LR, Valérie Pécresse a déroulé les mesures et réformes qu'elle ambitionne "pour la France".

Entre une macronie établie et une droite nationale ascendante, l’espace disponible se restreint pour la droite LR. Mais cela n’empêche pas Valérie Pécresse de jouer les premiers rôles dans sa course à l’investiture du parti. Cela, grâce à un langage plutôt direct qui, à en constater les réactions du public, lui attire un certain succès.
« Je me présente car après avoir profondément travaillé à transformer ma région, je veux aider à transformer la France, parce que j’ai mal à ma France. Le pays a besoin d’un électrochoc d’autorité. Toutes les figures d’autorités sont attaquées : maires, élus, forces de l’ordre, sécurité civile… En matière de sécurité, le « en même temps », ça ne marche pas ».
Le visage doux, la voix apaisée, l’ancienne ministre sait se montrer plus directive quand elle l’estime nécessaire :
« Malgré le rebond post-covid, on a connu la pire récession d’Europe ! La baisse du chômage est en trompe-l’œil. Je doute de la solidité de la croissance actuelle. Je suis très préoccupée car on a cramé la caisse pendant cette crise. On a fait le « quoi qu’il en coûte », mais on va passer maintenant à combien ça va couter, qui va rembourser et comment ?
Je vous propose un slogan pour la campagne d’Emmanuel Macron : Avec Macron, l’addition, c’est après les élections ! ».

Le visage doux, la voix apaisée, l’ancienne ministre sait se montrer plus directive quand elle l’estime nécessaire.

« On dépense moins, et on travaille plus »

Comment remédier à cette situation économique peu reluisante ?
La présidente de la région Île-de-France le livre tout de go : »On dépense moins et on travaille plus ».
« Je comprends que je choque. Mais pour dépenser moins il faut entreprendre les réformes qu’Emmanuel Macon avait promises et n’a pas faites, et travailler plus, en libéralisant le temps de travail, avec plus de souplesse, en fonction de carnet de commande, de la période de l’année, on fait des accords gagnant-gagnant. S’y ajoute la retraite à 65 ans, sauf dans les métiers pénibles. Pourquoi 65 ? D’abord car c’est la norme dans les pays qui nous entourent, mais surtout car avec cet âge de départ, on peut financer la revalorisation des petites retraites. Je veux que l’on vive dignement de son salaire, mais aussi de sa retraite, avec au moins un Smic net pour tout le monde. Notamment les femmes d’artisans ou agriculteurs qui ont travaillé toute leur vie sans cotiser et se retrouvent aujourd’hui avec des retraites indignes. En tant que femme, je ne peux pas l’accepter ».
Autre chantier de réforme ambitionné par l’ancienne ministre du Budget, celui de l’assurance chômage :
« Il faut instaurer la dégressivité des allocations au bout de six mois, quand on gagne plus de deux Smic et que l’on a moins de 50 ans. Je vous rappelle qu’il y a un million d’emplois non pourvus à Pole emploi aujourd’hui. Il faut inciter à reprendre un emploi plus rapidement face à tous ceux qui, lorsque l’on leur propose une offre répondent par la négative avec comme motif : « j’ai droit à mes 18 mois ». Ce qui fera faire beaucoup d’économies ! »

Débureaucratisation

Troisième point abordé, la débureaucratisation.
« On n’en peut plus, on vit l’enfer. C’est tragique. Ça demande beaucoup d’énergie et de courage car il faut prendre chaque procédure une par une pour enlever les dossiers. Mais il faut s’y atteler. En Allemagne, ils veulent diviser par deux les délais de toutes les procédures administratives, tout numériser pour gagner du temps et de la compétitivité ».
Soudain, Valérie Pécresse bondit :
« Chaque jour je rencontre des aberrations. Comme des demandes de dérogations qui trainent depuis 9 mois et bloquent le développement de projets innovants ».
Et d’emprunter comme exemple d’illustration son propre projet à deux milliards d’euros, projet CDG Express de liaison ferroviaire entre la gare de Paris-Est et l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle :
« Déjà un milliard d’euros de travaux ont été réalisé, et le dossier est bloqué par le juge à cause d’un lézard des murailles. Ce n’est pas un panda ! Ce n’est pas une espèce rare.
(Selon la littérature scientifique, il serait effectivement « largement présent dans tous les pays d’Europe méditerranéenne ou limitrophes » NDLR).
J’ai demandé une dérogation mais le juge a estimé que mon projet n’était pas un projet majeur, alors que notre région est la plus polluée, que nous sommes condamnés par l’Europe sur la pollution de l’air, que cela permettrait d’ôter des dizaines de milliers de voitures de la route. Et on me dit que ce projet n’est pas écologique ! »

Champions du monde des impôts !

Le dernier chapitre s’adressait aux élites parisiennes.
« Il faut décentraliser. Les territoires font beaucoup mieux que l’État car nous sommes beaucoup plus proches, en matière de logement, d’emploi, de social.
Est-ce normal que les départements aient à leur charge toute la politique des personnes âgées sans pouvoir créer un EPHAD ?
Est-ce normal la façon dont les ARS ont fonctionné durant la crise covid ?
La santé c’est la proximité. Il faut faire travailler tout le monde ensemble. La décentralisation nous fera faire beaucoup d’économies, car nous sommes les champions du monde des impôts ! Et on ne le dit pas assez ».
En détaillant :
« Depuis des décennies, les Français se sont résignés à payer beaucoup d’impôts car vous vous dites que l’on a la meilleure école, le meilleur hôpital, le meilleur transport, la meilleure sécurité… Enfin vous vous disiez ça, car maintenant ce n’est plus vrai.
On ne peut pas être champions du monde des impôts et avoir des services publics que ne soient pas eux aussi champions du monde. Donc il va falloir tous les réformer aussi ».
Puis vint la conclusion de sa démonstration.
« Je vous égraine tout ce qu’il faut faire, mais je l’ai déjà fait dans ma région. J’ai fait 2 milliards d’euros d’économie, j’ai fermé 15 structures, j’ai supprimé des postes dans l’administration qui administrait, je les ai remis sur le terrain, dans les lycées. J’ai fait déjà ce que je propose de faire au niveau de l’État. Et avec toutes les économies, j’arriverai à augmenter de 10% les salaires du travail, car je veux une société du travail. Que le travail paye plus que l’assistance ».
Propos confortés par des applaudissements particulièrement nourris.

 

Jean-Baptiste Gagnoux, maire de Dole et conseiller départemental de Dole-1 est le Délégué départemental pour Valérie Pécresse.

Le choix de Jean-Baptiste Gagnoux, Délégué départemental pour Valérie Pécresse 

Jean-Baptiste Gagnoux a opté pour soutenir Valérie Pécresse, « une femme d’État qui par son passé et ses différentes fonctions occupées, a prouvé qu’elle était capable de mener les réformes nécessaires à notre pays ».
Sur ce choix, il se dit « convaincu par certaines de ses propositions telles que la baisse des charges sociales de 10% pour faire augmenter les salaires et ainsi revaloriser le travail, l’indépendance énergétique, la nécessité d’avoir une politique claire concernant les flux migratoires aujourd’hui incontrôlés qui conduisent d’une part à l’échec de l’intégration et d’autre part à laisser des familles entières dans des situations humainement insoutenables ». Soucieux lui aussi de « retrouver une cohésion nationale et régler les vrais problèmes », il insiste également sur « le rétablissement de l’autorité et le renforcement de la justice qui n’a pas les moyens d’une action rapide ».
Plus globalement, pour le maire de Dole et conseiller départemental de Dole-1 :
« Il est impératif de travailler dans un esprit de rassemblement des forces de la Droite et du Centre afin d’aboutir à une candidature unique pour 2022 ».